Parmi les épîtres du N.T., celle de Jacques occupe une place particulière. Elle a été écrite, selon plusieurs commentateurs, tout à fait au début de l’histoire de l’Église. S’il en est ainsi, elle serait le premier des écrits du N.T.
Elle n’expose pas les éléments fondamentaux de la doctrine chrétienne : seul le retour du Seigneur y est brièvement évoqué (5. 7, 8). L’épître de Jacques considère le christianisme mis en pratique, vécu jour après jour. Elle est donc particulièrement instructive par ses exhortations et ses enseignements utiles et concrets pour notre vie quotidienne et nos rapports mutuels. Le point central de la lettre est de mettre le doigt sur la réalité de la foi chrétienne.
Les écrits de Paul fournissent les enseignements fondamentaux de la justification par la foi, de notre relation avec Dieu1. Jacques lui, nous présente la foi sous l’angle de notre témoignage devant les hommes. Ainsi, loin de se contredire, les enseignements de ces deux apôtres se complètent.
Il est généralement admis que l’auteur de cette épître est Jacques, frère du Seigneur. Considéré comme une colonneGalates 1. 19 ; 2. 92, il joue un rôle important dans l’assemblée de Jérusalem qu’il n’a, vraisemblablement, jamais quittée. Quand Pierre est libéré par l’ange après son emprisonnement, il demande que le récit en soit fait “à Jacques et aux frères”. Lors du concile de Jérusalem, l’avis de Jacques est approuvé par tousActes 12. 17 ; 15. 13-21.
Cette lettre est une épître « de transition ». Le livre des Actes, qui relate le début du christianisme, nous permet de comprendre que Dieu a toléré pendant plusieurs années que les premiers chrétiens, issus directement du peuple juif, continuent d’observer les ordonnances de la loi ; d’ailleurs, un grand nombre de sacrificateurs obéissaient à la foiActes 6. 7 ; 21. 20. Mais le Saint Esprit établit avec force dans l’épître aux Hébreux que le système judaïque était périméHébreux 8. 13 ; 13. 9-14. La destruction de Jérusalem a mis définitivement fin à cet état de choses.
Cette lettre est destinée aux douze tribus mais s’adresse surtout à ceux qui avaient cru parmi ce peuple dispersé.
Elle nous fait connaître l’état moral de ces croyants, peu après le début lumineux décrit dans les premiers chapitres des Actes.
Déjà les relations entre chrétiens avaient perdu la fraîcheur remarquable qui leur faisait tout partager. Certes, leur nombre continuait à croître sous l’action puissante du Saint Esprit, mais cette lettre nous permet de saisir que les différences sociales reprenaient leur cours.
L’Esprit de Dieu conduit Jacques à enseigner ses frères et à corriger les tendances fâcheuses qui se faisaient jour : manque de sagesse, vie chrétienne sans fruits, querelles, jalousies, luttes de classes. Il expose la morale pure, véritable accomplissement de la loi telle que le Seigneur l’avait exposée dans le discours sur la montagne.
Aujourd’hui, à la fin de la période chrétienne, de la même manière, au sein de ce vaste ensemble qui se réclame du nom de Christ, ceux qui ont vraiment la vie sont enseignés et encouragés à en montrer la réalité. Les autres, ceux dont “la foi est morte” (2. 17) seront jugés par cette même Parole.
Nous aurons donc le plus grand profit à lire attentivement les exhortations de cette épître et à les mettre en pratique en nous les appliquant personnellement. Veillons à notre propension à les juger utiles surtout pour autrui !
Jacques s’exprime dans un style très direct, contrasté, abondant en images et emploie volontiers une forme sentencieuse ; il passe d’un sujet à l’autre et y revient. Comme Juif, il est imprégné de l’A.T. et le cite, directement ou non, mais à la lumière de l’enseignement de Jésus, notamment du sermon sur la montagne.