David, au plus fort de l’épreuve, avait senti la main de Dieu s’appesantir sur luiPsaume 32. 4 et s’était fortifié en l’Éternel. Abiathar, seul sacrificateur rescapé, avait toujours l’éphod avec lui (23. 6). Il avait sans doute accompagné David dans toutes ses errances. Quel réconfort de savoir que, même si sa conduite est infidèle, le croyant n’est jamais oublié de son souverain sacrificateur, le Seigneur Jésus, toujours vivant pour intercéder pour luiHébreux 7. 25 ! Aussi profonde que soit notre chute, nous restons ses bien-aimés et le chemin vers Dieu nous est toujours ouvert : il n’est jamais trop tard pour revenir à lui de tout notre cœur. Approchons-nous de Dieu tels que nous sommes, sans nous justifier, mais en ayant recours à sa pure miséricorde. Hélas, nous attendons souvent pour cela d’avoir épuisé toutes les possibilités de faire face aux difficultés par nous-mêmes.
Dans sa bonté et sans lui adresser aucun reproche, Dieu répond avec précision aux questions de David (verset 8). Celui-ci repart avec une énergie renouvelée, assuré d’être maintenant dans le bon chemin. Il ne se laisse pas décourager lorsqu’un tiers de sa troupe ne peut plus suivre. Le nombre n’est pas un critère déterminant : “Il n’y a pas de différence pour toi pour aider entre beaucoup de force et point de force” 2 Chroniques 14. 10, dira Asa à Dieu. Comme autrefois les trois cents compagnons de Gédéon, les quatre cents hommes de David qui continuent ici sont “fatigués, mais poursuivant toujours” Juges 8. 4.
Les deux cents hommes épuisés qui s’arrêtent représentent ceux dont la foi est trop faible pour combattre. Ne les méprisons pas, car le Seigneur sait utiliser chacun, selon ses capacités, pour être utile à ses frères.
De toute évidence, Dieu permet cette rencontre fortuite entre les poursuivants et ce jeune homme égyptien. Ce dernier est seul, abandonné, dans la plus grande déchéance physique, proche de la mort. Grâce aux soins attentifs et efficaces de David et de ses hommes, il recouvre ses esprits. Puis, rassuré par le serment qui lui est fait (verset 15), il joue un rôle inattendu, mais déterminant dans la délivrance.
David, de retour sur le chemin de la dépendance et de l’obéissance, est à nouveau un type du Seigneur. Sa rencontre avec l’Égyptien est en quelque sorte une parabole de la conversion d’une âme. Le jeune homme déclare :
Lors de la conversion, le premier pas consiste à déclarer ce que l’on est, un pécheur. La conscience de notre état ne fait alors que renforcer la peur de la mort (verset 15). Mais Jésus nous a retirés “du présent siècle mauvais” Galates 1. 4 (l’Égypte), nous a affranchis du péché en crucifiant en lui notre vieille nature (Amalek) Romains 6. 6, 18 et nous a délivrés de la crainte de la mortHébreux 2. 14. Désormais nous sommes au service d’un maître humble et débonnaire.
Sur un autre plan, ce récit montre la fragilité et l’inconstance des relations entre les hommes du monde. Tant qu’un homme est fort, riche ou sage, ses semblables sont prompts à se servir de lui. Que la santé ou la fortune le quitte, il n’est plus rentable et il est abandonné par un monde où le profit matériel règne en maître. Celui qui s’est confié dans ces “vanités mensongères” Jonas 2. 9, ne goûtera que regrets et dégoût !
Conduits par le jeune serviteur égyptien, David et les siens descendent vers les Amalékites. Ceux-ci festoyaient, inconscients et sans crainte de Dieu. Ils sont une image des hommes du monde à notre époque qui méconnaissent volontairement les avertissements de la Bible1 Corinthiens 15. 32. Lorsque nos contemporains diront “Paix et sûreté”, ils subiront une destruction subite qui n’épargnera personne1 Thessaloniciens 5. 3.
Pris par surprise, les Amalékites sont vaincus et dépouillés. Quand Dieu agit, ce n’est pas avec une demi-mesure ; il achève son œuvre : non seulement les personnes et les biens sont récupérés intégralement, mais les attaquants prennent en plus un grand butin. La situation est complètement retournée, au-delà de toute espéranceRomains 8. 37.
La réussite de l’entreprise de David est ternie par l’intention égoïste de certains de ses hommes qui estiment avoir quelque droit et quelque mérite dans ce succès. Ils ne veulent réserver le butin qu’à ceux qui ont continué la poursuite ; l’expression : “C’est ici le butin de David” (verset 20) laisse sous-entendre que ce n’est pas le butin des deux cents hommes restés au torrent. Pourtant, ces derniers viennent à la rencontre de David et des siens. Pleinement rétabli, David s’enquiert d’abord avec sollicitude de leur état de santé, puis il met en valeur leur rôle utile pour garder les bagages, sans évoquer leur fatigue, raison première de leur arrêt au torrent. Enfin, avec l’autorité morale du législateur, il établit cette coutume du partage du butin comme un statut perpétuel. Quel exemple de générosité et de sagesseJacques 3. 17 ! A Dieu seul revient la gloire de la victoire.
Le principe demeure : qu’avons-nous que nous n’ayons reçu1 Corinthiens 4. 7 ? Étant tous des objets de grâce, soyons dépouillés de tout orgueil. Les forts sont invités à porter les infirmités des faiblesRomains 15. 1. Tous les croyants n’ont pas la même mesure de foi mais tous font partie du peuple de Dieu. La récompense n’est pas mesurée à la valeur apparente des dons, mais à la fidélité dans l’usage que les croyants en font.
Des croyants ont recouvré, il y cent cinquante ans environ, des richesses spirituelles que l’ennemi avait ravies depuis des siècles. Que ceux qui viennent après eux aient à cœur d’en faire part à tout le troupeauLuc 9. 49 ; 1 Pierre 4. 10, en se gardant de tout sectarisme et de tout légalisme. Élargissons donc nos cœurs2 Corinthiens 6. 13, pour goûter ensemble la grâce de Christ !