Samuel va se retirer de la vie publique en tant que juge puisqu’il y aura désormais un roi. Mais il restera :
Il réfute préventivement toute pensée de suspicion du peuple à son égard. Le but de cette mise au point préliminaire est de donner tout son poids moral à ses dernières paroles. Celles-ci seront en outre appuyées par Dieu lui-même au moyen d’un signe.
Le passé est ce qu’il est. Il est trop tard pour penser à effacer les infidélités anciennes des pères et les leurs. En revanche, il n’est jamais trop tard pour s’humilier profondément devant l’Éternel. Samuel ne cessera d’intercéder pour eux. Dans l’immédiat, ces paroles pleines de solennité et de grâce réveilleront leurs consciences et toucheront leurs cœurs. Mais pour combien de temps ? Le roi et son peuple seront mis à l’épreuve. Seront-ils fidèles ?
En ce jour de délivrance et de joie, Samuel désire que le peuple prenne bien conscience qu’il est l’objet de la pure miséricorde de Dieu et qu’il a commis un péché en demandant un roi. Il insiste sur la responsabilité des fils d’Israël : ce n’est pas lui mais eux qui ont réclamé ce changement de régime. Si, plus tard, ils regrettent leur requête, ils n’auront qu’à s’en prendre à eux-mêmes. En effet, quand les choses tournent mal, on cherche généralement d’autres responsables que soi (15. 15), comme AdamGenèse 3. 12, 13.
Puis Samuel établit un contraste pathétique : si le nouveau roi est jeune et vigoureux, lui-même est un vieillard aux cheveux blancs. N’avait-t-il pas été pour eux un fidèle berger, pour les conduire dans les sentiers de justice ? Il avait marché devant eux avec douceur, humilité, piété, cherchant le bien. Maintenant, un roi va marcher devant eux (verset 2) avec orgueil et égoïsme (8. 11-17). Samuel l’appelle pourtant l’oint de l’Éternel (versets 3, 5).
A la fin de son ministère, Samuel déclare être quitte envers le peuple. Comme Paul plus tard, il s’était toujours exercé à avoir une conscience sans reproche devant euxActes 24. 16. Il leur fait constater sa droiture et son désintéressement. Il n’avait jamais accepté le moindre présent, comme d’autres hommes de DieuGenèse 14. 22, 23 ; Exode 23. 8 ; 2 Rois 5. 16 ; Néhémie 5. 15 ; Ésaïe 33. 15 ; Actes 20. 33, 34, contrairement à ses fils (8. 3) et à Saül (8. 10-17).
Si Samuel peut demander au peuple de comparaître devant Dieu, c’est bien parce qu’à l’autorité officielle due à sa fonction (reçue de la part de Dieu), s’ajoutait une autorité morale due à sa personne et reconnue de tous. C’est encore vrai de nos jours : les paroles d’un ouvrier du Seigneur n’ont de valeur que si elles sont en cohérence avec sa marche.
Samuel fait alors (versets 8-11) un rappel historique et, pour prendre en quelque sorte la défense de Dieu, il présente quatre arguments au peuple :
Le mal commis en demandant un roi peut malgré tout tourner en bien si le peuple se soumet à l’Éternel. Il y aura alors paix et bénédiction.
Dieu lui-même va confirmer les paroles de Samuel par un signe comme plus tard le Seigneur le fera pour les apôtresMarc 16. 20 ; Hébreux 2. 4.
Alors que le temps de la moisson est une période sans pluie, Samuel annonce l’arrivée d’un orage d’hiver1. Ce signe, arrivant le jour même, convainc le peuple qui est saisi d’une crainte salutaire : il confesse sa faute et demande les prières de Samuel. La confession et l’intercession sont le chemin vers le relèvement. Notons en passant qu’on ne voit jamais le peuple demander à Saül de prier pour lui.
Quelle noblesse dans ces dernières paroles ! Samuel avait eu le souci de tempérer la joie excessive de la victoire (11. 15) en amenant le peuple à une sincère repentance. Maintenant il l’encourage : “Ne craignez pas”. Le jugement n’est plus à craindre, s’il y a eu repentance. Ce n’est pas Samuel, mais l’Éternel seul qu’il faut craindre (versets 18, 24).
Samuel accompagne ses encouragements d’exhortations et de promesses fondées sur les ressources divines. Il faut rejeter les vanités mensongères (verset 21) et tourner son cœur vers les vrais biens : le bon plaisir de la volonté de Dieu, la prière, l’enseignement de la Parole (versets 22, 23). Ne sommes-nous pas aussi au bénéfice des mêmes bénédictions ? Mais une telle grâce, loin d’engendrer du relâchement, produit une sainte crainte et une marche dans la justice pratiquePsaume 130. 4 ; Tite 2. 12 ; Hébreux 12. 14 ; 1 Pierre 1. 15-17.
Toutefois, au-dessus de toutes nos faiblesses et de notre marche souvent chaotique, quelle assurance de savoir que notre Seigneur (dont Samuel est ici une si belle figure) intercède dans le ciel pour nous, sans jamais se lasserHébreux 7. 25 !