Les Philistins préparent une fois de plus une attaque contre Israël. Cette fois, ils ont l’audace de s’avancer profondément dans le territoire d’Israël, jusqu’à Sunem1. Saisi d’un sombre pressentiment, Saül est effrayé.
La mort de Samuel et les lamentations du peuple sont rappelées (verset 3), car c’est au cours de tels moments que cette disparition se fait douloureusement sentir. Alors que David avait tout de même reçu un message du prophète Gad, Saül, lui, reste seul. Dans sa terreur, il se tourne vers Dieu (verset 6) mais sans véritable repentance.
Quel que soit le moyen par lequel Saül le recherche (les songes, l’urim ou les prophètes), l’Éternel ne répond pas. Ainsi, à l’absence de Samuel et à l’hostilité des Philistins, s’ajoute le silence complet de l’Éternel. Dieu avait-il oublié le zèle antérieur de Saül, qui l’avait amené à ôter les devins du milieu du peuple ? Pourtant cette mesure était conforme aux instructions de la loiLévitique 19. 31 ; Deutéronome 18. 10, 11 ; Ésaïe 8. 19. Mais on ne peut acheter la faveur divine par des bonnes œuvres, quelles qu’elles soient, et aucune action ne pouvait annuler la désobéissance de Saül au sujet d’Amalek.
Comme les pharisiens au temps du Seigneur, les légalistes s’attachent à observer des règles mineures pour tranquilliser leur conscience tout en tolérant dans leur vie de graves manquements. Les plus belles œuvres humanitaires ou philanthropiques sont impuissantes à ôter le moindre péché. La fidélité dans un domaine n’efface pas la culpabilité dans un autre.
Puisque Dieu ne lui répond pas, Saül se tourne alors vers le diable. Il se jette délibérément dans le domaine des puissances des ténèbres, et tourne ainsi définitivement le dos à Dieu.
Malgré l’épuration précédente (verset 3), il existait encore près de Sunem une femme qui évoquait les esprits. Saül décide de la consulter2 dans la nuit – au sens propre et au sens figuré (versets 8, 25) – qui rappelle celle dans laquelle Judas s’est enfoncéJean 13. 30. Son déguisement peut tromper le médium, mais pas Dieu1 Rois 14. 2 ; Psaume 139. 11. Il a une fois de plus l’impudence de jurer au nom de l’Éternel pour renier son propre décret et assurer à la femme une complète impunité.
C’est alors qu’un fait extraordinaire se produit. Dieu permet que, par exception, quelqu’un remonte du séjour des morts pour venir parler à des vivants. Avant que la femme n’ait rien fait, Samuel lui apparaît véritablement. Sa stupéfaction montre que la situation lui échappe entièrement. C’est Dieu lui-même qui intervient. Elle est en présence non plus d’une apparence, mais d’une réalité sur laquelle ses enchantements n’ont aucune prise. Alors, elle identifie Saül, car toute tromperie est dévoilée. Elle se tient donc là entre Saül, le vrai, encore vivant, et Samuel, le vrai, déjà mort.
Un médium, par ses moyens occultes, ne peut faire monter qu’un démon qui prend l’apparence du défunt invoqué. Christ seul tient “les clefs de la mort et du hadès” Apocalypse 1. 18. Satan n’a aucun pouvoir pour ressusciter le corps d’un mort ou faire sortir un esprit du hadès. Les pratiques divinatoires ont existé depuis les temps les plus reculés et se perpétuent jusqu’à nos jours, malgré les progrès de la science. L’homme reste esclave de Satan qui supplante Dieu dans son cœur et l’asservit à une illusion mensongère. Fuyons tout ce qui, de près ou de loin, touche à ces domaines qui ne nous appartiennent pas. Le croyant est protégé, tant qu’il ne transgresse pas l’interdiction si formelle de Dieu sur ces sujets.
Seule la magicienne voit Samuel sous les traits d’un vieillard couvert d’un manteau. Saül ne le voit pas, mais il comprend : c’est le manteau du prophète1 Rois 19. 19 ; 2 Rois 2. 13. De plus, il reconnaît la voix de Samuel qui, d’outre-tombe, s’adresse à lui. Les paroles du prophète sont effrayantes : le roi n’a pas seulement les Philistins pour ennemis, mais Dieu lui-même (verset 16). Pourquoi donc interroger Samuel après sa mort, alors que Saül ne l’avait pas écouté de son vivant ? C’est la base de toute curiosité occulte : parce qu’on ne veut pas écouter la parole de Dieu, on recherche une autre révélation, pour devenir alors la proie des ténèbres. Rien n’est changé dans le verdict de l’Éternel. Pour Saül, il est désormais trop tard : il n’y a plus d’espoir, ni pour lui, ni pour sa descendance. La sentence vient à lui pour la troisième fois (13. 14 ; 15. 28 ; verset 18), et Dieu la précise en nommant le successeur de Saül, que ce dernier avait d’ailleurs parfaitement deviné (24. 21).
Le plus grand péché de Saül avait été sa négligence coupable à propos d’Amalek, figure de la
Samuel annonce à Saül sa mort imminente (verset 19). Au degré de révélation donnée par Dieu à cette époque, il n’est pas fait de distinction entre le séjour des justes et celui des injustes après la mort ; les deux sont regroupés sous le terme de “shéol” 3.
Saül s’effondre de toute sa hauteur en entendant la parole de Dieu, comme plus tard Saul de Tarse, un autre persécuteur. Mais quelle divergence dans leur destinée : l’un est voué à un jugement immédiat, l’autre attend dans le repos la couronne de justice2 Timothée 4. 8. Quel chemin suivons-nous ? Le repas préparé par la devineresse permet à Saül de recouvrer des forces. Mais quelle différence entre ce dernier repas du roi avant sa mort et son jugement et le festin de la grâce où un autre veau gras est tué pour célébrer la vie retrouvéeLuc 15. 23 ! Saül va mourir “dans son péché” 1 Chroniques 10. 13, 14, ayant ajouté à sa rébellion initiale d’avoir épargné Amalek, celle de se mettre volontairement dans les mains de Satan, en sombrant dans les ténèbres du monde invisible.