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Le premier livre de Samuel
Sondez les Écritures - 3e année

1 Samuel 14. 1-22

Rejet de Saül

2. L’exploit de foi de Jonathan

Introduction

La foi vivante et active de Jonathan fait contraste avec l’esprit timoré de Saül et du peuple (chapitre 13) : le roi ne croit qu’aux moyens humains, alors que Jonathan ne se fie qu’à Dieu. Avec la foi comme seule arme, il vaincra un ennemi nombreux dont les armes inutiles tourneront à leur destruction.

La foi a recours à Dieu seul : versets 1-3

Saül a détourné à son profit le précédent acte de foi de son fils Jonathan (13. 3) au lieu de rendre toute la gloire à Dieu. Tout effort ou tout travail qui glorifie le serviteur au lieu de Dieu est inutile.

Pour la deuxième fois, Jonathan prend l’initiative d’une offensive. Il ne peut accepter la situation tragique et humainement désespérée du peuple, ni le déshonneur qui en résulte pour Dieu1. Sa confiance en l’Éternel le fait échapper à la dépression générale. Si son père avait connu son projet, il l’aurait sans doute dissuadé, comme il découragera plus tard David d’affronter Goliath (17. 33). Saül ne connaît que les ressources humaines, les rapports de force et les raisonnements humains. Sans prendre “conseil de la chair ni du sang” Galates 1. 16, l’homme de foi n’attend le secours que de Dieu. Toutefois, Jonathan est heureux de trouver dans son jeune homme un compagnon apte à le suivre, partageant la même foi. Tous deux se séparent du camp, du peuple, du roi et du sacrificateur qui n’auraient pu les comprendre. Ces deux derniers, d’ailleurs, n’avaient plus la faveur de l’Éternel. Cette attitude nous enseigne que s’associer au monde – même au monde religieux2 – dans le but de servir Dieu est une aberration.

Les versets 2 et 3 constituent une parenthèse. La sacrificature de la lignée d’Ithamar est en sursis. Le petit-fils d’Éli est là, portant l’éphod. Symbole pour nous de Christ, sacrificateur dans le ciel, l’éphod permettait à Israël de connaître la pensée de Dieu ; en effet, il comportait les urim et les thummim par lesquels on interrogeait l’ÉternelExode 28. 30 (22. 18 ; 23. 9 ; 28. 6). Mais rien n’indique qu’on l’ait fait à ce moment-là.

La foi ne regarde pas aux circonstances : versets 4-6

En l’occurrence, toutes les circonstances favorisaient les ennemis ; ils sont sur la hauteur, en position de force, bien armés et en grand nombre. Jonathan et son jeune homme, eux, sont au fond d’un ravin surplombé par des rochers effrayants. Mais le regard de leur foi dépasse ces obstacles et distingue nettement la grâce que Dieu réserve à un peuple qui ne la méritait en aucune façon.

Pour Jonathan, les ennemis sont des “incirconcis”, c’est-à-dire des hommes n’ayant aucune relation d’alliance avec Dieu3. Puis, il prononce ce beau témoignage : “Rien n’empêche l’Éternel de sauver” (verset 6). Connaissant l’amour et la puissance de Dieu, il comprend, sans commandement précis, quelle doit être sa conduite.

La foi compte sur la puissance et la présence de Dieu : verset 6b, 7

L’homme par nature se fie à lui-même, à ses plans, à sa sagesse. L’homme de foi se repose complètement et exclusivement sur Dieu. Attacher trop d’importance au nombre serait en fait douter implicitement de la puissance de Dieu : comparée aux ressources divines, même la plus grande union de forces humaines reste dérisoire. Une seule épée peut suffire, si elle est tenue par la main du Dieu Tout-puissant. La confiance de Jonathan est simple et totale. Voilà le secret de la victoire !

La foi de son écuyer répond à celle de JonathanAmos 3. 3. Elle nous invite à encourager nos frères qui ont à cœur de s’engager pour Dieu dans un travail qui peut être difficile et à les aider selon nos possibilités.

La foi attend la direction de Dieu : versets 8-10

“Nous nous montrerons à eux”, dit Jonathan. Ils agiront “à découvert”, en pleine lumière. La foi est courageuse, mais humble et sans témérité ni présomption. Le “peut-être” (verset 6) n’est pas une marque d’incertitude, mais de dépendance4. Il faut être prêt, soit à agir (verset 10), soit simplement à garder une position (verset 9). Une seule chose compte : l’obéissance. Dieu accepte le signe qui sera d’ailleurs donné par l’ennemi lui-même, à son insu. Ce qui pour lui est une “démonstration de perdition”, sera une indication de salut pour l’homme de DieuPhilippiens 1. 28.

La foi s’identifie au peuple de Dieu : versets 11, 12

S’étant montrés aux Philistins, Jonathan et son porteur d’armes essuient leurs moqueries acerbes contre ces lâches Hébreux qui s’étaient cachés5. Tout le peuple les méritait sauf eux deux. “Montez vers nous” : le signe est là, la volonté de Dieu est claire. Jonathan ne dit pas alors : “l’Éternel les a livrés en notre main”, mais “en la main d’Israël”. Il s’identifie à tout le peuple. Comme Dieu, il a le peuple dans son cœur. Nous avons, par la foi, à ignorer le défi des moqueries, hélas justifiées, proférées à l’encontre de l’Église en ruine. Mais comme Josué, Caleb, et ici Jonathan, ne nous laissons pas gagner par la démission générale. Soyons, par la foi, des vainqueurs du monde.

La foi a l’énergie pour obéir : versets 13-15

Peu importe aux grimpeurs les blessures causées aux mains et aux pieds par les rochers. Rien n’arrêtera leur ascension. C’est un beau tableau de la croissance du chrétien, en position précaire, mais protégé et gardé par celui qui l’aimePsaume 116. 8.

Ils n’arrivent au sommet que pour voir la délivrance opérée par l’Éternel. Leur épée ne sert qu’à affirmer une victoire remportée d’avancePsaume 18. 40, 41. La frayeur a changé de camp : des Israélites (13. 7), elle tombe sur les Philistins (verset 15).

La foi est récompensée : versets 16-22

Les sentinelles de la tour de guet de Guibha constatent la confusion aboutissant au carnage dans le camp ennemiJuges 7. 22 ; 2 Chroniques 20. 22 ; Aggée 2. 22 ; Zacharie 14. 13. Saül, complètement étranger à ce qui se passe, tout étonné, cherche une explication humaine mais ne peut que constater l’absence de deux personnes à l’appel. Il se décide alors à consulter Dieu6. Saül est incohérent : il s’interrompt au milieu de sa requête du fait du tumulte croissant. Il se passe de la réponse, estimant que les faits sont assez clairs.

La confusion des Philistins conduit au rassemblement du peuple qui achève une victoire déjà remportée sans lui. Même les traîtres ou prisonniers, appelés “Hébreux” (verset 21) et les timides, appelés Israélites (verset 22) participent à la poursuite de l’ennemi. La foi d’un très petit nombre peut donc avoir des effets bénéfiques pour une marche sainte, énergique et fidèle de tout un peuple.

Notes

1Malgré les premiers mots de ce chapitre, certains détails suggèrent qu’il fait historiquement suite directement au chapitre 13 : les 600 hommes avec Saül (13. 15 ; 14. 2), les Hébreux qui sortent de leurs cachettes (13. 6 ; 14. 11).
2Le “monde” est ici l’ensemble des principes moraux qui régissent les hommes dans l’indépendance de Dieu. Le monde religieux, symbolisé par Saül et Akhija, présente une apparence de piété ; mais en fait, lui non plus ne reconnaît pas à Dieu le gouvernement suprême.
3Voir le Complément sur la circoncision (volume 2).
4Le même sentiment est exprimé par Caleb (Josué 14. 12).
5Les Hébreux sont ici l’image des croyants qui, par peur de l’opprobre, ne témoignent pas de leur foi.
6La mention ici de l’arche est étonnante car elle était à Kiriath-Jéarim (7. 2) et il ne semble pas qu’elle en ait bougé. Il serait plutôt question de l’éphod (verset 3). La version des Septante a d’ailleurs “éphod” et non pas “arche” ; il s’agit peut-être d’une erreur de copiste.

1 Samuel 14

1Et il arriva qu’un jour Jonathan, fils de Saül, dit au jeune homme qui portait ses armes : Viens, et passons jusqu’au poste des Philistins qui est là, de l’autre côté ; mais il n’en avertit pas son père. 2Et Saül se tenait à l’extrémité de Guibha, sous un grenadier qui était à Migron ; et le peuple qui était avec lui était d’environ 600 hommes. 3Et Akhija, fils d’Akhitub, frère d’I-Cabod, fils de Phinées, fils d’Éli, sacrificateur de l’Éternel à Silo, portait l’éphod. Et le peuple ne savait pas que Jonathan s’en était allé.

4Et entre les passages par lesquels Jonathan cherchait à passer vers le poste des Philistins, il y avait une dent de rocher d’un côté, et une dent de rocher de l’autre côté : et le nom de l’une était Botsets, et le nom de l’autre Séné ; 5l’une des dents se dressait à pic du côté du nord, vis-à-vis de Micmash, et l’autre, du côté du midi, vis-à-vis de Guéba. 6Et Jonathan dit au jeune homme qui portait ses armes : Viens, et passons jusqu’au poste de ces incirconcis ; peut-être que l’Éternel opérera pour nous, car rien n’empêche l’Éternel de sauver, avec beaucoup ou avec peu [de gens]. 7Et celui qui portait ses armes lui dit : Fais tout ce qui est dans ton cœur ; va où tu voudrasa, voici, je suis avec toi selon ton cœur. 8Et Jonathan dit : Voici, nous allons passer vers ces hommes et nous nous montrerons à eux. 9S’ils nous disent ainsi : Tenez-vous là jusqu’à ce que nous vous joignions, alors nous nous tiendrons à notre place, et nous ne monterons pas vers eux ; 10et s’ils disent ainsi : Montez vers nous, alors nous monterons, car l’Éternel les aura livrés en notre main ; et ce sera pour nous le signe.

11Et ils se montrèrent les deux au poste des Philistins ; et les Philistins dirent : Voici les Hébreux qui sortent des trous où ils se sont cachés. 12Et les hommes du poste répondirent à Jonathan et à celui qui portait ses armes, et dirent : Montez vers nous, et nous vous ferons savoir quelque chose. Et Jonathan dit à celui qui portait ses armes : Monte après moi, car l’Éternel les a livrés en la main d’Israël. 13Et Jonathan monta avec ses mains et ses pieds, et celui qui portait ses armes après lui. Et ils tombèrent devant Jonathan, et celui qui portait ses armes les tuait après lui. 14Et ce premier coup que frappèrent Jonathan et celui qui portait ses armes, mit [par terre] b une vingtaine d’hommes, sur la moitié environ du sillon d’un arpent de terre. 15Et l’épouvantec fut dans le camp, dans la campagne et parmi tout le peuple ; le poste et les ravageurs, eux aussi, furent saisis d’épouvantec ; et le pays trembla, et ce fut une frayeur de Dieu.

16Et les sentinelles de Saül, qui étaient à Guibha de Benjamin, regardèrent, et voici, la multitude s’écoulait, et s’en allait, et ils s’entre-tuaientd. 17Et Saül dit au peuple qui était avec lui : Faites donc l’appel, et voyez qui s’en est allé d’avec nous. Et ils firent l’appel ; et voici, Jonathan n’y était pas, ni celui qui portait ses armes. 18Et Saül dit à Akhija : Fais approcher l’archee de Dieu (car l’arche de Dieu était en ce jour-là avec les fils d’Israël). 19Et il arriva que, pendant que Saül parlait au sacrificateur, le tumulte qui était dans le camp des Philistins allait toujours croissant ; et Saül dit au sacrificateur : Retire ta main.

20Et Saül et tout le peuple qui était avec lui furent assemblés à grands cris, et vinrent à la bataille ; et voici, l’épée de chacun était contre l’autre : ce fut une confusion terrible. 21Et il y avait, comme auparavant, des Hébreux parmi les Philistinsf, lesquels étaient montés avec eux dans le camp, [de tout] alentour, et eux aussi [se tournèrent] pour être avec Israël qui était avec Saül et Jonathan. 22Et tous les hommes d’Israël qui s’étaient cachés dans la montagne d’Éphraïm, entendirent que les Philistins fuyaient, et ils s’attachèrent, eux aussi, à leur poursuite dans la bataille.

Notes

alitt. : tourne-toi.
blitt. : fut de.
clitt. : tremblement.
dou : se dispersaient.
eqqs. lisent : l’éphod.
fou : qui appartenaient (comme esclaves) aux Philistins.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)