Si Satan, l’ennemi de nos âmes, ne parvient pas à nous renverser par ses attaques de front, il emploiera des stratagèmes plus subtils pour nous surprendre par le travers. Ainsi, trois formes particulières de dangers guettaient les Colossiens : (1) la philosophie, (2) le légalisme et le judaïsme, (3) le ritualisme et la superstition.
Par la philosophie, l’homme pense pouvoir atteindre à la connaissance des choses par son propre raisonnement. C’est la connaissance faussement ainsi nommée1 Timothée 6. 20. En effet, le centre du merveilleux système des voies de Dieu n’est pas l’homme, mais Christ. Et les pensées de l’homme ne lui permettent d’explorer que son propre domaine, humain et terrestre. Ses raisonnements le conduiront donc infailliblement à nier ce qu’il ne peut comprendre ou démontrer. C’est exactement l’inverse de la foi qui accepte sans discussion la révélation de Dieu.
Dans la culture grecque de l’époque, certains s’efforçaient d’adapter l’enseignement chrétien à la philosophie helléniste, pour rendre la révélation divine plus accessible à l’esprit humain. Une telle alliance conduisait virtuellement à la destruction de la foi chrétienne.
Le danger n’est pas moins grand de nos jours. Que la philosophie humaine contemporaine s’associe ou s’oppose au christianisme, elle ignore les grands faits de l’histoire du monde et des voies de Dieu envers l’homme : la création, la chute d’Adam et le péché, la venue de Christ et la rédemption par son œuvre. La connaissance de Dieu ne peut pas être acquise par un raisonnement humain, mais par Christ et la parole de Dieu révélés par le Saint Esprit1 Corinthiens 2. 10-13. Les faux docteurs philosophes tendaient un piège aux chrétiens pour les dépouiller de leurs certitudes en Christ. A leur philosophie délétère, l’apôtre associe : d’une part, les enseignements et la tradition des hommes et, d’autre part, les éléments du monde. Ce sont les deux leviers par lesquels Satan cherche à agir sur l’âme du chrétien pour le détourner de Christ. Un système religieux qui s’appuie sur les spéculations de l’esprit humain et sur les principes moraux du monde ne peut pas être selon Christ, qui possède tous les trésors de la sagesse et de la connaissance (2. 3). Sa mort et sa résurrection sont le moyen pour les chrétiens d’avoir part à de tels trésors.
Au lieu des spéculations humaines trompeuses de la philosophie, qui n’engendrent que des désillusions, nous avons la plénitude divine dans la personne de Jésus Christ.
L’apôtre reprend l’exposé des gloires de Christ (1. 19), pour les compléter. La plénitude de la déité avait habité en Christ, homme sur la terre, lors de sa première venue. Descendu sur la terre comme la Parole incarnéeJean 1. 14 dans le temps1, Christ demeure éternellement Homme, dans le ciel comme sur la terre. En Christ, vrai homme et vrai Dieu, la plénitude de la déité (Père, Fils et Saint Esprit) habite corporellement (dans son corps glorieux), et non pas spirituellement seulement. Cette plénitude comporte tout ce que Dieu est dans son essence et sa nature, ses attributs, ses perfections et ses gloires. La vérité est déclarée avec force, en face des opposants gnostiques ou judaïsants, qui rejetaient sa divinité (en prétendant que ce n’était qu’une apparence) ou niaient son humanité réelle.
C’est dans cette personne glorieuse que les croyants sont accomplis, connaissent la plénitude de la vie divine et de toutes ses bénédictions. Nous sommes en Christ devant Dieu dans la perfection et la plénitude de ce qu’il est.
Enfin, Christ est chef de toute principauté et autorité. Son premier droit sur elles est celui de Créateur (1. 16). Mais, après sa résurrection, Dieu a aussi élevé son Fils au-dessus d’elles toutesÉphésiens 1. 21.
L’apôtre peut alors entrer dans les applications pratiques.
La circoncision était le signe de l’alliance de Dieu avec Israël, peuple élu sur la terreGenèse 17. 10. Donnée à Abraham et à sa descendance, elle avait été confirmée à la sortie d’Egypte (dans la loi2) et à l’entrée dans le paysExode 12. 48 Josué 5. 2-5. On se rappelle que la circoncision du peuple a été opérée à Guilgal, le premier campement après le Jourdain. C’était un point de passage obligé pour atteindre les plaines de Jéricho, là où se goûtait la nourriture du pays de Canaan.
Sa portée spirituelle était le “dépouillement du corps de la chair” (ce principe mauvais qui est en tout homme), exigé pour faire partie du peuple de Dieu. Ceci se réalise par la mort de Christ : c’est la “circoncision du Christ”. Il n’est pas possible de combattre la chair par la chair.
Les chrétiens peuvent goûter l’efficacité de la mort de Christ par le moyen de la puissance de la vie qui est en lui. Ils se tiennent pour morts, et ont dépouillé le corps de la chair et du péché par la foi. La circoncision juive était le symbole de ce qu’est maintenant la réalité du privilège du chrétien en Christ.
L’autre figure évoquée par l’apôtre est la cérémonie chrétienne du baptême ; comme la circoncision juive, sa portée spirituelle est en rapport avec la mort de Christ. En entrant dans les eaux du baptême, nous sommes ensevelis avec Christ dans sa mort. C’est moralement la fin de l’homme en Adam. Mais en sortant des eaux du baptême, nous sommes introduits dans une position nouvelle de vie : nous sommes ressuscités ensemble avec le Christ (3. 1).
La foi en Dieu et en sa puissance est le moyen par lequel ces vérités opèrent en nous pour nous en communiquer la réalité vivante. La puissance de Dieu qui a ressuscité Christ d’entre les morts, opère maintenant en notre faveur pour ressusciter nos âmes comme nos corpsÉphésiens 1. 19 ; 1 Thessaloniciens 4. 14.