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Le Prédicateur connu sous le nom de L'Ecclésiaste
Sondez les Écritures - 3e année

Ecclésiaste 1

Deux perspectives distinctes

Un évangéliste racontait qu’il avait observé dans son jardin un étrange manège de chenilles. Elles escaladaient péniblement des tuteurs placés dans la terre. Arrivées au sommet, elles dressaient la tête à droite, à gauche, cherchant sans doute une feuille tendre à manger. Puis apparemment déçues, elles redescendaient lentement vers la terre. Dans ce monde, expliquait l’évangéliste, tant de piquets – les plaisirs, l’argent, le pouvoir, etc. – semblent promettre des merveilles à qui en atteindra le sommet. Eh bien, il faut toujours redescendre. Tel est le sens du message de l’Ecclésiaste dans ses deux premiers chapitres.

1. Sous le soleil, tout est vanité (1)

Prologue : versets 1-3

L’Ecclésiaste se présente comme le “fils de David, roi sur Israël à Jérusalem”. C’était sans doute Salomon, mais le texte ne le dit pas explicitement. En tout cas, l’auteur se situe dans l’orientation des écrits de Salomon à qui Dieu avait donné sagesse, richesse et gloire1 Rois 3. 12, 13. Il se nomme le prédicateur qui rassemble1 autour de lui tous ceux qui veulent écouter.

Dès les premiers mots, il commence par un constat tragique qu’il va développer dans la suite du livre : “Vanité des vanités. Tout est vanité”. Ce mot “vanité” (“hevel” en hébreu) voulait dire à l’origine « souffle », « vapeur », « buée », « fumée », puis a pris le sens plus abstrait de « éphémère », « illusion », « sans perspective ». Éphémère, comme la rosée qui s’efface devant le soleil. Illusion, comme le mirage que l’on poursuit, le masque que l’on montre aux autres et aussi à soi-même. De là le sens de vanité, de vide. Sans perspective, condamné à l’échec, sans espoir de réussite, sans valeur durable. Sous le soleil, nous dit le Prédicateur, tout, sans exception, est vanité. Il n’y a pas d’illusions à se faire, pas de frontière à établir.

Il en résulte la question centrale du verset 3 : Quel profit, quel avantage réel et durable a l’homme de tout son labeur dont il se tourmente sous le soleil2 ? Question percutante qui rappelle la parole du Seigneur Jésus : – “Que profitera-t-il à un homme s’il gagne le monde entier, et qu’il fasse la perte de son âme ?” Marc 8. 36 Cette question va au plus profond de nos vies et de nos choix. Elle nous oblige à reconsidérer nos motivations pour écarter ce qui n’est pas en harmonie avec la vocation d’homme que Dieu nous propose.

Rien de nouveau sous le soleil : versets 4-11

Pour répondre à la question du verset 3, le Prédicateur considère d’abord la nature. Et que voit-il ? L’homme, seul être qui réfléchit, passe, génération après génération, au milieu d’une nature qui subsiste, immuable, comme indifférente à son travail et à son questionnement. L’homme travaille, se fatigue, puis passe, mais pas un progrès n’est accompli.

  • versets 5-7 : La nature est impassible, mais elle n’est pas immobile, elle semble même travailler. Mais cela sans profit. Le soleil se hâte dans son cycle perpétuel, mais sans changement. Le vent “tourne et retourne”, mais sans but. Les fleuves coulent continuellement, mais sans résultat.
  • verset 8 : L’homme considère ce qui l’entoure avec intérêt, avec ardeur même, il est insatiable, rien ne le comble, nous dit le Seigneur Jésus : “Quiconque boit de cette eau-ci, aura de nouveau soif” Jean 4. 13. De plus, l’homme ne peut saisir la raison d’être du travail de la nature. Cela était vrai pour le Prédicateur, et l’est encore pour l’homme moderne, qui comprend mieux le fonctionnement de la nature, mais qui ne peut atteindre à ses finalités. Celles-ci dépassent la science, elles dépendent uniquement du Dieu souverain et se découvrent dans la révélation qu’il lui a plu de nous donner.
  • versets 9, 10 : La nature est active, mais il n’y a jamais rien de nouveau. A vue humaine, elle se maintient seulement. Le Prédicateur ne parle pas ici des réalisations humaines ; il les abordera plus tard (2. 4-11) et en constatera la vanité. Il ne considère pas non plus l’usure de la créationPsaume 102. 25, 26, ni la pollution. Il parle dans l’absolu et voit que rien ne change, ni l’homme, ni son environnement.
  • verset 11 : L’expérience d’une génération ne se transmet pas à la suivante. Le Prédicateur n’ignore pas la possibilité de communiquer par des écrits (12. 12) 2 Pierre 1. 15 mais cela n’enlève rien au caractère unique et solitaire de l’expérience humaine. Les hommes ne changent pas, leurs aspirations et leurs faiblesses restent les mêmes. Et l’histoire se répète sans cesse avec ses tragédies. L’homme tombe toujours dans les mêmes travers. Il n’y a aucun profit à son labeur.

Quel contraste entre cette vision des choses et celle du chrétien ! Il contemple dans la création la gloire de Dieu et sait que toutes choses travaillent à son conseil d’amour. Il vit à la lumière des interventions passées de DieuDeutéronome 4. 15, 32, 33, dans la certitude et l’espérance de son action présente et future. Une action qui se caractérise précisément par les choses nouvelles2 Corinthiens 5. 17 ; Apocalypse 21. 5.

Constat d’échec : versets 12-15

Le Prédicateur a exploré avec beaucoup de soin tout ce qui se fait sous les cieux. Il arrive à une première conclusion surprenante : Dieu donne aux hommes un travail ingrat pour qu’ils s’y fatiguent. Nous prenons ainsi conscience de nos limites pour autant que nous soyons lucides ! Cette première mention de Dieu nous conduit à la réflexion et, nous le verrons plus loin, à une sagesse salutaire.

Deuxième conclusion, “ce qui est tordu ne peut être redressé, ce qui manque ne peut être compté” (verset 15). Tous nos efforts ne peuvent enrayer le péché ni ses conséquences. Ils ne peuvent pas non plus combler les lacunes dues au péché, ni remplir le vide de nos cœurs.

Connaître, c’est souffrir : versets 16-18

Souvent dans sa jeunesse, l’homme a soif de connaître le monde. Il s’intéresse à la science et à la technique, il veut cerner le comment des choses. Puis avec l’âge, il est plus préoccupé par le pourquoi, la signification de la vie. La sagesse devient son champ d’étude. De même le Prédicateur a d’abord “appliqué son cœur” à tout ce qui se fait puis à la sagesse elle-même. Il a réfléchi sur la sagesse tout en cherchant à comprendre les causes de tant de désordres dans ce monde. Quel est son verdict ? La sagesse augmente la douleur. Elle nous rend plus lucides sur les dégâts causés par le péché et sur notre impuissance à y remédier.

Notes

1 “Ecclésiaste” est la transcription grecque du mot hébreu Qohelet et signifie probablement “celui qui rassemble” ou “le Prédicateur.” Dans la suite du commentaire, nous emploierons systématiquement l’expression “le Prédicateur” pour désigner l’Ecclésiaste.
2 “Sous le soleil” est une expression caractéristique du livre. Elle nous parle de l’univers terrestre sans relation avec Dieu. Le monde tel que peut le voir l’homme avec ses propre ressources, la vision matérialiste.

Ecclésiaste 1

1Les paroles du Prédicateur, fils de David, roi à Jérusalem.

2Vanité des vanités, dit le prédicateur ; vanité des vanités ! Tout est vanité.

3Quel profit a l’homme de tout son labeur dont il se tourmente sous le soleil ?

4Une génération s’en va, et une génération vient ; et la terre subsiste toujours. 5Et le soleil se lève, et le soleil se couche, et il se hâte vers son lieu où il se lève. 6Le vent va vers le midi, et il tourne vers le nord ; il tourne et retourne ; et le vent revient sur ses circuits. 7Toutes les rivières vont vers la mer, et la mer n’est pas remplie ; au lieu où les rivières allaient, là elles vont de nouveau. 8Toutes choses travaillent, l’homme ne peut le dire ; l’œil ne se rassasie pas de voir, et l’oreille ne se satisfait pas d’entendre. 9Ce qui a été, c’est ce qui sera ; et ce qui a été fait, c’est ce qui se fera ; et il n’y a rien de nouveau sous le soleil. 10Y a-t-il une chose dont on puisse dire : Regarde ceci, c’est nouveau ? – Elle a été déjà, dans les siècles qui furent avant nous. 11Il n’y a pas de souvenir des choses qui ont précédé ; et de même, de celles qui seront après, il n’y en aura pas de souvenir chez ceux qui vivronta plus tard.

12Moi, le prédicateur, j’ai été roi sur Israël à Jérusalem, 13et j’ai appliqué mon cœur à rechercher et à explorer par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux : c’est une occupation ingrate que Dieu a donnée aux fils des hommes afin qu’ils s’y fatiguent. 14J’ai vu tous les travaux qui se font sous le soleil ; et voici, tout est vanité et poursuite du ventb. 15Ce qui est tordu ne peut être redressé, et ce qui manque ne peut être compté.

16J’ai parlé en mon cœur, disant : Voici, je suis devenu grand et j’ai acquis de la sagesse plus que tous ceux qui ont été avant moi sur Jérusalem, et mon cœur a vu beaucoup de sagesse et de connaissance ; 17et j’ai appliqué mon cœur à la connaissance de la sagesse et à la connaissance des choses déraisonnables et de la folie. J’ai connu que cela aussi, c’est la poursuite du vent. 18Car à beaucoup de sagesse, beaucoup de chagrin ; et qui augmente la connaissance, augmente la douleur.

Notes

alitt. : seront.
bou : se repaître de vent, ou, selon qqs. : rongement d’esprit.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)