Après le livre des visions (chapitre 1 à 6) commence celui des oracles. Presque deux années se sont écoulées depuis les grandes visions de Zacharie ; pendant ce temps, le peuple s’est montré obéissant et il a travaillé à rebâtir la maison de l’Éternel. Cette reconstruction a progressé. Le service et l’adoration de l’ancien culte vont pouvoir reprendre.
C’est alors qu’une question se pose au sujet de certains jours de jeûne, dont le principal est un jour commémoratif de la prise de Jérusalem par les Babyloniens : le dixième jour du cinquième mois, le mois d’Ab.
A ce moment-là, l’armée babylonienne avait entièrement brûlé le magnifique temple de Salomon, tandis que le feu faisait rage dans la ville, du septième au dixième jour de ce mois2 Rois 25. 8, 9 ; Jérémie 52. 13.
Une délégation vient de Béthel1 (“maison de Dieu”) pour implorer l’Éternel, et parler aux sacrificateurs et aux prophètes. Ce fait montre que les habitants de Béthel acceptent comme étant leur seul espoir le réveil qui s’est produit dans le royaume de Juda. Ils reconnaissent Jérusalem comme le lieu que Dieu avait choisi.
Cette délégation est conduite par deux hommes portant des noms étrangers : Sharétser et Réguem-Mélec, qui signifieraient “prince du trésor” et “l’officier du roi” 2. Ils transmettent la question au prophète : “Pleurerai-je au cinquième mois, en me séparant comme j’ai fait, voici tant d’années ?” Psaume 137.
Alors que la maison de Dieu a été reconstruite ou est en passe de l’être, convenait-il de continuer à observer ce jeûne ? C’est apparemment une question sensée, toute naturelle !
La réponse va leur être donnée dans quatre paragraphes successifs, chacun d’eux commençant par ces mots : “Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant” (7. 4-7 ; 7. 8-14 ; 8. 1-17 ; 8. 18-23). La parenthèse du chapitre 8. 1-17, sans être une réponse directe en soi, présente le même sujet.
La parole de l’Éternel vient maintenant au prophète, sous la forme d’une répréhension. Le message n’est pas adressé aux envoyés de Béthel seulement, mais à tout le peuple et aux sacrificateurs. Dieu, qui connaît les cœurs, montre ainsi qu’ils ont tous besoin des mêmes exhortations.
Ici, deux jeûnes sont mentionnés : celui du cinquième mois rattaché au souvenir de la destruction de la ville, et celui du septième mois, au jour anniversaire du meurtre de Guedalia à MitspaJérémie 41. Mais pourquoi avaient-ils institué ces jours de jeûne ? Pourquoi les gardaient-ils encore ? Le Seigneur demande : “Est-ce réellement pour moi, pour moi ?” (verset 5). Non, ce n’était pas pour la gloire et l’honneur de Dieu. Ce qui se cachait derrière leurs pratiques, c’était la recherche de leur propre gloire. Peut-être, au début, étaient-ils animés d’une sincère repentance. Mais, avec le temps, cette célébration avait pris le caractère d’une vaine forme de piété. Elle était devenue futile et formaliste. L’expression employée par la délégation (“tant d’années”) rappelle celle du fils aîné dans l’évangile : “Voici tant d’années que je te sers” Luc 15. 29. C’est le langage d’un esprit légaliste, qui accomplit son « devoir » sans joie ; ce n’est pas celui d’un fils de la famille de Dieu. D’ailleurs, Dieu ne leur avait jamais demandé de jeûner. Leurs institutions étaient purement humaines, circonstancielles, et l’esprit dont ils étaient animés, lui déplaisait grandement. Quand le jeûne était terminé et qu’ils festoyaient, ce n’était pas pour servir le Seigneur, mais pour leur propre plaisir. La vraie humiliation est secrète, non pas extérieureJoël 2. 12-14 ; Matthieu 6. 16-18 ; 2 Rois 6. 30. Apparemment, c’était le cas d’Israël, qui était humilié, mais l’humiliation d’Élisée est bien plus profonde. Ce que le Seigneur recherche toujours, c’est l’obéissance. L’incrédulité était à la base de tout leur comportement. Zacharie les engage à écouter la parole de Dieu et à agir en conséquence. Alors, tous leurs jours de jeûne seront pour eux occasion d’allégresse, de joie et d’heureuses assemblées (8. 19).
Tout ceci est pour chacun d’entre nous un sujet sérieux de réflexion. Les formes de la piété sont sans valeur pour Dieu. Il y a bien des institutions humaines et des rites extérieurs qui le déshonorent et servent la prétention de l’homme. Ne cherchons pas à donner une approbation divine à ce qui ne serait qu’un arrangement humainÉsaïe 58. 3-5 ; Colossiens 3. 23.
Nous pouvons assister régulièrement au culte, participer à la cène, présenter l’Évangile aux inconvertis ou ses enseignements aux croyants, mais quelles sont nos motivations ? Au-delà de nos actes visibles, éprouvons devant Dieu nos véritables raisons cachéesProverbes 21. 2 : crainte d’une sanction, intérêt personnel, souci de notre propre réputation, ou amour pour le Seigneur ?
Ces versets commencent par le rappel des exigences invariables de l’Éternel. Le jugement est tombé sur ce peuple, parce qu’il se refusait à pratiquer la justice, la droiture et la grâce. Les versets 11 et 12 nous montrent une progression dans son endurcissement. Dieu met en évidence les résultats de sa désobéissance : sa colère l’a dispersé au milieu des nations et tout le pays a été désolé.
Aussi Dieu adresse-t-il aux fils d’Israël des recommandations pressantes, afin de pouvoir les bénir. Il les exhorte à prononcer des jugements de vérité, à user de bonté et de miséricorde l’un envers l’autre, à ne pas opprimer ces êtres faibles que sont la veuve et l’orphelin, l’étranger ou l’affligé. Et il conclut : “Ne méditez pas le mal dans votre cœur, l’un contre l’autre” (verset 10 ; comp 8. 17). Ce message est aussi pour nous. Le Seigneur nous invite à être compatissants et miséricordieux1 Pierre 3. 8.
Leurs pères n’avaient pas été attentifs à ces avertissements et ils avaient été dispersés, comme par un tourbillon, parmi les nations. Le résidu connaissait très bien l’histoire passée de sa nation. Le pays désirable avait été totalement ravagé par Nebucadnetsar et leur condition misérable actuelle en était la preuve.
Nous avons parfois tendance à ne pas voir la main et le cœur de Dieu dans sa discipline envers nous. Il nous rappelle que l’obéissance à sa Parole est le seul moyen de rester dans une heureuse et paisible communion avec lui.