Ma vie a-t-elle un sens ? Puis-je trouver une raison de vivre qui soit valable ? Quelle est la véritable sagesse ? Comment intégrer la perspective de la mort dans mon existence ? Quelle place Dieu a-t-il dans ma vie ? Autant de questions sur lesquelles le livre de l’Ecclésiaste nous invite à réfléchir. Il nous parle de l’expérience d’un homme à la recherche du bonheur et du sens de la vie. Et cet homme sait que ce sens de la vie ne peut provenir que de quelque chose qui résiste à la mort et réponde aux aspirations spirituelles profondément ancrées en chacun de nous.
Dans sa recherche, l’Ecclésiaste ne s’appuie pas sur les livres de la Bible déjà écrits à son époque. Il n’emploie jamais le nom de l’Éternel (Yahvé), par lequel Dieu est entré en relation avec son peuple terrestre, Israël. Il n’est pourtant pas athée ni idolâtre. Il connaît Dieu comme le Dieu souverain, l’Être Suprême, absolu et parfait, et notamment sous les caractères suivants :
L’Ecclésiaste réfléchit beaucoup mais il le fait seul ; aussi en apparence, tourne-t-il un peu en rond. Il s’appuie rarement sur la connaissance spirituelle d’autrui. Il est seul dans sa recherche mais Dieu le guidera. Ses réflexions sont “sous le soleil”, c’est-à-dire sur la terre et sans relation de confiance avec Dieu. Elles gardent une pertinence particulière aujourd’hui où beaucoup de personnes ignorent ou refusent la révélation biblique.
A partir de cette révélation minimale, l’Ecclésiaste va nous livrer son expérience, le fruit de sa recherche. Il va nous parler de la condition humaine sur la terre. Toutefois ce n’est pas de l’homme en général qu’il nous entretient, mais de lui personnellement. Il ne se place pas en dehors ni au-dessus des autres comme un philosophe supérieur. Non, il est aux prises avec tout ce qu’il y a de poignant dans la vie. Il nous dit sans cesse : “j’ai fait, j’ai vécu, j’ai expérimenté, j’ai exercé le pouvoir, j’ai cherché la sagesse…” Il le fait avec sérénité, intensité, exactitude. Et quelle est sa conclusion ?
En fait, elle est double. Au premier niveau, “sous le soleil”, l’Ecclésiaste aboutit au constat que tout ce que les hommes recherchent avec acharnement est sans avenir. La popularité, les biens matériels, l’argent, les plaisirs, le bonheur, la culture, le pouvoir, le travail, tout est marqué par la vanité et la corruption. La recherche de la justice pour être heureux ne réussit pas, elle non plus. Sans relation avec Dieu, l’homme tourne sur lui-même, se tourmente, sans jamais s’en sortir. L’Ecclésiaste nous décrit sa recherche désespérée, tragique, ses allers-retours, ses hauts, ses bas, son acharnement à tout sonder pour trouver l’énigme de la vie. Hélas ! toute nouvelle découverte ne fait qu’aggraver son désappointement.
Et pourtant l’Ecclésiaste ne tombe pas dans le désespoir. Peu à peu, comme un rayon de soleil au travers de sombres nuages, une issue s’entrevoit, un soulagement à ce sentiment intense de vide et de désespoir. Ce rayon de soleil, c’est la crainte de Dieu. Non pas une échappatoire mais le seul chemin possible. Comme si l’Ecclésiaste nous avait conduits par la main pour nous faire constater l’impasse où aboutissent les solutions humaines et nous ouvrir la dernière porte qui est en réalité la première de la vie : “Crains Dieu, et garde ses commandements ; car c’est là le tout de l’homme” (12. 14). Tel est son second niveau de conclusions.
Alors il peut réhabiliter la sagesse, le travail ou la joie comme valeurs relatives données de Dieu pour notre bien, si nous n’en faisons pas le but ultime de notre vie.
Ce livre a souvent laissé le croyant perplexe tant il est sombre et développe des arguments qui semblent ceux d’un incrédule. Pourtant, il est d’une très grande utilité.
D’abord, il nous montre que la vie sans relation avec Dieu est obscure, profondément marquée par la vanité et le mystère, parfois même l’absurde. Les raisonnements de l’Ecclésiaste arrivent à quelques fosses profondes, proches du désespoir. Dieu, dans sa bonté, nous a fait connaître ces fosses car un jour ou l’autre, nos esprits peuvent s’en approcher.
Ensuite, avec le peu de lumière qu’il avait, l’Ecclésiaste est arrivé à une certaine paix et à une conclusion positive. En évoquant les commandements de Dieu, il nous ouvre une porte qui nous fait entrer dans la pleine clarté de la Révélation biblique. En ce sens, ce livre est comme un préliminaire à toute la Bible qui apporte les réponses d’amour et d’espoir à nos besoins profonds.
En méditant le livre de l’Ecclésiaste, nous sommes remplis de reconnaissance, car nous saisissons indirectement combien notre position chrétienne est heureuse. Nous avons un Sauveur, Dieu est notre Père. Il nous a donné sa Parole et le Saint Esprit pour la comprendre. Aussi, tout au long du commentaire de ce livre, présenterons-nous les réflexions qu’il contient en ajoutant les réponses d’amour du N.T. Que Dieu nous accorde à la fois d’écouter le message de l’Ecclésiaste et de goûter les riches bénédictions qui sont maintenant les nôtres.
Le texte de l’Ecclésiaste est très beau. Il est dense, âpre parfois. Comme une trame entrelacée, les thèmes apparaissent, disparaissent, pour ressurgir et se répondre. Ils forment un tout. Aussi est-il un peu arbitraire d’établir un plan du livre. Nous en ferons toutefois un pour faciliter la lecture :