Jacques, dans ces versets, réprouve notre tendance à vouloir enseigner les autres en oubliant que nous devons d’abord nous appliquer à vivre ce que nous prêchons. La responsabilité de tous les croyants – spécialement celle des frères (verset 1) qui enseignent – est de veiller à accorder leurs actes à leurs paroles. Le Seigneur a relevé chez les pharisiens ce grave travers : “Ils disent et ne font pas” Matthieu 23. 3. Paul pouvait affirmer en toute droiture : “Tels que nous sommes en parole par nos lettres, étant absents, tels aussi nous sommes de fait, étant présents” 2 Corinthiens 10. 11. Il exhorte Timothée à être attentif d’abord à lui-même et à l’enseignement1 Timothée 4. 16. Aux Thessaloniciens, il rappelle en premier lieu sa conduite, ensuite ses exhortations1 Thessaloniciens 2. 10-12.
Jésus, lui, pouvait dire à ses détracteurs qui lui demandaient qui il était : “Absolument ce qu’aussi je vous dis” Jean 8. 25. Lui seul a mis en parfait accord sa pensée et ses parolesPsaume 17. 3.
Nous avons d’autant plus à veiller que nous péchons, surtout en paroles (verset 2 b). Avec humilité, Jacques emploie le “nous”, ne se mettant pas au-dessus des autres. Il serait parfait, celui qui pourrait constamment maîtriser sa langue. Soyons sobres, car “dans la multitude des paroles la transgression ne manque pas, mais celui qui retient ses lèvres est sage” Proverbes 10. 19.
Jacques emploie des exemples pris dans la vie courante pour frapper l’esprit de ses lecteurs (versets 3, 4). Le cheval est dirigé efficacement par son maître au moyen d’un petit objet. De même, un bateau est gouverné par le marin grâce à une pièce de dimensions disproportionnées à la taille du navire. Notre langue n’est pas le membre le plus grand de notre corps, il s’en faut ! Mais, même petite, elle peut avoir une activité importante, néfaste ou utile. Elle traduit extérieurement ce qui se trouve dans notre cœur, “car de l’abondance du cœur, la bouche parle” Matthieu 12. 34 et révèle, souvent très vite, l’orgueil qui s’y cache : “elle se vante” (verset 5). Que de ravages peut faire une seule parole méchante, dans une famille, dans une assemblée ou ailleurs !
On comprend donc la sévérité des expressions que Jacques emploie pour désigner la langue : “un feu, un monde d’iniquité” (verset 6). Il reprend ce qu’a dit le Seigneur : “… ce qui sort de la bouche, c’est ce qui souille l’homme” Matthieu 15. 11.
En contraste, à l’égard de Jésus, il est dit : “tous… s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche” Luc 4. 22. Quel exemple admirable !
“Tenir sa langue en bride” (1. 26) ne signifie pas taire la vérité. Le Seigneur n’a pas hésité à prononcer des paroles implacables à l’encontre des Juifs : “Vous avez pour père le diable” Jean 8. 44 ; plus tard il a déclaré la vérité à Pilate et cette confession a été le motif de sa condamnation et de sa mort. Nous devons, nous aussi, dire la vérité à notre prochain, mais notre parole doit toujours être empreinte de grâce avec le sel de la véritéColossiens 4. 6.
Rejetons toute parole légère, oiseuse et surtout toute forme de médisance formellement réprouvée par la Bible1 Pierre 2. 1. Celle-ci nous prévient que nous ne pouvons éliminer entièrement ces tristes manifestations (verset 8). De nombreux animaux ont été domptés par l’habileté des hommes, mais pas ce petit membre, ce qui montre leur incapacité à se maîtriser. Raison supplémentaire pour être vigilants dans nos paroles… comme dans d’autres domaines.
La parole de Dieu, qui nous met en garde à de nombreuses reprises contre les méfaits de la langue, nous dit aussi que par elle nous pouvons encourager les autres, édifier et communiquer la grâce à ceux qui l’entendentÉphésiens 4. 291 et aussi louer notre Dieu (verset 9).
Par des images percutantes (versets 11, 12), l’apôtre s’adresse à la conscience de ses frères – et à nous également – pour montrer l’inconséquence de l’attitude qui nous conduit à prononcer indifféremment paroles bienveillantes, louanges… mais aussi injures, cris, ou simplement paroles blessantes.
Veillons sur ce qui sort de notre bouchePsaume 141. 3 et que nos paroles honorent Dieu et soient dignes de son approbation ! Faisons nôtre la prière de David : “Que les paroles de ma bouche et la méditation de mon cœur soient agréables devant toi, ô Éternel !” Psaume 19. 15
Parmi les nombreux passages de l’A.T. qui traitent ce sujet, citons dans le livre des Proverbes :