Comme le Psaume 135, le Psaume 136 est un complément aux cantiques des degrés. Tous deux célèbrent l’inauguration du règne millénaire. Plusieurs thèmes leur sont communs : Dieu le créateur, le rédempteur d’Israël, le libérateur de l’héritage. Cependant, le Psaume 135 met l’accent sur la gloire de Dieu, alors que le Psaume 136 souligne sa bonté qui demeure éternellement.
La construction de ce dernier cantique permet de penser que plusieurs chœurs s’entre-répondent :
Un premier chœur célèbre successivement les titres de Dieu (versets 1-3), puis ses actes en création (versets 4-9), en délivrance pour Israël (versets 10-22), en miséricorde pour son peuple et pour tous les êtres vivants (versets 23-25).
L’ensemble du peuple répond au chœur par un refrain qu’il reprend dans chacun des vingt-six versets : “car sa bonté demeure à toujours”, ce qui donne une grande solennité à cette hymne de toute la nation d’Israël.
La dernière strophe du psaume précédent était une pressante invitation : “Maison d’Israël, maison d’Aaron, maison de Lévi, bénissez l’Éternel !” (135. 19, 20). Ici, le premier thème de la louange est une réponse à cet appel. Dieu y est célébré comme l’Éternel (verset 1), le Dieu des dieux (verset 2), le Seigneur des seigneurs (verset 3), puis tout à la fin du psaume, comme le Dieu des cieux (verset 26).
Dans le passé, Moïse avait souligné plusieurs de ces titres de l’Éternel devant la jeune génération qui allait entrer en CanaanDeutéronome 10. 17-22 dans l’intention de la sensibiliser aux droits de Dieu sur elle. Aussitôt après, Moïse avait rappelé la grande bonté de Dieu pour Israël.
Maintenant, le peuple nouveau, de retour dans sa patrie, reprend ces mêmes thèmes : il célèbre les titres d’un Dieu qui doit être craint, mais il n’oublie pas que, sans la bonté divine qui demeure à toujours, jamais Israël n’aurait recouvré sa terre et son culte.
Commence alors une énumération des actes de bonté de l’Éternel depuis les temps anciens.
Déjà, la première page de la Genèse décrit les merveilles de la création. Bien des passages de l’Écriture en feront le rappel. Ici, un accent particulier est mis sur “la bonté” de Dieu dans ses actes créateurs. Cela suggère l’image de parents qui préparent avec amour chaque détail du cadre dans lequel ils accueilleront leurs enfants.
“L’intelligence” (verset 5) de Dieu dans la création des cieux visibles depuis la terre, accentue cette pensée d’un environnement merveilleux conçu par le Créateur pour ses créatures. D’autres passages disent “sagesse” Psaume 104. 24, ce qui reporte nos pensées à la révélation extraordinaire de ces événements relatés au chapitre 8 du livre des Proverbes ; avec quelle sensibilité nous est dévoilée la joie de “l’artisan” quand cette création sortait de ses mains, préparée pour “les fils des hommes” 1 !
Après la mention des œuvres de création, on aurait pu s’attendre à trouver un homme heureux sur la terre. Hélas ! on découvre un peuple devenu esclave en Égypte (verset 10) ; mais la bonté divine veille sur lui. L’Éternel va se manifester :
Peu d’années suffiront pour que le peuple de Dieu, ingrat et désobéissant, aille de chute en chute jusqu’à une grande misère. Et pourtant, les réveils sous Debora, Gédéon, Samson etc. consignés dans les Juges confirment bien cette bonté permanente de Dieu ; dès que le peuple reconnaît “son bas état”, il est délivré de ses ennemis (versets 23, 24). Mais la pensée du Psaume 136 va plus loin ; elle englobe la miséricorde divine qui entoure un résidu de Juda revenu de captivité (Esdras, Néhémie), une miséricorde qui ne se lassera pas et ne se fatiguera pasÉsaïe 40. 28 jusqu’à l’entrée du Messie dans son règne, ce que célèbre ce beau cantique.
Désormais, tout homme et même toute chair bénéficieront du rassasiement du royaume (verset 25). En reconnaissance, dans un cantique universel, la terre entière chantera : “Célébrez le Dieu des cieux ! Car sa bonté demeure à toujours” (verset 26).
Le Seigneur nous amène parfois à repasser les étapes de notre vie pour dresser un bilan, comme les fidèles de ce psaume. Il nous fixe des échéances. Est-ce seulement pour alimenter nos regrets devant bien des faux pas, des erreurs ou du temps perdu ? Peut-être, si cela nous conduit à redresser le cap. Mais surtout, l’intention est de nous faire mieux apprécier la patience du Seigneur à notre égard, sa miséricorde bien souvent, son amour et sa fidélité toujours. Aujourd’hui, nous ne sommes pas encore entrés dans notre héritage, mais nous savons qu’il est “conservé dans les cieux” pour nous1 Pierre 1. 4. Nous en avons déjà reçu les arrhes : “Ayant cru (à l’évangile), vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage” Éphésiens 1. 14. Alors chrétiens, honorés par la présence de cet hôte divin, relevons nos têtes et chantons l’amour fidèle de notre Dieu Sauveur !