Le renversement de la puissance des nations et l’établissement du royaume messianique sont les thèmes de cette dernière partie du livre de Zacharie. Ces chapitres sont du plus grand intérêt : celui qui apporte la délivrance, Christ, le Roi Messie, y est également dépeint comme celui qui est souffrant, rejeté, vendu, percé et mis à mort. Nous assistons aussi au dernier conflit et au siège final de Jérusalem.
Le début du chapitre 9 concerne les peuples voisins d’Israël. Leur conduite avait été observée à leur insu, car “l’Éternel a l’œil sur les hommes” (versets 1 et 8b). Combien nombreux sont ceux qui, oubliant ce saint regard, se comportent comme si le Seigneur ne les voyait pas !
Le pays de Hadrac, contre lequel est prononcé le premier oracle1 ne peut être clairement identifié. Son étroite relation avec Damas et Hamath montre que cette région devait être alors une des provinces du royaume de Syrie. Les cités phéniciennes de Tyr et de Sidon sont ensuite nommées, puis il est fait mention de quatre villes des Philistins : Askalon, Gaza, Ekron, Asdod.
C’est contre ces contrées que Zacharie annonce un jugement accompagné de grandes destructions. La verge que Dieu va utiliser pour les exécuter s’appelait Alexandre le Grand. C’est lui qui détruisit l’empire des Perses, 180 ans plus tard, ce qui lui ouvrit l’accès de la Syrie. Ainsi furent détruites la sagesse humaine et la force de Tyr, qui “amassait de l’argent comme de la poussière”, la fausse confiance d’Ekron, l’orgueil et les abominations des villes de Philistie, brusquement privées de tous leurs habitants.
Mais n’est-ce pas plus remarquable encore de voir annoncée la “conversion” de Philistins idolâtres ? Celui qui restera, laissant de côté ses abominations passées, deviendra lui aussi un résidu pour notre Dieu, et sera comme un chef en Juda (verset 7), pendant le règne millénaire de Christ.
La campagne éclair d’Alexandre devait épargner Jérusalem. L’Éternel veut toujours protéger son peuple : “Je camperai à côté de ma maison… l’exacteur ne passera plus sur eux”, déclare ce verset 8. Il tourne ainsi nos regards vers la délivrance finale, encore à venir. Quand Jérusalem connaîtra la dernière attaque de l’Assyrien (14. 1-15), cette prophétie s’accomplira pleinement. Le peuple sera cette fois définitivement sauvé par la présence du Roi puissant et débonnaire.
Une parole encore plus remarquable suit immédiatement. Elle donne un exemple frappant d’une prophétie partiellement réalisée. En effet dans ces versets 9 et 10, les deux
“Réjouis-toi avec transports, fille de Jérusalem ! … Voici, ton roi vient à toi ; il est juste et ayant le salut, humble et monté sur un âne, et sur un poulain, le petit d’une ânesse” (verset 9). Qui pourrait dire que ces versets ont été entièrement accomplis ? Certes, le roi est déjà entré à Jérusalem, humble et monté sur un ânonJean 12. 14, 15 ; Matthieu 21. 4. Mais, dans les Évangiles, il n’est pas question des “transports de réjouissance” de Jérusalem. En Matthieu, ils sont remplacés par ces simples mots : “Dites à la fille de Sion”. Nous ne trouvons pas non plus cette expression : “Il est juste et ayant le salut”. Seuls, ses caractères d’humilité et de débonnaireté sont mis en évidence. Nous le contemplons dans son humiliation passée et dans son exaltation future. Le peuple n’a pas reçu son Messie : “Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous”. Au lieu de se réjouir, il l’a mépriséÉsaïe 53. 3, puis crucifié.
Zacharie ne parle pas, ici, du rejet de Christ. Il passe, sans transition aucune, de la première venue de Christ sur la terre, à son apparition future pour Israël.
Ainsi, depuis bientôt deux mille ans, l’accomplissement de cette prophétie s’est arrêté entre ces versets 9 et 10. Elle reprendra bientôt son cours. La délivrance, dont parle le verset 8, aura alors lieu. Après de terribles jugements, le Roi réapparaîtra dans toute sa majestéÉsaïe 40. 10, assis, cette fois, sur un cheval blancApocalypse 19. 11. Et Jérusalem, délivrée du joug de l’oppresseur, accueillera avec transports ce roi de justice et de paix. Vrai Melchisédec, “il annoncera la paix aux nations et dominera d’une mer à l’autre” (verset 10).
La prophétie accomplie n’est donc qu’un avant-goût des gloires futures de Christ.
Puis, le prophète ajoute, parlant de Jérusalem : “Quant à toi aussi, à cause du sang de ton alliance, je renverrai tes prisonniers hors de la fosse où il n’y avait point d’eau (comp. Genèse 37. 24). Revenez à la place forte, prisonniers de l’espérance !” (versets 11, 12). Ces prisonniers semblent être des fils de Sion et leur captivité est suggérée par ce puits sans eau. Elle rappelle l’épreuve de JérémieJérémie 38. 6. Ils seront enfermés de toutes parts et privés des sources de la vie.
Mais ses prisonniers seront délivrésJérémie 31. 17, à cause de l’alliance conclue pour Israël, sur la base du sang de Christ versé en propitiation. Quand Christ viendra dans sa puissance, il libérera ces prisonniers, ce faible résidu resté à Jérusalem, dont une partie aura souffert le martyre. Les fidèles, qui se seront enfuisMatthieu 24. 16-22 au moment où l’idole sera placée dans le temple de Dieu, seront invités à revenir à la “place forte”, c’est-à-dire à Jérusalem. La réalisation de cette prophétie est donc encore à venir.
Le temps de la bénédiction attendue est maintenant précisé et il devient évident que le prophète a en vue des jours futurs. “Car j’ai bandé pour moi Juda, d’Éphraïm j’ai rempli mon arc, et je réveillerai tes fils, ô Sion, contre tes fils, ô Javan, et je te rendrai telle que l’épée d’un homme fort”. Ces métaphores sont significatives. Juda sera l’arc, Éphraïm, le carquois. Les flèches, habilement dirigées, iront frapper les ennemis du peuple de Dieu.
Les fils de la Grèce (Javan) représentent ici les nations en général. Ils évoquent l’invasion – qui était alors à venir – de la Terre sainte par Alexandre le Grand, invasion qui n’est elle-même qu’un signe avant-coureur des attaques dont Israël sera l’objet à la veille de l’apparition du Messie. Alors, comme cette prophétie et d’autres le montrent, Christ se servira de son peuple pour soumettre les nationsJérémie 51. 20-23.
Cette prophétie s’est peut-être partiellement accomplie lors des victoires des Macchabées, en lutte contre les Grecs. On peut entrevoir ici leurs combats, leur fidélité et le secours divin. Daniel, le prophèteDaniel 11. 29-35, mettrait en évidence leurs souffrances pour le témoignage et la manière dont ils furent purifiés par l’épreuve.
Nous aurions donc sous les yeux une prophétie qui se serait accomplie, en partie, trois siècles et demi environ après avoir été prononcée. Mais c’est aussi une anticipation des temps de la fin et des combats qui opposeront alors les princes de Juda à l’Assyrien prophétique, tel que le présente le chapitre 10. À ce moment-là, la réalisation ultime de cette prophétie est certaine.
Une métaphore se présente à l’esprit du prophète (verset 15) Nombres 23. 24 ; Michée 5. 8. Elle signifie que les ennemis du peuple ne seront plus jamais en mesure de lui nuire : ils disparaîtront comme le combustible que l’on jette dans un feu ou de la nourriture placée devant celui qui a faim.
La fin de ce chapitre (versets 16 et 17) nous ramène au temps où le roi de Sion apparaîtra pour le salut à son peuple. Ses rachetés seront comme les pierres précieuses de sa couronneÉsaïe 62. 3. Ils contribueront à la beauté merveilleuse du Roi, “plus beau que les fils des hommes” Psaume 45. 3 ! Et le seul fait de leur présence auprès de lui, soulignera son ineffable bonté (verset 17) Psaume 31. 20, 22 ; 27. 4, 13.
Cette gloire d’Israël est future. Actuellement, jusqu’à la venue en gloire de Christ, “Lo-Ammi” (“pas mon peuple”) est encore prononcé sur Israël.
Les trois grands événements de ce chapitre, la conquête d’Alexandre, l’entrée du Seigneur à Jérusalem et les victoires des Macchabées, illustrent ce que nous lisons ailleurs : “Sachant ceci premièrement, qu’aucune prophétie de l’Écriture ne s’interprète elle-même” 2 Pierre 1. 20. Autrement dit, elle ne peut être isolée de ce que l’Écriture déclare dans son ensemble.