Comme tous les hommes dans leur état naturel, les Colossiens étaient morts dans leurs fautes. Il s’agit d’une mort morale, l’éloignement de Dieu dans l’incapacité foncière de faire un seul mouvement vers lui. Et sur eux, comme sur nous, reposait aussi la culpabilité du péché. A la différence des Juifs, qui possédaient le gage des promesses de l’alliance par la circoncision1, les croyants d’entre les nations n’avaient aucun droit ; ils étaient sans Dieu et sans espérance dans le mondeÉphésiens 2. 12. Tout changement dans cette situation sans issue ne peut donc intervenir que par la pure grâce de Dieu. A la mort morale va répondre la vie, et à la culpabilité du péché répondra le pardon.
Nous sommes d’abord vivifiés ensemble avec Christ. En mourant pour nous (les croyants), Christ nous donne la vie avec lui. C’est une vie nouvelle, la vie éternelle, qui nous sauve à jamais de la seconde mort, l’éloignement définitif de Dieu. L’apôtre présente objectivement ce fait glorieux, sans insister sur le moyen divin d’y avoir part en réalité : la foi personnelle en Jésus Christ comme Sauveur.
Mais si Dieu nous vivifie et nous ressuscite ainsi avec Christ, c’est aussi pour nous délivrer du poids de la condamnation et de la culpabilité du péché. Tous nos péchés, nos fautes, nos transgressions nous sont pardonnés. En sortant de la mort, dans la puissance de sa vie de résurrection, Christ a laissé derrière lui la mort et la condamnation sous lesquelles nous étions. Pour cela, il a dû passer personnellement par la mort et porter lui-même le poids de notre condamnation. Désormais, pour nous, le pardon est complet et aucune condamnation ne subsisteRomains 8. 1.
L’apôtre Jean présente ces vérités du don de la vie et du pardon, comme la preuve et la conséquence de l’amour de Dieu envers nous1 Jean 4. 9, 10.
En prenant son propre exemple et celui du peuple juif, l’apôtre montre qu’un autre joug, un autre poids, pesait sur la conscience de tous les hommes avant leur conversion : c’était une obligation, des ordonnances légales. La loi de Moïse avait, pour ainsi dire, été contresignée par le peuple, lorsqu’il avait dit : “Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons” Exode 19. 8. Incapable d’en respecter le premier commandement, Israël s’était placé sous son joug et, par conséquent, sous sa malédiction. Ainsi, la loi était comme un écrit de reconnaissance de dette auquel il était impossible de se soustraire.
La situation des hommes des nations n’était pas moins graveRomains 2. 14. Les obligations religieuses que l’homme s’impose pour soulager sa conscience chargée ne font que confirmer son incapacité à sortir de son état d’esclavage.
La merveilleuse réponse à cette situation commune à tous (Juifs ou nations) est dans la croix de Christ. Là, l’ordonnance et les obligations légales ont été annulées, effacées et détruites à jamais. Au don de la vie divine et au pardon, l’œuvre de Christ ajoute donc la liberté, la seule véritable libérationJean 8. 36.
Ainsi, la mort de Christ rompt définitivement tout lien entre le chrétien et la loi, puisque l’obligation de celle-ci a été détruite à la croix Pour réaliser la portée de cette délivrance, le chrétien doit comprendre qu’il a été “mis à mort par le corps du Christ” Romains 7. 4.
Nous avions aussi contre nous les mauvaises “principautés et autorités”, la puissance spirituelle de méchanceté, tout le pouvoir du mal : Satan et les anges déchus. Leur vrai caractère a été dévoilé à la croix de Christ : moralement, elles ont été exposées publiquement, et tout pouvoir leur a été définitivement ôté : c’est un dépouillement et une victoire. Bien que crucifié en infirmité, Christ a été le plus fort2 Corinthiens 13. 4 ; Luc 11. 22. Ainsi, de droit, Christ demeure le chef de toute principauté et autorité de bien (verset 10) ; par sa croix, il devient le vainqueur de toutes les principautés et autorités de mal (verset 15).
L’apôtre ne développe pas ici les pleins résultats de l’œuvre de Christ pour le ciel, au-delà de la vie, du pardon et de la liberté. Les Colossiens sont encore vus sur la terre, et en butte à divers dangers. Paul leur présente ces résultats de l’œuvre de Christ, pour leur permettre de se libérer des liens des obligations légales et des éléments du monde.