La lettre de Jacques s’adresse à l’ensemble du peuple juif et parmi celui-ci, en premier lieu, aux chrétiens. Dans le chapitre 5, il fait la différence entre ceux qui n’ont pas la vie de Dieu (versets 1-6) et les chrétiens authentiques, “mes frères” (versets 7-20). Cette distinction est toujours valable alors que l’Église est devenue extérieurement “une grande maison” dans laquelle Dieu connaît ceux qui lui appartiennent2 Timothée 2. 19 ; l’épître conserve donc toute sa valeur.
Au lieu de se complaire dans le bien-être que peuvent leur procurer leurs richesses, ces Juifs sont invités à s’affliger fortement (verset 1) car des jugements vont fondre sur eux. L’apôtre insiste longuement et avec vigueur sur la précarité de ces biens matériels.
La Bible, spécialement le N.T., traite largement le sujet des richesses. Dieu les confie à l’homme, comme les autres dons – intellectuels, physiques, etc. – pour qu’il les administre fidèlement. Comme tout ce qui lui a été donné, l’homme gaspille et détourne de leur but ces bienfaits. Le caractère éphémère des richesses est déjà mentionné dans l’A.T. : “Jetteras-tu les yeux sur elles ? … Déjà elles ne sont plus” Proverbes 23. 5 (comp. 1. 10).
Rappelant les paroles du Seigneur dans le sermon sur la montagneMatthieu 6. 19, 20, l’auteur blâme sévèrement les riches et les prévient que leurs biens ne leur seront d’aucun secours lors du jugement qui va s’exécuter sur la nation1.
Aujourd’hui aussi, ceux qui possèdent des biens et les amassent pour eux-mêmes, non seulement n’en retirent aucun bonheur durable, mais leur destruction est annoncée : “Leur rouille dévorera votre chair” (verset 3). Nous voyons s’accomplir autour de nous ce que la Parole annonce : en effet, combien de tourments, de suicides ou de dépressions chez ceux qui ont fait de leurs richesses un dieu ! Ceux-là ferment facilement leurs oreilles aux besoins des autres et leur égoïsme les amène à satisfaire leurs plaisirs et leurs convoitises sans se soucier des malheureux.
L’expression “Seigneur Sabaoth” (verset 4) ou “Seigneur des armées” montre la puissance de celui qui commande les armées célestes et à qui tous, y compris les grands de ce monde, devront rendre compte.
L’attachement aux biens terrestres peut être un obstacle pour se décider pour le Seigneur. C’est l’exemple du jeune homme riche : ce chef du peuple, pourtant bien disposé, repart tout triste lorsque le Seigneur a dévoilé l’amour de l’argent caché au fond de son cœurMarc. 10. 22.
Paul, lui, exhorte ceux qui ont des biens à les partager, à être riches en bonnes œuvres, prompts à donner, libéraux1 Timothée 6. 17-19. Le mal n’est donc pas dans la richesse, mais bien dans l’usage qu’on en fait. Le christianisme n’a pas eu pour mission de changer l’ordre social de ce monde, mais de témoigner aux hommes de l’amour de Dieu qui sauve celui qui reconnaît son péché et accepte l’œuvre de Christ accomplie à la croix. Par son exemple, le Seigneur engage les siens, dans la mesure où ils le peuvent, à subvenir aux détresses qu’ils côtoient. Nous sommes exhortés par l’apôtre Paul à “être les premiers dans les bonnes œuvres” Tite 3. 8.
Non seulement Jacques reproche à ces riches Juifs de dépouiller les pauvres, mais il leur rappelle qu’ils avaient collectivement rejeté et condamné le Seigneur, le Juste, car sa présence leur était insupportable. Face à leur méchanceté, Jésus n’avait pas cherché à se défendre et s’était laissé prendre sans opposer de résistance (verset 6) Ésaïe 53. 7.
Nous pouvons appliquer au plan spirituel ces enseignements sur les richesses matérielles. Là aussi, nous ne sommes que des « gérants » de ce que Dieu nous confie. Nous n’avons pas à nous enorgueillir de ce que nous possédons1 Corinthiens 4. 7, mais à le mettre à la disposition du Seigneur.