La dernière partie du livre est comme le dénouement de tout ce qui a été dit. Nous sommes dans un monde dont le sens nous échappe, l’avenir est imprévisible, la vie est éphémère. Eh bien ! C’est justement dans ce monde que nous avons à être sages, actifs, occupés de ce qui est bon dès maintenant.
Pour exhorter à la sagesse, le Prédicateur utilise une autre forme littéraire : les proverbes. Ils sont là sans ordre apparent, difficiles à comprendre parfois. Nous risquons de les lire rapidement et de les vider de leur contenu pour y substituer nos propres idées. Mais notre sagesse est d’y être attentifs, de les mémoriser, et de les sonder, conduits par l’Esprit de Dieu. Bien souvent, ils reviennent à notre mémoire dans les moments cruciaux de la vie. Ils nous parlent alors avec force pour éclairer nos choix et nos actions. Ils sont, nous dit le Prédicateur, comme des aiguillons et comme des clous enfoncés (12. 11). Des aiguillons pour nous faire avancer dans la vie, des clous enfoncés pour stabiliser nos pensées.
Arrêtons-nous devant cette image expressive du premier verset : “Les mouches mortes… font fermenter l’huile du parfumeur”. Comment quelque chose d’insignifiant, sans prix, sans vie, peut-il avoir un résultat aussi désastreux ? Non seulement le parfum n’est plus bon à rien mais il sent mauvais. De même, un peu de folie suffit à gâcher toute une vie de sagesse. La réputation de sagesse servira alors à justifier le mal.
La sagesse est fragile, elle ne peut enrayer les conséquences désastreuses du mal (9. 18). Cependant, le sage honore la sagesse et consulte son cœur, ses mobiles profonds – il a son cœur à sa droite contrairement à ce qui est habituel. Mais le sot suit le penchant naturel vers le malJérémie 16. 12 – il a son cœur à sa gauche. Pourtant, bien que le cœur soit caché, l’état réel d’un homme se manifeste vite. La conduite de celui qui fait le mal témoigne à tous du manque de solidité de sa réflexion intérieure.
Comment réagissons-nous lorsque notre chef s’irrite contre nous ? Instinctivement, nous avons envie de montrer notre mécontentement, de “quitter notre place” soit par la fuite, soit par l’irritation. Le conseil du Prédicateur peut nous laisser désemparés. Où trouver la force pour montrer de la douceur ? Il faut bien plus de force pour rester doux que pour s’irriter et la douceur est bien plus efficace. “La langue douce brise les os” Proverbes 25. 15. Cette force est en Dieu : “Fortifiés en toute force… pour toute patience et constance avec joie” Colossiens 1. 11.
Les activités positives et énergiques – remuer des pierres ou fendre du bois – comportent, elles aussi, leur part de danger. Toutes nos entreprises demandent de la sagesse. A la prudence (verset 9), il faut ajouter encore la prévoyance (verset 10) pour éviter des efforts inutiles et amener le succès.
Prier nous évitera aussi de limiter notre horizon au matériel : du pain, du vin, et plus encore de l’argent (verset 19), et nous gardera dans la crainte, pour ne pas prononcer des paroles contre les autorités (verset 20).
Finalement la parole est le test de la sagesse, un test qui ne trompe pas. En effet, l’insensé se vante, s’égare et fourvoie ceux qui l’écoutent. Il multiplie les paroles mordantes. En contraste, le sage prononce des paroles pleines de grâce, une fontaine de vieProverbes 10. 11 ; 13. 14. Prenons garde à nos paroles, ne parlons pas inutilement (versets 14, 20). Nous ne pouvons maîtriser notre langue par nous-mêmes ; il nous faut le secours du Saint Esprit.