Ce psaume parle des souffrances de Christ, anticipant les détresses que traverse le résidu, frappé par le gouvernement de Dieu, à cause des péchés de la nation.
Dans son introduction, ce psaume présente Christ sur la croix où il porte les péchés. C’est l’aboutissement de son chemin d’homme de douleurs.
Il se tourne vers Dieu pour être délivré ; son affliction et la méchanceté de ses ennemis démontrent que le peuple incrédule l’a rejeté et devra être jugé.
Les souffrances de Christ, infligées par la main des hommes, amènent le châtiment de la nation ; mais lui sera sauvé et louera Dieu. Pour les débonnaires, la délivrance de Christ est l’assurance de leur salut. Nous trouvons enfin la restauration de Sion et de Juda.
Sur la croix, le Seigneur Jésus a souffert de l’hostilité de son peuple rebelle et incrédule, ainsi que de la part des nationsActes 4. 25-28. Mais il a aussi souffert en anticipant les détresses du résidu, car il portait ses langueurs et se chargeait de ses douleursÉsaïe 53. 4.
Il implore la délivrance et expose à Dieu sa détresse. David, par l’Esprit prophétique, en exprime quelque chose, qu’il se sente comme enfoncé dans un bourbier sans fond, ou qu’il soit comme entraîné dans les profondeurs des eaux par un courant irrésistible.
Mais nous pouvons dire : il y a ici plus que David ; c’est Christ qui est là. “Mais quel mal a-t-il fait ?” demandait Pilate aux ennemis de JésusMatthieu 27. 23. La foule qui le haïssait ne pouvait pas répondre, ni justifier sa haine.
L’homme, par son désir d’être “comme Dieu” Genèse 3. 5 et par sa désobéissance, avait compromis l’œuvre parfaite du Créateur en introduisant le péché dans le monde. Il avait, pour ainsi dire, “ravi” une partie de la gloire de Dieu. Jésus, qui avait glorifié Dieu tout au long de sa vie, a dû souffrir pour rétablir (ou “rendre”) cette gloire dans son intégralitéPhilippiens 2. 6 ; Dieu est glorifié en luiJean 13. 31 et il le glorifie.
Il s’agit dans ce psaume, non de l’expiation des péchés sous le jugement et l’abandon de Dieu – comme au psaume 22 – mais des souffrances de Christ de la part de l’homme. Il confesse les péchés, lui, innocent et juste, de ceux qui croiront en lui1.
Il pense également à ceux qui, traversant la tribulation, diront peut-être : nous voyons dans la détresse celui dont nous espérions qu’il devait délivrer IsraëlLuc 24. 13-24. Pour ceux-là, Christ a prié afin que leur foi ne défaille pas : ils ne seront pas confus.
“Il est méprisé et délaissé des hommes, homme de douleurs… il est méprisé…” écrit ÉsaïeÉsaïe 53. 2, 3.
A cause de sa fidélité envers Dieu, Jésus connaît la honte et l’opprobre de la part de son peuple et de tous les hommes. Tout au long de sa vie sur la terre, il a rencontré tristesse et souffrance : ses proches selon la chair ne croyaient pas en luiJean 7. 5-7 ; car ils étaient du monde ; ceux de son pays étaient scandalisés en luiMatthieu 13. 53-58 ; il endurait chaque jour la contradiction des pécheurs contre lui-mêmeHébreux 12. 3.
De plus, son zèle pour la maison de Dieu le conduisit à en chasser ceux qui la souillaientLuc. 19. 45-48 ; Jean 2. 13-17, supportant alors les outrages faits à son Père. Toutes ces choses l’affligeaient profondément ; il pleura aussi en pensant aux grandes épreuves que son peuple allait connaître à cause de son incrédulitéLuc 19. 41-44.
Il est l’Homme de douleurs à cause des péchés de sa nation, mais voyant ses larmes et sa tristesse – dont le sac est le symbole – les hommes firent de lui un proverbe, pour détourner ceux qui l’auraient suivi. Du haut en bas de l’échelle sociale, il était un objet de mépris et de moquerie. Peut-on concevoir plus grande détresse ?
L’affligé n’a donc rien à attendre de la part des hommes ; quelle consolation pour lui de pouvoir dire alors : Mais pour moi, ma prière s’adresse à toi, Éternel, en un temps agréé.
Du côté de l’homme, il n’y a que haine et mépris ; du côté de Dieu, abondance de bonté, car il est l’Éternel ; ce nom est attaché aux promesses inconditionnelles de sa grâceGenèse 28. 13 ; Exode 3. 15. Le temps de notre détresse est pour lui le temps agréé, c’est-à-dire le moment où il intervient pour délivrer. N’est-ce pas ce que l’apôtre Paul exprime dans le langage du N.T. ? “Je suis assuré que ni mort, ni vie… ni puissances, ni hauteur, ni profondeur… ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur” Romains 8. 37-39.
Nous voyons encore ici la différence entre les souffrances de Christ pour le péché, où sa prière n’a pas de réponsePsaume 22. 2, 3, et ce qu’il a enduré de la part des hommes, avec l’assurance d’être entendu et délivré (verset 34).
Dans sa prière, le psalmiste expose à nouveau ce qui l’afflige (comp. versets 2-5) : le bourbier, ceux qui le haïssent, les grandes eaux et la mort.
Réponds-moi, dit-il encore, fort de sa connaissance intime de la bonté et des compassions de Dieu. La proximité de Dieu ne l’effraie pas. Au contraire, le serviteur la désire, car il peut placer devant Dieu toute sa détresse, son opprobre et ses adversaires.
Dans ces deux versets, Christ expose devant Dieu, mais aussi à l’adresse de ses rachetés, ce qui lui brisait le cœur. “A cause de la transgression de mon peuple, lui, a été frappé”, dit ÉsaïeÉsaïe 53. 8. Dans sa vie, notre Seigneur n’a rencontré que bien peu de sympathie et de consolation. A Gethsémané, il recherche quelque réconfort auprès de trois de ses disciples ; mais il doit leur dire : “Vous n’avez pas pu veiller une heure avec moi” Matthieu 26. 40. Christ a ressenti, selon la perfection de ses sentiments, l’opprobre, le déshonneur public de la croix qui brisait son cœur : “le peuple se tenait là, regardant, et les gouverneurs aussi se raillaient de lui avec eux” Psaume 22. 17, 18 ; Marc 15. 25-32 ; Luc 23. 35.