David, conscient de la grâce dont il était l’objet, avait usé de miséricorde à l’égard des deux cents hommes fatigués. En partageant le butin avec eux, il mettait en pratique un principe constant de l’ÉcritureExode 16. 18 ; 2 Corinthiens 8. 13-15.
Dans ce même esprit, il pense à envoyer du butin aux villes de Juda qui l’avaient soutenu quand Saül le pourchassait (verset 31). Tous ceux qui, même dans une faible mesure, avaient porté son opprobre, peuvent ainsi participer aux fruits de sa victoire.
Cette distribution généreuse et abondante est un avant-goût du triomphe de notre Seigneur qui “partagera le butin avec les forts” Ésaïe 53. 12. Au jour des récompenses, il n’oubliera pas le plus petit service rendu pour luiMatthieu 10. 42 ; 1 Corinthiens 4. 5.
La liste des amis de David mentionne les Jérakhmeélites et les Kéniens : David avait prétendu qu’ils étaient les victimes de ses incursions (27. 10). C’était si peu vrai qu’ils sont maintenant, au contraire, les objets de sa générosité. En revanche, les Ziphiens, pourtant de la tribu de Juda, manquent à cette liste : ils avaient trahi David deux fois. La dernière des treize villes mentionnées est Hébron, là même où sera confirmée la royauté de David.
Cette libéralité montre au peuple que Dieu est avec David et le bénit. C’est par ce beau tableau moral que ce premier livre nous entretient une dernière fois de l’homme selon le cœur de Dieu.
Après cette parenthèse du relèvement de David (chapitre 30), le récit reprend le combat entre les Philistins et Israël (chapitre 31). Ainsi, le verset 1 fait directement suite au chapitre 29 (versets 1, 11).
Après son fatal entretien avec Samuel, Saül sait qu’il vit son dernier jour sur la terre (28. 19). Avec l’énergie du désespoir, il reprend pour la dernière fois la tête de son armée. On comprend que sa peur ne fasse que grandir (28. 5, 20 ; 31. 3). Il en sera de même pendant les jugements apocalyptiques de la fin : les hommes rendront même l’âme de peurLuc 21. 26. Mais la mort ne pourra pas les délivrer ; au contraire, elle les précipitera dans les flammes éternelles. Que peut-il y avoir de plus terrible que de “tomber entre les mains du Dieu vivant” Hébreux 10. 31 ?
Aucun détail n’est donné sur cette dernière bataille. La défaite est totale et trois des fils de Saül périssent. Un seul en réchappera, Ish-Bosheth qui, vraisemblablement, n’était pas au combat. Négligeant le verdict divin, Abner voudra en faire plus tard le successeur de son père2 Samuel 2. 8.
Saül est la cible des archers. Ces flèches qui sifflent autour de lui sont comme les exécuteurs du jugement de Dieu qui est dirigé contre lui et qui va l’atteindre sans qu’il puisse s’y dérober. Il sent que le combat est perdu et il demande la mort à son porteur d’armes pour quitter plus rapidement cette scène tragique. Ce dernier, par superstition ou par conviction, n’obéit pas. Peut-être se souvient-il que David n’avait pas osé porter la main sur l’oint de l’Éternel.
Jusqu’à sa mort, Saül désigne les Philistins par le terme d’ “incirconcis”. C’est une dernière marque d’une religion de pure forme qui s’attache à la circoncision extérieure. Mais celle-ci ne peut pas sauver : Dieu attend avant tout une circoncision du cœurRomains 2. 28, 29 ; Colossiens 2. 11.
Par orgueil et par amour-propre, Saül redoute l’humiliation de mourir sous la main des Philistins. Cet orgueil, qui l’avait déjà empêché de se repentir devant l’Éternel (15. 30), l’aveugle jusqu’à la fin. Il ne voit d’autre issue que de tenter de s’ôter la vie. Certes, par la mort, il échappe aux ennemis, mais non à Dieu : “Si je me couche au shéol, t’y voilà” Psaume 139. 8. Il retourne son épée contre lui et meurt par l’arme qui aurait pu le sauver. Ce geste est symbolique : l’épée de l’Esprit, la parole de Dieu, est puissante pour faire fuir l’ennemi ; mais elle est aussi une arme à double tranchant qui se retourne contre le rebelle et le désobéissant.
A part Saül et son porteur d’armes, la Parole rapporte quelques autres cas de suicides1. Seul Dieu donne la vie et a le droit de l’ôter. Ces cas d’hommes infidèles, orgueilleux et violents, montrent que l’homme peut avoir recours à cette extrémité pour échapper à des situations désespérées. Par contre, si des hommes fidèles (Job, Moïse, Élie, Jonas) ont parfois demandé la mort, c’était pour se remettre entre les mains du Seigneur, le seul Maître de la vie.
Durant sa vie, Saül n’acheva aucune de ses œuvres :
En effet, la nature charnelle de l’homme est incapable de mener jusqu’à son terme ce qu’elle s’est proposée. Par opposition, Dieu achève l’œuvre qu’il commence en créationGenèse 2. 1, en rédemptionJean 17. 4, dans le rachetéPhilippiens 1. 6, et même en jugement (3. 12).
La mort de Saül et de ses fils entraîne celle des trois mille hommes qui les suivaient (verset 6). Quel carnage ! Toute cette ruine a son origine dans le péché d’un seul, Saül. C’est, à plus petite échelle, la répétition de l’histoire de l’humanité : Adam fit sa propre volonté et entraîna toute sa race dans le malheur.
Les Israélites qui s’enfuient (verset 7) ne sont pas les combattants mais les habitants des villes. Celles-ci sont désertées et envahies par l’ennemi. On peut y voir une image des personnes dont les péchés ne sont ni confessés ni jugés : elles sont une proie facile pour l’ennemi des âmes qui prend possession de l’être entier.
Ce que Saül redoutait le plus de son vivant, survient quand même après sa mort : le déshonneur pour son corps. Aucun outrage ne lui est épargné (versets 9, 10). La présence de ses propres armes dans le temple des idoles des Philistins proclame la victoire apparente de leurs dieux. Peut-être voulaient-ils par là laver l’affront fait autrefois à Dagon par l’arche ?
Le livre s’achève cependant par un rayon de lumière dans le sombre tableau de la fin de Saül. Les hommes de Jabès de Galaad, qui n’avaient pas oublié que Saül les avaient sauvés de la main des Ammonites (11. 1-11), s’occupent avec courage de la sépulture du roi et de ses fils. Ils observent ensuite un jeûne en signe de deuil (verset 13).