Plusieurs milliers de pages accessibles en format adapté aux lecteurs dyslexiques. Essayer maintenant
Bannière
Le premier livre de Samuel
Sondez les Écritures - 3e année

1 Samuel 12

Règne de Saül, roi selon la chair

3. Les adieux de Samuel et la prise de conscience du peuple

Introduction

Samuel va se retirer de la vie publique en tant que juge puisqu’il y aura désormais un roi. Mais il restera :

  • médiateur entre Dieu et le peuple, en tant que prophète et “messager de l’Éternel des armées” Malachie 2. 7 ;
  • fidèle intercesseur envers le peuple devant Dieu (verset 23).

Il réfute préventivement toute pensée de suspicion du peuple à son égard. Le but de cette mise au point préliminaire est de donner tout son poids moral à ses dernières paroles. Celles-ci seront en outre appuyées par Dieu lui-même au moyen d’un signe.

Le passé est ce qu’il est. Il est trop tard pour penser à effacer les infidélités anciennes des pères et les leurs. En revanche, il n’est jamais trop tard pour s’humilier profondément devant l’Éternel. Samuel ne cessera d’intercéder pour eux. Dans l’immédiat, ces paroles pleines de solennité et de grâce réveilleront leurs consciences et toucheront leurs cœurs. Mais pour combien de temps ? Le roi et son peuple seront mis à l’épreuve. Seront-ils fidèles ?

Le plaidoyer de Samuel pour lui même : versets 1-5

En ce jour de délivrance et de joie, Samuel désire que le peuple prenne bien conscience qu’il est l’objet de la pure miséricorde de Dieu et qu’il a commis un péché en demandant un roi. Il insiste sur la responsabilité des fils d’Israël : ce n’est pas lui mais eux qui ont réclamé ce changement de régime. Si, plus tard, ils regrettent leur requête, ils n’auront qu’à s’en prendre à eux-mêmes. En effet, quand les choses tournent mal, on cherche généralement d’autres responsables que soi (15. 15), comme AdamGenèse 3. 12, 13.

Puis Samuel établit un contraste pathétique : si le nouveau roi est jeune et vigoureux, lui-même est un vieillard aux cheveux blancs. N’avait-t-il pas été pour eux un fidèle berger, pour les conduire dans les sentiers de justice ? Il avait marché devant eux avec douceur, humilité, piété, cherchant le bien. Maintenant, un roi va marcher devant eux (verset 2) avec orgueil et égoïsme (8. 11-17). Samuel l’appelle pourtant l’oint de l’Éternel (versets 3, 5).

A la fin de son ministère, Samuel déclare être quitte envers le peuple. Comme Paul plus tard, il s’était toujours exercé à avoir une conscience sans reproche devant euxActes 24. 16. Il leur fait constater sa droiture et son désintéressement. Il n’avait jamais accepté le moindre présent, comme d’autres hommes de DieuGenèse 14. 22, 23 ; Exode 23. 8 ; 2 Rois 5. 16 ; Néhémie 5. 15 ; Ésaïe 33. 15 ; Actes 20. 33, 34, contrairement à ses fils (8. 3) et à Saül (8. 10-17).

Le plaidoyer de Samuel pour Dieu : versets 6-15

Si Samuel peut demander au peuple de comparaître devant Dieu, c’est bien parce qu’à l’autorité officielle due à sa fonction (reçue de la part de Dieu), s’ajoutait une autorité morale due à sa personne et reconnue de tous. C’est encore vrai de nos jours : les paroles d’un ouvrier du Seigneur n’ont de valeur que si elles sont en cohérence avec sa marche.

Samuel fait alors (versets 8-11) un rappel historique et, pour prendre en quelque sorte la défense de Dieu, il présente quatre arguments au peuple :

  • La première grande délivrance qu’il ne fallait jamais oublier, celle d’Égypte (verset 8) : “Souvenez-vous de ce jour auquel vous êtes sortis d’Égypte, de la maison de servitude” Exode 13. 3. Ce souvenir n’était-il pas à même de raviver les affections du peuple pour son Dieu comme l’est pour nous, le souvenir de la croix ?
  • Les infidélités et les ingratitudes de leurs pères (verset 9) : leur oubli de Dieu avait amené inéluctablement leur défaite devant trois ennemis, dont le sens spirituel est pour nous une sérieuse mise en garde : le diable (représenté ici par Sisera qui signifie “ordre de bataille”), la chair qui se mêle des choses de Dieu (ici, les Philistins, l’ennemi intérieur) et enfin, le monde avec sa convoitise (symbolisé par Moab).
  • Le cri de repentance et la confession (verset 10) : Samuel rappelle textuellement le cri poussé antérieurement par le peupleJuges 10. 10.
  • La miséricorde inlassable de Dieu (verset 11) : l’Éternel envoya des sauveurs. Quatre sont cités ici, sans ordre chronologique : les trois premiers (Gédéon ou Jerubbaal, Barak ou Bedan et Jephthé) n’étaient pas plus forts que les autres, mais, “de faibles qu’ils étaient, furent rendus vigoureux” Hébreux 11. 34. Enfin Samuel se cite lui-même, bien que n’étant pas un homme de guerre, mais un intercesseur victorieux.
  • Ensuite (verset 12), Samuel met en contraste sa droiture incontestable avec la mauvaise foi du peuple. Les vraies raisons de son désir d’un roi étaient la crainte de Nakhash et leur absence de foi en Dieu. Les raisons invoquées précédemment (8. 5) n’étaient que des prétextes. Et pour la deuxième fois il leur rappelle leur “non” à l’Éternel (8. 19 ; 10. 19). L’Éternel était leur roi. Quel pauvre échange avaient-ils fait ! Préférer se confier à un bras de chair visible plutôt qu’à la main forte d’un Dieu invisibleJérémie 17. 5-8. Lorsque nous mettons en jeu la sagesse du monde et les moyens humains, en oubliant le secours de celui dans la main duquel nous sommes, nous aussi nous leur ressemblons.
  • Par ailleurs, la présence d’un roi n’enlève par la responsabilité du peuple d’obéir encore à Dieu ; les mises en garde (versets 13, 14, 15) de Samuel envisagent deux éventualités, comme Moïse autrefoisDeutéronome 11. 29 ; 27 ; 28 : “si vous craignez l’Éternel” (verset 14), ou “si vous n’écoutez pas la voix de l’Éternel” (verset 15).

Le mal commis en demandant un roi peut malgré tout tourner en bien si le peuple se soumet à l’Éternel. Il y aura alors paix et bénédiction.

Le verdict divin : versets 16-19

Dieu lui-même va confirmer les paroles de Samuel par un signe comme plus tard le Seigneur le fera pour les apôtresMarc 16. 20 ; Hébreux 2. 4.

Alors que le temps de la moisson est une période sans pluie, Samuel annonce l’arrivée d’un orage d’hiver1. Ce signe, arrivant le jour même, convainc le peuple qui est saisi d’une crainte salutaire : il confesse sa faute et demande les prières de Samuel. La confession et l’intercession sont le chemin vers le relèvement. Notons en passant qu’on ne voit jamais le peuple demander à Saül de prier pour lui.

Les paroles d’adieu de Samuel : versets 20-25

Quelle noblesse dans ces dernières paroles ! Samuel avait eu le souci de tempérer la joie excessive de la victoire (11. 15) en amenant le peuple à une sincère repentance. Maintenant il l’encourage : “Ne craignez pas”. Le jugement n’est plus à craindre, s’il y a eu repentance. Ce n’est pas Samuel, mais l’Éternel seul qu’il faut craindre (versets 18, 24).

Samuel accompagne ses encouragements d’exhortations et de promesses fondées sur les ressources divines. Il faut rejeter les vanités mensongères (verset 21) et tourner son cœur vers les vrais biens : le bon plaisir de la volonté de Dieu, la prière, l’enseignement de la Parole (versets 22, 23). Ne sommes-nous pas aussi au bénéfice des mêmes bénédictions ? Mais une telle grâce, loin d’engendrer du relâchement, produit une sainte crainte et une marche dans la justice pratiquePsaume 130. 4 ; Tite 2. 12 ; Hébreux 12. 14 ; 1 Pierre 1. 15-17.

Toutefois, au-dessus de toutes nos faiblesses et de notre marche souvent chaotique, quelle assurance de savoir que notre Seigneur (dont Samuel est ici une si belle figure) intercède dans le ciel pour nous, sans jamais se lasserHébreux 7. 25 !

Notes

1Le tonnerre figure le jugement de l’Éternel et la pluie pendant la moisson, qui risque d’anéantir les récoltes, représente la malédiction.

1 Samuel 12

1Et Samuel dit à tout Israël : Voici, j’ai écouté votre voix en tout ce que vous m’avez dit, et j’ai établi un roi sur vous. 2Et maintenant, voici, le roi marche devant vous ; et moi, je suis vieux et j’ai blanchi ; et voici, mes fils sont avec vous ; et moi, j’ai marché devant vous depuis ma jeunesse jusqu’à ce jour. 3Me voici, témoignez contre moi, devant l’Éternel et devant son oint. De qui ai-je pris le bœuf ? ou de qui ai-je pris l’âne ? ou à qui ai-je fait tort ? à qui ai-je fait violence ? ou de la main de qui ai-je pris un présenta pour que par lui j’aie fermé mes yeux ? et je vous le rendrai. 4Et ils dirent : Tu ne nous as point fait tort, et tu ne nous as point fait violence, et tu n’as rien pris de la main de personne. 5Et il leur dit : L’Éternel est témoin contre vous, et son oint est témoin aujourd’hui, que vous n’avez rien trouvé dans ma main. Et ils dirent : [Il en est] témoin.

6Et Samuel dit au peuple : C’est l’Éternel qui a établi Moïse et Aaron, et qui a fait monter vos pères du pays d’Égypte. 7Et maintenant, présentez-vous, et je vous jugerai devant l’Éternel au sujet de tous les actes justes de l’Éternel, qu’il a opérés envers vous et envers vos pères. 8Quand Jacob fut entré en Égypte, vos pères crièrent à l’Éternel, et l’Éternel envoya Moïse et Aaron ; et ils firent sortir vos pères hors d’Égypte, et les firent habiter dans ce lieu-ci. 9Et ils oublièrent l’Éternel, leur Dieu, et il les vendit en la main de Sisera, chef de l’armée de Hatsor, et en la main des Philistins, et en la main du roi de Moab, qui leur firent la guerre. 10Et ils crièrent à l’Éternel, et dirent : Nous avons péché ; car nous avons abandonné l’Éternel, et nous avons servi les Baals et les Ashtoreths. Et maintenant, délivre-nous de la main de nos ennemis, et nous te servirons. 11Et l’Éternel envoya Jerubbaal, et Bedanb, et Jephthé, et Samuel, et il vous délivra de la main de vos ennemis tout autour, et vous avez habité en sécurité. 12Et vous avez vu que Nakhash, roi des fils d’Ammon, venait contre vous, et vous m’avez dit : Non, mais un roi régnera sur nous, – et l’Éternel, votre Dieu, était votre roi. 13Et maintenant, voici le roi que vous avez choisi, que vous avez demandé ; et voici, l’Éternel a mis un roi sur vous. 14Si vous craignez l’Éternel et que vous le serviez, et que vous écoutiez sa voix, et que vous ne soyez pas rebelles au commandementc de l’Éternel, alors vous, et le roi qui règne sur vous, vous irez après l’Éternel, votre Dieu. 15Mais si vous n’écoutez pas la voix de l’Éternel, et si vous vous rebellez contre le commandementc de l’Éternel, alors la main de l’Éternel sera contre vous comme contre vos pères. 16Aussi, tenez-vous là maintenant, et voyez cette grande chose que l’Éternel va opérer devant vos yeux. 17N’est-ce pas aujourd’hui la moisson des froments ? Je crierai à l’Éternel, et il enverra des tonnerres et de la pluie ; et vous saurez et vous verrez que le mal que vous avez fait est grand aux yeux de l’Éternel, d’avoir demandé un roi pour vous.

18Et Samuel cria à l’Éternel, et l’Éternel envoya des tonnerres et de la pluie, ce jour-là ; et tout le peuple craignit beaucoup l’Éternel et Samuel. 19Et tout le peuple dit à Samuel : Prie l’Éternel, ton Dieu, pour tes serviteurs, afin que nous ne mourions point ; car, à tous nos péchés, nous avons ajouté ce mal d’avoir demandé un roi pour nous. 20Et Samuel dit au peuple : Ne craignez pas. Vous avez fait tout ce mal, seulement ne vous détournez pas ded l’Éternel, et servez l’Éternel de tout votre cœur ; 21et ne vous détournez point, car [ce serait vous en aller] après des choses de néant, qui ne profitent pas et ne délivrent pas, car ce sont des choses de néant. 22Car l’Éternel, à cause de son grand nom, n’abandonnera point son peuple, parce que l’Éternel s’est plu à faire de vous son peuple. 23Quant à moi aussi, loin de moi que je pèche contre l’Éternel, que je cesse de prier pour vous ; mais je vous enseignerai le bon et le droit chemin. 24Seulement, craignez l’Éternel, et servez-le en vérité, de tout votre cœur ; car voyez quelles grandes choses il a faites pour vous. 25Mais si vous vous adonnez au mal, vous périrez, vous et votre roi.

Notes

aailleurs : rachat, rançon.
bqqs. pensent qu’on devrait lire : Barak.
clitt. : la bouche.
dlitt. : d’après.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)