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Le premier livre de Samuel
Sondez les Écritures - 3e année

1 Samuel 14. 24-52

Rejet de Saül

3. Le serment de Saül : versets 24-46

Un serment insensé : verset 24

Avant la victoire remportée par le peuple à la suite de l’action de Jonathan, Saül avait proclamé par serment un jeûne. Sa façon de s’exprimer trahit son égocentrisme : “Jusqu’à ce que je me sois vengé de mes ennemis”. Il est occupé de lui-même et non de Dieu, ni même du peuple. Son commandement arbitraire va limiter les effets de la victoire. Or c’est l’Éternel qui, par Jonathan, avait sauvé Israël sans que Saül n’y fût pour rien.

Quelle attitude regrettable ! La pensée de Dieu avait été de bénir, celle de Saül est de maudire. Il est étranger à la joie de DieuLuc 15. Quel besoin avait-il de prescrire un jeûne au moment de l’effort ? Sur le plan moral, le jeûne est licite s’il est accompagné de prière et s’il est librement consenti. Il ne doit être ni rituel, ni légal. Si Saül n’avait pas été impatient (verset 19), une réponse divine l’aurait certainement empêché d’adjurer ainsi le peuple. Quel mauvais berger, aux antipodes du vrai bon Berger qui dit un jour : “Je suis ému de compassion… ils n’ont rien à manger” Matthieu 15. 32.

Égoïsme, légalisme, ignorance de la liberté de l’Esprit, voilà ce qui caractérise de tout temps la religion de l’homme : c’est une religion de restrictionsColossiens 2. 20-23 ; 1 Timothée 4. 3, 4.

Une situation absurde : versets 25, 26

Dans sa grâce, Dieu prépare un réconfort pour son peuple. Tous voient du miel coulant en abondance d’arbres creux qui contenaient des essaims. Mais, dans la crainte servile qui les assujettit, personne n’ose profiter de ce secours divin. Gardons-nous d’être retenus par un système religieux superstitieux ou légal, pour recevoir avec simplicité de cœur et reconnaissance tout don parfait du Père des lumièresJacques 1. 17.

Un homme libre : versets 27, 28

Jonathan, qui se tient à part, ignore ce serment et profite en toute bonne conscience de ce soulagement providentiel. La foi est étrangère aux ordonnances charnelles et aux rites légaux. Occupé par les “combats de l’Éternel” (25. 28), il est libre vis-à-vis des commandements de l’homme. Il use de ce miel avec sobriété, avec le bout de son bâton, sans s’attarder. Comme les soldats de GédéonJuges 7. 6, profitons de tout ce que Dieu met librement devant nous avec sobriété : ainsi notre service n’en souffrira aucun préjudice.

Mis au courant, après coup, du décret de son père, il le réprouve en considérant ses conséquences funestes. Le “miel” parle des choses douces de la nature dont on peut faire usage sans excès, sans préjudice spirituel1.

Un peuple affamé et défaillant : versets 29-31

La multitude du peuple se trouve donc privée de sa force au moment où elle en a le plus besoin. Ils sont rendus incapables de compléter la victoire à cause de leur mauvais roi. L’Éternel connaissait leurs besoins : ils étaient accablés (verset 24), fatigués (verset 28), très fatigués même (verset 31). Mais l’homme sans foi se laisse diriger par ses propres pensées : il se prive lui-même et prive les siens des ressources d’en hautÉsaïe 40. 29, 30, 31.

Un triste résultat : versets 32-34

Le fardeau était trop lourd, au-dessus des forces du peuple. Tout le monde savait que manger la viande avec le sang était une grave profanationGenèse 9. 4 ; Lévitique 19. 26 ; Deutéronome 12. 23, 24. Le sang est la vie et celle-ci appartient à Dieu seul. C’est ainsi qu’un abus légal et une exigence arbitraire peuvent aboutir à une grave transgression d’un ordre divin qui, lui, n’est pas arbitraire. La crainte du roi a conduit à l’abandon de la crainte de Dieu.

Saül culpabilise immédiatement le peuple sans se reconnaître, lui, comme le vrai coupable. Sans sa folle exigence, ce péché n’aurait jamais été commis. Il rétablit toutefois la manière de manger la viande conforme aux ordonnances divines2.

La chair imitant la piété : versets 35-42

Dans une piété de forme, Saül bâtit son premier autel à l’Éternel. Les signes extérieurs du culte sont là : le sacrificateur, l’éphod, l’arche, le respect des ordonnances concernant le sang. Mais le lieu et le moment sont-ils bien choisis pour établir cet autel ? Le roi est rejeté et le sacrificateur est en disgrâce. Un tel autel peut-il justifier le peuple, chez qui nous ne voyons pas de confession ?

La nuit même de ce péché (verset 34), Saül aurait voulu continuer la poursuite (verset 36), alors que rien n’était réglé devant Dieu. Il se laisse conseiller par le sacrificateur et consulte Dieu sans se rendre compte, semble-t-il, de son état. L’absence de réponse signifie certainement que Dieu a été offensé (verset 37). Mais ce silence irrite Saül et lui fait réaliser qu’il y a eu péché. Mais quel péché ? Il pense uniquement à la transgression de son serment. Pour lui, le péché est partout, sauf en lui-même. Il décide, selon une coutume admise à l’époque, de tirer au sort (verset 41) Josué 7. 16-18 ; Proverbes 16. 33.

Son attitude et ses paroles montrent qu’il suspecte fortement Jonathan. Logique avec lui-même et persuadé d’être du côté de Dieu, il jure avec véhémence par l’Éternel que le coupable mourra, même si c’était son propre fils. Au silence de Dieu succède le silence réprobateur du peuple.

Toute cette scène illustre ce qui se passe dans le monde religieux actuel : on impose ou on s’impose des devoirs religieux, des dévotions, avec le désir inconscient de tranquilliser sa conscience, alors que la question du péché n’est pas réglée devant Dieu. La racine de tous les maux n’est-elle pas l’absence de repentance et l’ignorance ou l’abandon de la vraie grâce de Dieu ?

La foi injustement jugée coupable : versets 43-45

Jonathan est découvert. Saül, déterminé et endurci, décrète sa mort avec un troisième serment au nom de l’Éternel (verset 44). Jonathan répond calmement et dignement et ne résiste pasJacques 5. 6. Mais contrairement à la fille de Jephté, elle aussi victime d’un serment insensé de son pèreJuges 11. 30, 31, il est sauvé par le peuple. Celui-ci avait dit deux fois : “Fais tout ce qui est bon à tes yeux” (versets 36, 40). Mais maintenant, réveillé et indigné, le peuple prend, lui aussi avec serment, le contre-pied du roi et justifie Jonathan. Saül est laissé à sa folie et à sa honte !

Aperçu général du règne de Saül : versets 47-52

Pourtant, dans sa miséricorde, Dieu surmonte le mal par le bien. Il permet une certaine prospérité générale pendant le règne de Saül : dans toutes les directions, les ennemis seront tenus en respect. Cependant, aucun ne sera exterminé définitivement, d’où la nécessité d’une armée permanente. Ce n’est plus le temps de Samuel (7. 13) et pas encore celui de David2 Samuel 8 ou de Salomon1 Rois 5. 5. Saül compte sur ses propres forces. Il prend des hommes forts auprès de lui, mais ne gagnera le cœur d’aucun d’eux.

Retenons de ce chapitre que la foi peut nous faire remporter des victoires sur le monde mais peut aussi nous attirer l’opprobre, même de la part de ceux qui portent le nom de chrétien. Par ailleurs, le légalisme et l’activité de la chair ne peuvent qu’entraver l’œuvre de Dieu.

Notes

1Au sujet du miel dans les Écritures, voir : Deutéronome 8. 8 ; 32. 13 ; Psaume 81. 17 ; Proverbes 25. 16 ; Juges 14. 6-9 ; Cantique des cantiques 4. 11 ; Ésaïe 7. 15.
2Cela se passe à Ajalon, lieu mémorable où le soleil s’arrêta pour permettre à Josué, à la tête d’une armée en pleine vigueur, de remporter une victoire complète. Maintenant, au contraire, le soleil se couchera sur une scène de péché.

1 Samuel 14

24Et les hommes d’Israël furent accablés ce jour-là. Or Saül avait adjuré le peuple, disant : Maudit soit l’homme qui mangera du pain, jusqu’au soir, et [jusqu’à ce] que je me sois vengé de mes ennemis ; et, entre tout le peuple, nul ne goûta de pain. 25Et tout le [peuple du] pays vint dans une forêt ; et il y avait du miel sur le dessus des champs. 26Et le peuple entra dans la forêt ; et voici du miel qui coulait ; mais nul ne porta sa main à sa bouche, car le peuple avait peur du serment. 27Et Jonathan n’avait pas entendu, lorsque son père avait fait jurer le peuple, et il étendit le bout du bâton qu’il avait à la main et le trempa dans un rayon de miel et ramena sa main à sa bouche, et ses yeux furent éclaircis. 28Et quelqu’un du peuple répondit et dit : Ton père a fait expressément jurer le peuple, en disant : Maudit soit l’homme qui mangera du pain aujourd’hui ! et le peuple était fatigué. 29Et Jonathan dit : Mon père a troublé le pays. Voyez donc comme mes yeux ont été éclaircis, parce que j’ai goûté un peu de ce miel ! 30Qu’aurait-ce été, si le peuple avait aujourd’hui mangé du butin de ses ennemis qu’il a trouvé ? maintenant la défaite des Philistins n’aurait-elle pas été plus grande ? 31Et ils frappèrent ce jour-là les Philistins, depuis Micmash jusqu’à Ajalon ; et le peuple fut très fatigué. 32Et le peuple se jeta sur le butin, et ils prirent du menu et du gros bétail, et des veaux, et ils les égorgèrent sur le sol ; et le peuple les mangeait avec le sang. 33Et on le rapporta à Saül, en disant : Voici, le peuple pèche contre l’Éternel en mangeant avec le sang. Et il dit : Vous avez agi infidèlement. Roulez à présent vers moi une grande pierre. 34Et Saül dit : Dispersez-vous parmi le peuple, et dites-leur : Amenez-moi chacun son bœuf et chacun son moutona, et égorgez-les ici et mangez ; et ne péchez pas contre l’Éternel en mangeant avec le sang. Et, cette nuit-là, tout le peuple amena chacun son bœuf à la main, et ils les égorgèrent là.

35Et Saül bâtit un autel à l’Éternel ; ce fut le premier autel qu’il bâtit à l’Éternel. 36Et Saül dit : Descendons de nuit après les Philistins, et pillons-les jusqu’à la lumière du matin, et n’en laissons pas un homme de reste. Et ils dirent : Fais tout ce qui est bon à tes yeux. Et le sacrificateur dit : Approchons-nous ici de Dieu. 37Et Saül interrogea Dieu : Descendrai-je après les Philistins ? Les livreras-tu en la main d’Israël ? Et il ne lui répondit pas ce jour-là. 38Et Saül dit : Approchez ici, vous tous les principauxb du peuple, et sachez et voyez comment ce péché est arrivé aujourd’hui ; 39car l’Éternel qui a sauvé Israël est vivant, que si c’était par Jonathan, mon fils, il mourra certainement ! Et personne de tout le peuple ne lui répondit. 40Et il dit à tout Israël : Vous, soyez d’un côté, et moi et Jonathan, mon fils, nous serons de l’autre côté. Et le peuple dit à Saül : Fais ce qui est bon à tes yeux. 41Et Saül dit à l’Éternel, le Dieu d’Israël : Donne [un sortc] parfait. Et Jonathan et Saül furent pris, et le peuple échappa. 42Et Saül dit : Jetez le sort entre moi et Jonathan, mon fils. Et Jonathan fut pris. 43Et Saül dit à Jonathan : Déclare-moi ce que tu as fait. Et Jonathan le lui déclara, et dit : Je n’ai fait que goûter un peu de miel avec le bout du bâton que j’avais à la main, [et] voici, je meurs ! 44Et Saül dit : Que Dieu [me] fasse ainsi, et ainsi y ajoute, si tu ne meurs certainement, Jonathan ! 45Et le peuple dit à Saül : Jonathan, qui a opéré cette grande délivrance en Israël, mourra-t-il ? Qu’ainsi n’advienne ! L’Éternel est vivant, s’il tombe à terre un des cheveux de sa tête ! car il a opéré avec Dieu aujourd’hui. Et le peuple délivra Jonathan, et il ne mourut pas. 46Et Saül remonta de la poursuite des Philistins, et les Philistins s’en allèrent en leur lieu.

47Et Saül prit la royauté sur Israël, et il fit la guerre tout à l’entour contre tous ses ennemis : contre Moab, et contre les fils d’Ammon, et contre Édom, et contre les rois de Tsoba, et contre les Philistins ; et partout où il se tournait, il les châtiait. 48Et il forma une arméed et frappa Amalek, et délivra Israël de la main de ceux qui le pillaient.

49Et les fils de Saül étaient Jonathan, et Jishvi, et Malki-Shua ; et les noms de ses deux filles : le nom de l’aînée était Mérab, et le nom de la plus jeune, Mical. 50Et le nom de la femme de Saül était Akhinoam, fille d’Akhimaats ; et le nom du chef de son armée était Abnere, fils de Ner, oncle de Saül. 51Et Kis, père de Saül, et Ner, père d’Abner, étaient fils d’Abiel.

52Et la guerre fut forte contre les Philistins durant tous les jours de Saül ; et quand Saül voyait quelque homme fort et quelque homme vaillant, il le prenait auprès de lui.

Notes

aou aussi : chèvre ; ainsi 15. 3.
blitt. : les angles, ou les [pierres de] coin.
cou : [un témoignage] .
dou : déploya [sa] puissance.
ehéb. : ici Abiner.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)