Le Prédicateur réalise qu’il doit laisser ses efforts pour le bien dans la main de Dieu. Seul, il n’arrive à aucun résultat absolu, ses actes et ses pensées sont toujours mitigés, il ne connaît “ni l’amour ni la haine”.
De toute manière, “tout arrive également à tous”. Bon ou mauvais, croyant ou impie, chacun rencontre les mêmes circonstances. Cela ternit tout ce qui se fait sur terre. Comment l’homme va-t-il réagir à ce sort identique pour tous ? Souvent, hélas, il en profite pour assouvir ses passions et se laisser dominer par cette force de mal qui est en lui. Parfois, il essaie de lutter contre ce mal mais quelle force a-t-il ?
Le Prédicateur n’évoque pas ici (verset 3) son attitude personnelle, faite de crainte de Dieu et de certitude d’un jugement final (8. 12). Il considère seulement les hommes en général, sous le soleil. Ils ne veulent pas, ou ne peuvent pas se comporter correctement. Cette réflexion montre ce qu’est la société. Sans Dieu, elle ne peut légitimer une morale ni donner la force de l’accomplir.
Pourtant Dieu exerce un gouvernement moral en rapport avec les actes commis (10. 8, 9) Galates 6. 7 ; Matthieu 7. 1. Mais son action est bien souvent cachée à l’homme incrédule et même aux croyants. L’homme ne peut atteindre au bien sans se confier en Dieu et accepter sa Parole. Quel encouragement à annoncer l’Évangile ! En dehors de lui, l’homme est sans espoir.
Dieu ne donne pas non plus, pour nous croyants, la rétribution de nos actes sur la terre. Il arrive qu’une vie de piété soit marquée par des événements douloureux. Dieu travaille patiemment à nous former. Il désire que nous restions dépendants de sa grâce, que la confiance en son amour nous suffise2 Corinthiens 12. 9.
Le Prédicateur constate que la folie est dans le cœur des hommes pendant qu’ils vivent (verset 3). Malgré cela, il affirme que la vie vaut beaucoup mieux que la mort (Comp. 4. 2, 3 ; 6. 3, 4).
L’homme abonde dans le mal tant qu’il vit. Puis la mort survient tout à coup et… plus rien sous le soleil, ni amour, ni haine, ni envie, ni souvenir, ni réflexion. Plutôt être misérable mais vivre car alors il reste quelque espoir sous le soleil. Qu’elle est dure la vie sans espérance ! Pour l’homme qui n’avait pas été créé pour mourir, la mort est une véritable tragédie dont la pensée révolte et terrifie.
On essaie souvent de faire disparaître la mort de ses pensées. Cela conduit dans diverses fuites : alcoolisme, drogues, évasion dans le travail, dans le sport, etc. Nier la mort n’est pas le chemin de la vie. “Le vivant sait qu’il mourra”. Il accepte la mort et agit pendant sa vie en connaissance de cause.
Pour nous, chrétiens, quelle douceur de savoir que la mort a été vaincue par le Seigneur qui bientôt l’engloutira en victoire1 Corinthiens 15. 55. La mort nous introduit dans la présence de Christ en attendant la résurrection de nos corpsPhilippiens 1. 23.
Toute la vie du peuple d’Israël était marquée par les fêtes. Ces fêtes qui se célébraient dans la présence de Dieu avaient souvent un caractère joyeux. Le Prédicateur nous invite à nous réjouir chaque jour. Il ne veut pas que les tristesses et les misères nous submergent, ni que les énigmes de la vie nous encerclent d’obscurité. Car notre vie tout entière est dans la main de Dieu. Aussi le goût, le soin portés à notre tenue reflètent la joie que nous avons à vivre sous le regard de Dieu.
Cette joie est à cueillir, non en égoïste, mais “avec la femme que tu aimes” (verset 9). L’amour conjugal est comme une fraîcheur pour tous “les jours de vanité”, expression répétée deux fois, qui souligne l’éphémère, l’illusoire de la vie. Quoi qu’il en soit, vivre son mariage sous le regard de Dieu, délivre de l’égoïsme. La vie est vue à deux1, dans l’intimité du couple chacun des époux étant à sa juste place. Il ne s’agit pas de possession mais d’amour, non de considérer son épouse comme celle que l’on possède, mais comme celle que l’on aimeProverbes 5. 18, 19.
“Dieu a déjà tes œuvres pour agréables”. Nous avons là comme une lueur qui annonce la parole de l’apôtre Paul : “Dans sa grâce, Dieu nous a rendus agréables dans le Bien-aimé” Éphésiens 1. 6. La joie chrétienne se fonde sur la faveur de Dieu. Alors notre comportement peut être en harmonie avec ce que Dieu a fait pour nous : “Que tes vêtements soient blancs”.
“Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le selon ton pouvoir” (verset 10). C’est en partant des deux points complémentaires, la faveur de Dieu (verset 7) et l’incertitude des circonstances (versets 11, 12), que nous pouvons être actifs, avancer dans une humble confiance en Dieu. Sans lui rien ne réussit, sans lui on ne peut déjouer les pièges de la vie. Dieu fera aboutir notre travail, le sortira de la vanité. Agissons avec la force que Dieu fournit, sans être arrêtés à cause de notre faiblesse, ni aller au-delà de notre force1 Pierre 4. 11 ; Juges 6. 14.
Voilà que le Prédicateur découvre une sagesse qui a été grande pour lui (verset 13). La sagesse d’un roi ? Celle d’un puissant ? Non, celle d’un pauvre qui délivre les hommes, prisonniers d’un ennemi implacable.
Nous reconnaissons une figure voilée de notre grand libérateur, celui qui a été le pauvrePsaume 40. 2. La ville était petite, l’adversaire était puissant, ses armes redoutables. Mais Christ est venu dans la pauvreté, la sagesse et l’obéissance à Dieu jusqu’à laisser sa vie. Il a vaincu mais il reste l’oublié d’un monde qui s’étourdit dans une activité fiévreuse. Mais la foi dit : mieux vaut la sagesse du Pauvre que l’arrogance du monde… (versets 17, 18).