C’est ici la page la plus triste de l’histoire de David. Après avoir quitté la protection de Dieu (27. 1), il recherche celle des hommes. Le vainqueur de Goliath, le sauveur d’Israël, était devenu garde du corps auprès du roi des ennemis du peuple de Dieu (28. 2). Lui, l’oint de l’Éternel, le futur roi d’Israël, s’apprête maintenant à combattre contre Saül et Jonathan !
Les adversaires sont maintenant en présence (verset 1) 1. Que les Philistins se rassemblent contre Israël n’était pas nouveau, mais qu’ils soient accompagnés de David et de ses hommes était une affreuse anomalie. Si Akish est satisfait de la présence de David à son côté, les autres princes des Philistins2 montrent une méfiance tout à fait pertinente. En effet, ils se souviennent des réjouissances d’Israël après la victoire de David sur Goliath et voient dans son attitude actuelle davantage un stratagème contre les Philistins qu’une traîtrise envers son propre peuple. Dans un premier temps, Akish expose sa complète confiance en David mais il sent vite qu’il ne pourra convaincre ses pairs.
Les hommes savent bien que l’union est impossible entre les croyants et le monde (verset 3). Si les chrétiens cherchent la faveur des hommes du monde, ils se feront rejeter par lui, car le monde n’aime que ce qui est sienJean 15. 19.
Akish rapporte à David les propos des autres princes. Soucieux de ne pas lui déplaire et désireux de garder ce serviteur efficace, il lui adresse un éloge sincère mais immérité (versets 6, 9) qui tranche avec celui d’Abigaïl qui, lui, était alors pleinement justifié (25. 28). Que devait penser cette femme de foi de la conduite de son mari ? Mais David continue à s’enfoncer :
L’attitude de David nous enseigne plusieurs leçons. Tout d’abord, la
Revenus chez eux, à contrecœur, David et ses hommes trouvent Tsiklag vide et brûlée. Quelle immense déception, alors qu’ils espéraient trouver dans leur famille le repos moral et physique dont ils avaient besoin ! Amalek s’était vengé. Il n’était donc pas complètement détruit : il avait échappé partiellement tant à Saül qu’à David (27. 8). Si le Seigneur n’a plus la première place dans nos cœurs (comme David qui était sur un mauvais chemin), l’ennemi (symbolisé par Amalek) réapparaîtra pour nous dépouiller.
David se retrouve dans une situation dramatique : à sa détresse et à sa mauvaise conscience s’ajoute maintenant la frayeur d’être lapidé, comme Moïse autrefoisExode 17. 4. Pour la première fois, en effet, les siens, jusque là dévoués et soumis, l’accusent et veulent se venger. David était le chef, donc il était responsable. Il aurait dû laisser une garnison pour protéger familles et troupeaux.
La razzia d’Amalek et la révolte des hommes de David vont être dans la main de Dieu la verge qui lui fera prendre conscience de son état. La discipline va rendre son fruitHébreux 12. 11. Devant toutes les conséquences de son égarement, David “se fortifie en l’Éternel son Dieu” (verset 6). C’est ainsi que les premiers rayons de lumière vont apparaître dans cette sombre nuit morale. Il ne reste plus qu’un recours, mais il est suffisant. David sait qu’il n’a aucun argument pour le mériter. Seule la grâce souveraine de Dieu peut le sauver. Il s’abandonne à ses mains puissantes et Dieu se laisse trouverPsaume 46. 2. Un autre psalmiste dira : “Si j’ai dit : Mon pied glisse, ta bonté, ô Éternel, m’a soutenu” Psaume 94. 18.
Nous pouvons peut-être perdre notre caractère d’étranger ici-bas en nous laissant entraîner par le train de ce monde, par le succès qui nous sourit… Dieu garde le silence ; puis, tout à coup, il envoie la tourmente : ce qui nous tenait à cœur est balayé, tout se ligue contre nous, nos amis les plus sûrs nous font défaut… On se tourne alors vers le dernier recours, le seul infaillible. Et dans ce climat hostile, la foi peut refleurir, malgré les circonstances. L’orgueil et l’hypocrisie font place à l’humilité et au brisement. Après l’épreuve, nous pouvons dire avec le psalmiste : “Il est bon pour moi que j’aie été affligé afin que j’apprenne tes statuts. Avant que je fusse affligé, j’errais ; mais maintenant je garde ta parole” Psaume 119. 71, 67.