Les détails donnés au début du chapitre correspondent sans aucun doute à des circonstances bien réelles. Il est possible aussi d’y voir, par allégorie, une description de l’état moral d’Israël à cette époque :
Les deux premières fois que l’Éternel appelle Samuel, ni lui, ni le sacrificateur âgé ne comprennent que c’est Dieu qui parle. Triste et humiliante situation pour Éli qui est le premier concerné par le message et qui était censé être l’intermédiaire entre Dieu et le peuple ! Dieu est obligé de choisir un autre médiateur et il prend cet enfant. Si les plus âgés sont défaillants, le Seigneur peut leur retirer leur service et le confier à de plus jeunes, dont il utilise la ferveur et la pureté de cœur.
Admirons la promptitude et la spontanéité de Samuel qui se lève en courant. Il est immédiatement disposé à interrompre son repos pour servir. Quel bel exemple pratique pour nous ! Quatre fois il dira : “Me voici” (versets 5, 6, 8, 17), comme plus tard le jeune ÉsaïeÉsaïe 6. 8. Jusqu’à présent, Samuel s’était montré fidèle dans les petites choses (verset 1). Il servait certainement pour des charges subalternes, indépendantes du culte car il n’avait pas l’âge d’entrer dans la fonction de léviteNombres 8. 24. Des charges plus grandes vont lui être confiées. C’est un exemple encourageant pour tous, et spécialement pour les jeunes chrétiens1 Timothée 3. 13.
Cependant, avant d’entrer dans un rôle public, il fallait que Samuel ait une relation personnelle avec Dieu, une rencontre intime avec lui. “Samuel ne connaissait pas encore l’Éternel” (verset 7). Pour lui, la voix de Dieu passait encore par Éli. Et Dieu, avec patience, répète son appel. Instruit par Éli, Samuel peut enfin répondre : “Parle, Seigneur, car ton serviteur écoute”. Belle attitude : ne devrait-elle pas toujours être la nôtre ? On peut faire un parallèle entre cette scène et la situation d’enfants de familles chrétiennes : protégés par leurs parents (comme Samuel vivait à l’abri dans le temple), ils doivent avoir une expérience personnelle avec le Seigneur, une relation directe avec lui par sa parole et ne plus dépendre entièrement de leurs parents pour entendre la voix de Dieu.
Quelle nuit mémorable pour le petit Samuel ! Certaines veilles de la nuit sont riches de conséquencesEsther 6. 1-9 ; Psaume 63. 6. A la quatrième fois, Samuel s’entend appelé deux fois par son nom. Il ne s’agissait pas d’un rêve mais vraiment d’une voix audible. “Samuel ! Samuel !” Cette répétition signifie toujours que Dieu va annoncer des choses importantes2. Samuel apprend ainsi que Dieu connaît chacun par son nomÉsaïe 43. 1 ; Jean 10. 3.
Samuel, animé d’une sainte crainte, devient le détenteur des secrets de l’ÉternelPsaume 25. 14. En fait, Dieu ne fait que répéter l’annonce du jugement qui avait déjà été révélé à Éli par l’homme de Dieu (2. 27-36) ; mais deux témoins sont nécessaires pour établir un témoignage valable.
L’Éternel va visiter son peuple en grâce mais aussi par des signes et des prodiges comme autrefois. Cette œuvre de Dieu en jugement, un “travail inaccoutumé” Ésaïe 28. 21, sera pleinement achevée (verset 12), comme tout ce que Dieu fait. Le verset 13 en donne les motifs. Le jugement d’Éli est sans appel, car il est assorti d’un serment : il n’y a pas de propitiation possible (verset 14) Deutéronome 33. 9.
Cet enseignement s’applique toujours au témoignage de Dieu. La chrétienté est irrémédiablement ruinée. Dieu commence par juger sa maisonHébreux 10. 26, 27, 30 ; 1 Pierre 4. 17. Soyons donc attentifs pour nous repentir quand il est encore temps.
Dieu ne demande pas à Samuel de transmettre ses paroles à Éli3. Dans sa miséricorde, Dieu permet qu’Éli prenne lui-même l’initiative. Son premier message sera celui du malheur annoncé à son propre tuteur. C’est sa première épreuve formatrice en vue des responsabilités plus lourdes qui l’attendent. Il rapportera tout fidèlement, comme Paul plus tardActes 20. 20.
Dans une attitude pleine d’humilité, Éli se soumet, sans murmure ni récrimination. Il reconnaît la souveraineté de Dieu et sa justice dans le jugement qui l’atteint.
La croissance de Samuel se poursuit (2. 21, 26 ; verset 19). Il se nourrit de la parole de Dieu1 Pierre 2. 1. De même aujourd’hui, notre croissance spirituelle dépend entre autres de notre diligence à lire la Bible.
Samuel a été fidèle dans son premier témoignage vis-à-vis d’Éli. Son service s’étend (verset 20). De même, tout service commence dans le domaine familialMarc 5. 19 avant de s’élargir au dehors. Samuel devient le premier des prophètes2 Chroniques 35. 18 ; Actes 3. 24 et en même temps il est le dernier des juges (7. 15), prenant la suite d’un autre nazaréen, Samson, qui avait failli à sa mission. Dieu communique à nouveau avec son peuple par l’intermédiaire de Samuel, montrant ainsi sa grâce dans un temps de déclin.