Les cinq premières visions avaient un caractère de réconfort, pour Jérusalem et la nation dispersée. Elles annonçaient la destruction de Babylone et de tous leurs ennemis, le pardon divin et la restauration de la théocratie1. Mais les trois dernières sont des visions du jugement qui doit précéder la bénédiction d’Israël. Il tombera sur tous ceux qui, au milieu de ce peuple, refusent d’écouter la parole du Dieu vivant.
Cette prophétie occupe une place toute spéciale parmi les livres des prophètes. Ézéchiel a eu une vision similaire. “Et je regardai, et voici, une main étendue vers moi, et voici, il y avait en elle un rouleau de livre. Et il le déploya devant moi ; et il était écrit devant et derrière ; et des lamentations, et des plaintes, et des gémissements y étaient écrits” Ézéchiel 2. 9, 10. Ézéchiel devait manger ce livreÉzéchiel 3. 1. Cette scène nous rappelle aussi les livres de l’Apocalypse (chapitre 5 et 10), qui sont également liés aux jugements de Dieu sur la terre.
Cette sixième vision est celle du “rouleau qui volait”. L’immense rouleau que voit le prophète est long de vingt coudées et large de dix coudées2.
L’ange, chargé d’interpréter ces choses, révèle au prophète qu’il s’agit de la malédiction qui sort sur la face de toute la terre de la part de l’Éternel des armées ; elle entrera dans la maison du voleur et dans celle de celui qui jure faussement par son nom (8. 17) Malachie 3. 5. Peut-être ces transgresseurs pensaient-ils se cacher dans ces demeures ? Elle “logera” 3 au milieu de ces maisons, qui seront consumées. Tout brûlera, aussi bien le bois que les pierres ; les termes employés sont les mêmes que pour les maisons lépreusesLévitique 14. 45.
C’est une vision solennelle, qui parle énergiquement aux pécheurs. Le jugement que le péché attire sur un homme est terrible, à moins qu’il ne soit à l’abri du sang de Jésus Christ, qui a coulé de son côté percé.
Ce rouleau volant était écrit de part et d’autre, chose inhabituelle. Il représentait peut-être les deux tables de pierre, où la loi de Dieu était écrite “deçà et delà” Exode 32. 15. Le vol et le faux serment représentent sans doute la violence et la corruption. Le faux serment est jugé par un commandement de la première table de la loi qui expose les devoirs de l’homme envers Dieu. Le vol est condamné par une ordonnance qui établit les relations entre les hommes. Au fond, tout péché est d’abord contre Dieu : “Vous me frustrez toujours”, peut écrire Malachie, de la part de Dieu (3. 8-12). Jurer faussement signifie que l’on veut couvrir le mal en invoquant le nom de DieuExode 20. 7.
Le temps des exhortations et des commandements est passé. Ce rouleau qui vole mentionne seulement les affreuses malédictions que Dieu, dans sa colère, réserve à ceux qui ont désobéi à sa loiGalates 3. 10. On trouve dans les chapitres 17 et 18 du Deutéronome, les terribles détails du sort que Dieu réserve à un peuple apostat.
Le rouleau avait de grandes dimensions et était probablement lumineux. Une telle vision, dans la nuit, était certainement terrifiante. Ses dimensions correspondent exactement à celles du portique du temple de Salomon1 Rois. 6. 3. Les hommes ne seront pas jugés pour leurs actions, d’après leurs propres normes, ni “pesés” avec leurs propres fausses balances, mais ils le seront selon l’appréciation du “Dieu de connaissance”, dans le sanctuaire1 Samuel 2. 3.
En volant, ce rouleau donnait à chacun la possibilité de voir le message de la malédiction divine. Un des plus remarquables psaumes de jugement, le Psaume 50, délivre un message semblable au contenu de ce rouleau qui vole (versets 18-21). “Toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire” Hébreux 4. 13. Les doigts de la main écrivant sur le mur annonçaient au roi impie Belshatsar une terrible sentence de mortDaniel 5. 25.
Cette vision concerne en tout premier lieu Israël dans son incrédulité, mais elle a une plus large application touchant le jugement de la méchanceté sur la terre tout entière au jour de l’apparition en gloire de Jésus Christ.
L’ange commande à Zacharie de lever les yeux pour voir une autre vision surprenante. L’épha était une unité de mesure, utilisée dans le commerce des céréales, souvent à des fins frauduleusesMichée 6. 10 ; Amos 8. 5 ; Deutéronome 25. 14.
Après sa déportation à Babylone et la dispersion, ce peuple auparavant essentiellement tourné vers des activités agricoles et pastorales, devint peu à peu un peuple de marchands. Les deux transgressions citées dans la vision du rouleau volant trouvèrent, dès lors, un terrain des plus favorables : “C’est un marchand ; la fausse balance est dans sa main ; il aime à extorquer” Osée 12. 8. À noter comment le Seigneur dira plus tard aux pharisiens et aux scribes, pleins d’intempérance et de rapine : “Et vous, – comblez la mesure de vos pères !” Matthieu 23. 32. Dans le livre de l’Apocalypse, il est beaucoup question d’activités commerciales liées à la méchanceté, qui, à cause de l’impiété générale, sont même parvenues à leur apogée (chapitre 18). Les richesses sont accumulées par quelques-unsHabakuk 2. 6, souvent au mépris des règles de l’équité et de la simple morale. N’est-ce pas une question brûlante d’actualité ?
Cet épha “qui sort” représente aussi4, semble-t-il, une activité malfaisante qui pénètre partout. Pour nous aujourd’hui, il évoque l’esprit de l’Antichrist qui est déjà dans le monde1 Jean 4. 3. Il précède la dernière heure, celle de l’
Zacharie voit ensuite, après qu’un disque de plomb a été soulevé, une femme assise au milieu de l’épha. L’ange déclare : “C’est la méchanceté”. Elle fait penser à la grande prostituée décrite au chapitre 17 de l’Apocalypse, avec sa coupe d’or pleine de ses abominations et des impuretés de sa fornication (verset 4). Cette femme serait une figure du “mystère d’iniquité qui opère déjà” 2 Thessaloniciens 2. 7, mais qui n’a pas encore été pleinement manifesté : le couvercle de plomb est encore sur l’épha. Ici, la femme cherche visiblement à s’échapper, mais l’ange la fait retomber à l’intérieur et l’enferme au moyen du couvercle en plomb. L’épha dont elle se servait pour pécher devient l’instrument de son châtiment (comp. Proverbes 5. 22).
Puis, deux femmes ayant “comme des ailes de cigogne” 5 apparaissent, portées par le vent. Dans la Parole, le vent est constamment en relation avec le jugementJob 27. 20-22 ; 30. 22 ; Ésaïe 7. 2 ; 41. 16 ; 64. 6.
Elles soulèvent l’épha et l’emportent dans son lieu d’origine, le pays de Shinhar, pour lui bâtir une maison, au siège même de l’idolâtrie et de la révolte contre Dieu. Shinhar, c’est BabyloneGenèse 11. 2, 9 ; 2 Rois 17. 24. Le mal reviendra à un de ses points de départ majeurs : Babylone. Dans ce pays, avant que Dieu ne disperse les hommes en confondant leur langage, eut lieu une tentative pour construire la tour de Babel – et surtout un empire opposé à Dieu.
L’iniquité, en la personne de l’