Combien est saisissante cette croissance de l’enfant Samuel dans cette aride ambiance de corruption qui s’étendait jusqu’à la sacrificature. Toute la tête était maladeÉsaïe 1. 5 : ceux qui étaient à la “tête” du peuple étaient les plus dépravés.
Les six paragraphes de cette section mettent en contraste :
Dieu met en lumière la turpitude des fils d’Éli, appelés ici fils de Bélial, c’est-à-dire fils d’iniquitéDeutéronome 13. 14. Quel terrible verdict, qui rappelle le jugement du Seigneur à l’égard des Juifs : “Vous avez pour père le diable” Jean 8. 44.
Hophni et Phinées péchaient contre le peuple mais aussi contre Dieu. Ils volaient le peuple (versets 13, 14), mais ils volaient aussi Dieu (versets 15, 16, 29). Profitant de leur position d’autorité, ils satisfaisaient à leurs convoitises1Lévitique 3. 3-5, 14-16, en se servant les premiers (versets 15-16) ; de plus, ils dépassaient la part qui leur était affectée par la loiLévitique 7. 31-36. Ils violaient ainsi la conscience de l’Israélite qui, lui aussi, connaissait la loi (verset 16).
Hélas, au cours des siècles, une telle attitude a été imitée. Le Seigneur l’a vertement dénoncée à plusieurs reprises :
N’avons-nous pas encore besoin, de nos jours, des exhortations à l’encontre des “gains honteux” 1 Timothée 6. 5 ; 1 Pierre 5. 2 ?
La conscience des fils d’Éli, hommes sans piété, s’était endurcie au contact des choses saintes. Aucune crainte dans leur sacrilège ! Cupidité, souillure, violence, tout s’ajoutait pour constituer un scandale permanent. “Ils méprisaient l’offrande” : cette attitude explique tout le reste. Leur attitude détournait le peuple de l’Éternel. C’est encore vrai aujourd’hui : un ministère exercé sans fidélité ni sainteté est une grande pierre d’achoppement pour les croyants, particulièrement pour les faibles.
Il était normal qu’on rapportât au père la conduite coupable de ses fils. La sacrificature, dont le rôle était de maintenir la sainteté, était devenue un instrument de souillure pour tout le peuple, car le scandale était connu. On se serait attendu à une réaction énergique de la part de la plus haute dignité en Israël. Au contraire, sa répréhension est bien faible ! Clairvoyant pour juger sainement le mal, il n’a pas l’énergie de l’ôter ; ainsi, il s’en rend involontairement solidaire. C’est pourquoi il sera lui-même sévèrement jugé. Il n’a pas fait usage de l’autorité dont Dieu l’avait investi. De même, de nos jours, l’assemblée doit ôter le mal du milieu d’elle-même, selon l’autorité que le Seigneur lui confie.
La situation durait depuis trop longtemps, et la conscience des fils d’Éli ne sera pas réveillée par les saines paroles de leur père (verset 25). Dans un complet aveuglement, ils courent au-devant du jugement. Leur attitude, empreinte d’insolence, de cynisme, de provocation mêmeDaniel 5. 2, explique la terrible déclaration : “c’était le bon plaisir de l’Éternel de les faire mourir” ; ils avaient en effet lassé la patience même de DieuÉsaïe 7. 13. C’est ainsi que de nos jours, beaucoup d’hommes s’adonnent au péché dans une parfaite tranquillité, sans craindre un Dieu qu’ils ignorent. Ils ne savent pas que tout péché est “contre Dieu” (verset 25), même s’il paraît d’abord être commis contre un homme.
Quant à Éli, le sacrificateur, malgré son âge et sa fatigue, il demeurait pleinement responsable. Tout chrétien est aussi un sacrificateur. Suivant sa conduite, il détournera de l’iniquité beaucoup de gens ou les fera broncherMalachie 2. 6-8.
Comme pour Jéroboam plus tard1 Rois 13. 1, un homme de Dieu est envoyé à Éli avec un message terrible et sans appel. Premier responsable, Éli doit être informé le premier. L’homme de Dieu lui rappelle d’abord la parfaite grâce de Dieu en faveur de sa tribu (Lévi), et de sa famille (Aaron) (versets 27, 28). Ensuite, il reproche à Éli son ingratitude et son mépris pour les privilèges qu’il avait reçus. Sa faiblesse pour ses fils le rend personnellement responsable : il les honorait plus que Dieu ! Or, “celui qui aime père ou mère plus que moi n’est pas digne de moi”, dira le SeigneurMatthieu 10. 37. En contraste, Anne faisait passer l’Éternel avant son fils unique. Tous les fils de Lévi, aussi, avaient fait passer autrefois les intérêts de l’Éternel avant ceux de leurs famillesExode 32. 26.
Après avoir présenté le passé et le présent, l’homme de Dieu annonce le futur : le jugement de la maison d’Éli et celui de toute la lignée d’Ithamar, fils d’Aaron. Ce jugement ne va pas tarder, mais il se produira en plusieurs étapes :
En outre, ceux qui échapperont au jugement seront à la merci du nouveau sacrificateur (verset 36). En effet, la lignée d’Ithamar sera remplacée par celle d’Éléazar son frère (verset 35). Elle comprendra des éléments fidèles : PhinéesNombres 25. 7, Tsadok1 Rois 1. 8, EsdrasEsdras 7. 5.
En fait, la promesse divine (verset 35) ne sera pleinement réalisée qu’en celui qui, pendant le règne de mille ans, sera sacrificateur sur son trône, le Seigneur lui-mêmeZacharie 6. 13.
Au milieu de cette situation désolante, Samuel grandit harmonieusement, sous la protection de la grâce et de la puissance de Dieu. Il se prosterne devant l’Éternel (1. 28), il sert l’Éternel (verset 11), il sert devant l’Éternel (verset 18), enfin, en grandissant, il est agréable à l’Éternel (verset 26).
Un éphod de lin lui est fourni pour son service dans le sanctuaire (verset 18). C’est le vêtement par excellence du sacrificateur, car Samuel a joué ce rôle de sacrificateur « par intérim ».
Le vêtement lui était fourni par sa mère, chaque année, adapté à sa taille (verset 19). Il évoque le rôle éducatif des parents, de la mère surtout dans les premières années. L’enseignement doit s’adapter aux besoins et à l’âge de l’enfant. Il est d’autant plus nécessaire que le milieu dans lequel les enfants grandissent est corrompu et souillé. C’était le cas pour Samuel, témoin de l’inconduite des fils d’Éli et recevant l’instruction d’un homme qui avait complètement failli à sa mission envers ses fils. C’est bien aussi le cas pour les jeunes de notre époque, témoins de la dégradation croissante de la moralité et soumis à un enseignement humain qui s’éloigne toujours plus des principes chrétiens.
Samuel a commencé très jeune à servir Dieu. Aucun détail n’est donné sur la forme de ce service, cependant il était utile. Il n’y a pas d’âge pour commencer à servir le Seigneur. Un enfant, habitué très jeune à se tenir avec ses parents dans la présence du Seigneur, sera rendu apte très tôt à être un témoin de Jésus. Ayons donc à cœur, dans la mesure du possible, d’amener nos enfants dans le rassemblement et de les associer à notre service.
Les versets 20 et 21 illustrent le principe du verset 30b, qui reste toujours valable : notre Dieu n’est jamais le débiteur de personneMalachie 3. 10. Honorons-le donc dans toute notre conduite.