La foi vivante et active de Jonathan fait contraste avec l’esprit timoré de Saül et du peuple (chapitre 13) : le roi ne croit qu’aux moyens humains, alors que Jonathan ne se fie qu’à Dieu. Avec la foi comme seule arme, il vaincra un ennemi nombreux dont les armes inutiles tourneront à leur destruction.
Saül a détourné à son profit le précédent acte de foi de son fils Jonathan (13. 3) au lieu de rendre toute la gloire à Dieu. Tout effort ou tout travail qui glorifie le serviteur au lieu de Dieu est inutile.
Pour la deuxième fois, Jonathan prend l’initiative d’une offensive. Il ne peut accepter la situation tragique et humainement désespérée du peuple, ni le déshonneur qui en résulte pour Dieu1. Sa confiance en l’Éternel le fait échapper à la dépression générale. Si son père avait connu son projet, il l’aurait sans doute dissuadé, comme il découragera plus tard David d’affronter Goliath (17. 33). Saül ne connaît que les ressources humaines, les rapports de force et les raisonnements humains. Sans prendre “conseil de la chair ni du sang” Galates 1. 16, l’homme de foi n’attend le secours que de Dieu. Toutefois, Jonathan est heureux de trouver dans son jeune homme un compagnon apte à le suivre, partageant la même foi. Tous deux se séparent du camp, du peuple, du roi et du sacrificateur qui n’auraient pu les comprendre. Ces deux derniers, d’ailleurs, n’avaient plus la faveur de l’Éternel. Cette attitude nous enseigne que s’associer au monde – même au monde religieux2 – dans le but de servir Dieu est une aberration.
Les versets 2 et 3 constituent une parenthèse. La sacrificature de la lignée d’Ithamar est en sursis. Le petit-fils d’Éli est là, portant l’éphod. Symbole pour nous de Christ, sacrificateur dans le ciel, l’éphod permettait à Israël de connaître la pensée de Dieu ; en effet, il comportait les urim et les thummim par lesquels on interrogeait l’ÉternelExode 28. 30 (22. 18 ; 23. 9 ; 28. 6). Mais rien n’indique qu’on l’ait fait à ce moment-là.
En l’occurrence, toutes les circonstances favorisaient les ennemis ; ils sont sur la hauteur, en position de force, bien armés et en grand nombre. Jonathan et son jeune homme, eux, sont au fond d’un ravin surplombé par des rochers effrayants. Mais le regard de leur foi dépasse ces obstacles et distingue nettement la grâce que Dieu réserve à un peuple qui ne la méritait en aucune façon.
Pour Jonathan, les ennemis sont des “incirconcis”, c’est-à-dire des hommes n’ayant aucune relation d’alliance avec Dieu3. Puis, il prononce ce beau témoignage : “Rien n’empêche l’Éternel de sauver” (verset 6). Connaissant l’amour et la puissance de Dieu, il comprend, sans commandement précis, quelle doit être sa conduite.
L’homme par nature se fie à lui-même, à ses plans, à sa sagesse. L’homme de foi se repose complètement et exclusivement sur Dieu. Attacher trop d’importance au nombre serait en fait douter implicitement de la puissance de Dieu : comparée aux ressources divines, même la plus grande union de forces humaines reste dérisoire. Une seule épée peut suffire, si elle est tenue par la main du Dieu Tout-puissant. La confiance de Jonathan est simple et totale. Voilà le secret de la victoire !
La foi de son écuyer répond à celle de JonathanAmos 3. 3. Elle nous invite à encourager nos frères qui ont à cœur de s’engager pour Dieu dans un travail qui peut être difficile et à les aider selon nos possibilités.
“Nous nous montrerons à eux”, dit Jonathan. Ils agiront “à découvert”, en pleine lumière. La foi est courageuse, mais humble et sans témérité ni présomption. Le “peut-être” (verset 6) n’est pas une marque d’incertitude, mais de dépendance4. Il faut être prêt, soit à agir (verset 10), soit simplement à garder une position (verset 9). Une seule chose compte : l’obéissance. Dieu accepte le signe qui sera d’ailleurs donné par l’ennemi lui-même, à son insu. Ce qui pour lui est une “démonstration de perdition”, sera une indication de salut pour l’homme de DieuPhilippiens 1. 28.
S’étant montrés aux Philistins, Jonathan et son porteur d’armes essuient leurs moqueries acerbes contre ces lâches Hébreux qui s’étaient cachés5. Tout le peuple les méritait sauf eux deux. “Montez vers nous” : le signe est là, la volonté de Dieu est claire. Jonathan ne dit pas alors : “l’Éternel les a livrés en notre main”, mais “en la main d’Israël”. Il s’identifie à tout le peuple. Comme Dieu, il a le peuple dans son cœur. Nous avons, par la foi, à ignorer le défi des moqueries, hélas justifiées, proférées à l’encontre de l’Église en ruine. Mais comme Josué, Caleb, et ici Jonathan, ne nous laissons pas gagner par la démission générale. Soyons, par la foi, des vainqueurs du monde.
Peu importe aux grimpeurs les blessures causées aux mains et aux pieds par les rochers. Rien n’arrêtera leur ascension. C’est un beau tableau de la croissance du chrétien, en position précaire, mais protégé et gardé par celui qui l’aimePsaume 116. 8.
Ils n’arrivent au sommet que pour voir la délivrance opérée par l’Éternel. Leur épée ne sert qu’à affirmer une victoire remportée d’avancePsaume 18. 40, 41. La frayeur a changé de camp : des Israélites (13. 7), elle tombe sur les Philistins (verset 15).
Les sentinelles de la tour de guet de Guibha constatent la confusion aboutissant au carnage dans le camp ennemiJuges 7. 22 ; 2 Chroniques 20. 22 ; Aggée 2. 22 ; Zacharie 14. 13. Saül, complètement étranger à ce qui se passe, tout étonné, cherche une explication humaine mais ne peut que constater l’absence de deux personnes à l’appel. Il se décide alors à consulter Dieu6. Saül est incohérent : il s’interrompt au milieu de sa requête du fait du tumulte croissant. Il se passe de la réponse, estimant que les faits sont assez clairs.
La confusion des Philistins conduit au rassemblement du peuple qui achève une victoire déjà remportée sans lui. Même les traîtres ou prisonniers, appelés “Hébreux” (verset 21) et les timides, appelés Israélites (verset 22) participent à la poursuite de l’ennemi. La foi d’un très petit nombre peut donc avoir des effets bénéfiques pour une marche sainte, énergique et fidèle de tout un peuple.