Samuel oint Saül. Cette huile de l’onction nous parle du Saint Esprit, seule source de puissance pour assurer tout service1. Samuel utilise, non pas une corne d’huile comme pour David, mais une fiole, objet plus petit, manufacturé et fragile : il rappelle la vulnérabilité de la nature humaine.
Samuel embrasse Saül en gage de l’affection et de l’intérêt qu’il porte à celui que Dieu lui-même a revêtu de son autorité. Saül est l’oint de l’Éternel, son représentant devant le peuple. Il en est le prince, donc il en a la charge. Mais ce peuple est l’héritage de Dieu. C’est donc à Dieu qu’il lui faudra rendre compte.
Retenons cette leçon : un grand honneur et un grand privilège impliquent une plus grande responsabilité.
L’onction de Saül, accomplie par Samuel sans amertume ni réserve, signifiait clairement la désignation du roi.
Alors le prophète le renvoie en lui indiquant son chemin qui sera jalonné de “poteaux indicateurs”. Les différentes rencontres prédites prouveront à Saül que Samuel, qu’il ne connaissait pas jusqu’alors, était bien un homme de Dieu. Mais elles auront surtout valeur de signes.
Au tombeau, Saül rencontre deux hommes porteurs de deux bonnes nouvelles : les ânesses sont retrouvées et son père s’inquiète pour lui. Pour nous, cela signifie que nos efforts ne servent à rien parce que Dieu a déjà tout fait pour nous et que nous avons maintenant l’assurance de l’amour de notre Père céleste.
Contrairement à Saül qui n’avait rien eu à offrir à Samuel, les trois hommes pieux rencontrés n’ont pas les mains vides :
Puis l’Esprit descendra et saisira Saül. Il va prophétiser, sera transformé et pourra marcher dans la dépendance directe de Dieu qui sera avec lui. La descente à Guilgal est reportée à plus tard, pour le préparer au combat (13. 4). La présence de Samuel sera alors de nouveau nécessaire et Saül devra l’attendre, pendant sept jours, une période complète de temps.
Pendant les deux ans environ qui vont suivre, Saül reprendra vraisemblablement sa vie champêtre ordinaire (versets 7, 26, 11. 5).
Tout arrive comme Samuel l’avait annoncé. Non seulement Saül prophétise, mais il est changé en un autre homme (verset 6) : “Dieu lui change son cœur en un autre” (verset 9). Cette transformation accomplie par Dieu pour rendre le roi capable de régner sur le peuple, n’implique pas la communication de la vie divine. Sinon, comment expliquer cette terrible déclaration, à la mort du roi : “Et Saül mourut dans son péché” 1 Chroniques 10. 13 ?
Les trois signes prévus se réalisent donc exactement, et en un seul jour. Toutefois, seul le troisième est décrit à nouveau dans ce paragraphe. Saül est saisi par l’Esprit de Dieu, ce qui ne manque pas de surprendre l’entourage. En effet le “coteau de Dieu” est à Guibha, la ville de Saül (11. 5). L’étonnement de ses compatriotes laisse à penser qu’on n’avait encore jamais vu chez Saül un grand intérêt pour les choses de Dieu. Le proverbe composé à cette occasion montre le scepticisme un peu ironique de ces hommes.
Pourtant le fait est flagrant : Saül prophétise. La question de fond est bien celle-ci : “Qui est leur père” ? Saül a-t-il le même père spirituel que les autres prophètes ? On peut dire qu’il est “devenu participant du Saint Esprit” Hébreux 6. 5 mais qu’il est ensuite “tombé”, sans posséder véritablement la vie éternelle.
Cette rencontre est significative. Elle aurait été une belle occasion de rendre témoignage. Or Saül ne parle à son oncle ni de Samuel, ni de ses paroles, ni de ses actes, ni de son onction, ni du Saint Esprit qui l’avait saisi. Il ne fait mention que des ânesses retrouvées, ce qui avait bien peu d’importance au regard de tout ce qui lui était arrivé.
Afin que le roi soit reconnu de tous, Samuel convoque les fils d’Israël devant l’Éternel à Mitspa où la stèle Ében-Ézer témoignait de la constante fidélité de Dieu. Maintenant, elle sera aussi le témoin de leur rejet de ce Dieu fidèle. En quelques mots, Samuel leur reproche leur ingratitude et leur dureté de cœur.
De toute façon il est maintenant trop tard. Le roi sera désigné par le sort car “on jette le sort dans le giron, mais toute décision est de par l’Éternel” Proverbes 16. 33. Saül, se sachant d’avance désigné, se cache et il faut que l’Éternel le fasse trouver. Est-ce une preuve d’humilité ou de lâcheté ? Quoi qu’il en soit, le peuple, heureux d’avoir un roi qui réponde à ses critères extérieurs, l’admire et l’acclame.
Samuel écrit le droit du royaume, probablement les paroles prononcées précédemment (8. 10-18) auxquelles il a peut-être ajouté les instructions de la loi de MoïseDeutéronome 17. 14-20.
Dieu, dans sa grâce, incline la plupart des cœurs à se soumettre à l’ordre qu’il vient d’établir et à lui offrir des dons (comp. 9. 20). Mais des hommes de rien (des “fils de Bélial”) ont envers lui une attitude méprisante et insultante. Saül ne s’en irrite pas, mais montre une lenteur à la colère qui est pour nous un exempleEcclésiaste 7. 21.