Ce dernier poème s’ouvre sur le tableau, plein de tendresse, de la fiancée qui monte du désert, appuyée sur son bien-aimé. Nous assistons aux derniers moments de leur entretien : le rappel de leur première rencontre, une déclaration d’amour chaleureuse de la bien-aimée, l’engagement commun à aider la “petite sœur”.
Vient le moment où chacun apprécie les fruits de la récolte ; puis le livre se clôt sur une expression d’amour de la fiancée, en réponse à l’ultime invitation de son bien-aimé.
Au chapitre 3. 6-11, l’arrivée triomphale à Jérusalem du cortège du roi Salomon rappelait la fin du long voyage d’Israël sous la conduite de Moïse. Maintenant, tout change : les jeunes filles de Jérusalem regardent vers le désert ; elles y découvrent une scène intime, qui s’apparente plutôt à la fin du voyage de Rebecca, accueillie par Isaac, son futur époux. Comme les circonstances du désert – passées sous silence ici – ont changé l’attitude de la bien-aimée ! Confiante, aimante, libérée de toute appréhension, elle revient, soutenue par le bras puissant de son bien-aimé.
Il y eut un jour où le bien-aimé réveilla “sous le pommier” (une représentation symbolique de sa personne, comme un arbre de vie) celle dont le sommeil aurait pu être fatal. Ce fut pour la jeune fille un réveil moral et spirituel, celui de la conscience et du cœur ; dès lors des sentiments nouveaux de reconnaissance et d’amour pour son bienfaiteur se développèrent en elle, malgré des exercices de cœur prolongés.
Cette courte allégorie résume l’histoire du résidu fidèle de Juda. La mère (le royaume initial des douze tribus, qui devient déjà idolâtre) enfante en infirmité un résidu fidèle (le royaume de Juda, et, plus tard, quand l’idolâtrie s’y développe à son tour, les fidèles de ce royaume) ; mais la mère n’est d’aucun secours pour ce résidu. Par ses prophètes, l’Éternel réveille les affections de ces croyants ; le Messie qu’ils attendent devient pour leur foi un refuge et une source de rafraîchissement (2. 3-6).
Nous avons suivi, dans les expériences de la bien-aimée, tout le travail de conscience de ces fidèles, leurs élans d’amour puis leurs chutes, les manifestations d’une foi souvent chancelante. Dans un jour futur, le Messie, rejeté à sa première venue, reviendra parler à leur cœur au désert où il les trouvera (la grande tribulation de Juda), puis les ramènera, avec une infinie douceur, jusqu’à la terre de leurs pères1. Alors, le règne commencera. C’est la phase à laquelle nous arrivons avec ce dernier cantique.
Quelques psaumes du second livre2 expriment les sentiments du résidu dans ce temps d’épreuve du désert : “Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant. Quand viendrai-je et paraîtrai-je devant Dieu ?” Psaume 42. 3
L’épreuve du désert ! Plus d’un croyant est appelé à la connaître aujourd’hui encore : une maladie grave, des circonstances de famille difficiles, un deuil qui brise le cœur. Tous les appuis humains sont insuffisants pour aider ou consoler. Et voilà que l’Ami fidèle, vers lequel l’âme se tourne, répond comme à Asaph autrefois : “Invoque-moi au jour de la détresse : je te délivrerai et tu me glorifieras” Psaume 50. 15. Quelle paix profonde dans le cœur et quelle puissante épaule pour appuyer son bras quand le racheté “monte du désert”, soutenu par son merveilleux Seigneur !
La fiancée veut désormais goûter, près du cœur de son bien-aimé, aux sources profondes de l’amour qu’elle a découvert en lui ; elle veut aussi s’en remettre à la puissance de cet amour (gravée sur son bras), comme autrefois les tribus de son peuple, dont les noms étaient gravés sur les épaulières et sur le pectoral du souverain sacrificateurExode 28. 9-12, 29. Le sceau parle de possession : la bien-aimée veut être la propriété exclusive de son bien-aimé. Cet amour de son futur époux, qu’est-il vraiment pour elle ?
Par anticipation la bien-aimée mesure la force d’un tel amour.
Quelle richesse et quelle assurance pour la bien-aimée que d’être aimée ainsi !