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Le Cantique des cantiques
Sondez les Écritures - 5e année

Cantique des cantiques 8. 5-14

Sixième cantique : Triomphe de l’amour

Ce dernier poème s’ouvre sur le tableau, plein de tendresse, de la fiancée qui monte du désert, appuyée sur son bien-aimé. Nous assistons aux derniers moments de leur entretien : le rappel de leur première rencontre, une déclaration d’amour chaleureuse de la bien-aimée, l’engagement commun à aider la “petite sœur”.

Vient le moment où chacun apprécie les fruits de la récolte ; puis le livre se clôt sur une expression d’amour de la fiancée, en réponse à l’ultime invitation de son bien-aimé.

1. La fin du voyage : versets 5-7

Au chapitre 3. 6-11, l’arrivée triomphale à Jérusalem du cortège du roi Salomon rappelait la fin du long voyage d’Israël sous la conduite de Moïse. Maintenant, tout change : les jeunes filles de Jérusalem regardent vers le désert ; elles y découvrent une scène intime, qui s’apparente plutôt à la fin du voyage de Rebecca, accueillie par Isaac, son futur époux. Comme les circonstances du désert – passées sous silence ici – ont changé l’attitude de la bien-aimée ! Confiante, aimante, libérée de toute appréhension, elle revient, soutenue par le bras puissant de son bien-aimé.

Réveillée sous le pommier : verset 5

Il y eut un jour où le bien-aimé réveilla “sous le pommier” (une représentation symbolique de sa personne, comme un arbre de vie) celle dont le sommeil aurait pu être fatal. Ce fut pour la jeune fille un réveil moral et spirituel, celui de la conscience et du cœur ; dès lors des sentiments nouveaux de reconnaissance et d’amour pour son bienfaiteur se développèrent en elle, malgré des exercices de cœur prolongés.

Cette courte allégorie résume l’histoire du résidu fidèle de Juda. La mère (le royaume initial des douze tribus, qui devient déjà idolâtre) enfante en infirmité un résidu fidèle (le royaume de Juda, et, plus tard, quand l’idolâtrie s’y développe à son tour, les fidèles de ce royaume) ; mais la mère n’est d’aucun secours pour ce résidu. Par ses prophètes, l’Éternel réveille les affections de ces croyants ; le Messie qu’ils attendent devient pour leur foi un refuge et une source de rafraîchissement (2. 3-6).

Nous avons suivi, dans les expériences de la bien-aimée, tout le travail de conscience de ces fidèles, leurs élans d’amour puis leurs chutes, les manifestations d’une foi souvent chancelante. Dans un jour futur, le Messie, rejeté à sa première venue, reviendra parler à leur cœur au désert où il les trouvera (la grande tribulation de Juda), puis les ramènera, avec une infinie douceur, jusqu’à la terre de leurs pères1. Alors, le règne commencera. C’est la phase à laquelle nous arrivons avec ce dernier cantique.

Quelques psaumes du second livre2 expriment les sentiments du résidu dans ce temps d’épreuve du désert : “Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant. Quand viendrai-je et paraîtrai-je devant Dieu ?” Psaume 42. 3

L’épreuve du désert ! Plus d’un croyant est appelé à la connaître aujourd’hui encore : une maladie grave, des circonstances de famille difficiles, un deuil qui brise le cœur. Tous les appuis humains sont insuffisants pour aider ou consoler. Et voilà que l’Ami fidèle, vers lequel l’âme se tourne, répond comme à Asaph autrefois : “Invoque-moi au jour de la détresse : je te délivrerai et tu me glorifieras” Psaume 50. 15. Quelle paix profonde dans le cœur et quelle puissante épaule pour appuyer son bras quand le racheté “monte du désert”, soutenu par son merveilleux Seigneur !

Comme un cachet sur ton cœur… sur ton bras : versets 6, 7

La fiancée veut désormais goûter, près du cœur de son bien-aimé, aux sources profondes de l’amour qu’elle a découvert en lui ; elle veut aussi s’en remettre à la puissance de cet amour (gravée sur son bras), comme autrefois les tribus de son peuple, dont les noms étaient gravés sur les épaulières et sur le pectoral du souverain sacrificateurExode 28. 9-12, 29. Le sceau parle de possession : la bien-aimée veut être la propriété exclusive de son bien-aimé. Cet amour de son futur époux, qu’est-il vraiment pour elle ?

  • Il est fort comme la mort. La mort, qui ne lâche pas sa proie, a été victorieuse de l’homme jusqu’au jour où l’homme Christ Jésus en a triomphé à la croix, mais au prix de sa vie donnée, par amour pour nous, pécheurs. À aucun moment la mort ne triomphe de l’amour du Sauveur ; son aiguillon lui fut ôté1 Corinthiens 15. 55 quand Jésus laissa – pour un moment seulement – sa vie ; dès lors, “celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable”, perdit toute puissance sur elleHébreux 2. 14. Le croyant, au bénéfice de cette victoire, proclame avec reconnaissance : “Qui est-ce qui nous séparera de l’amour de Christ ? … ni mort, ni vie… ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu” Romains 8. 35, 38.

Par anticipation la bien-aimée mesure la force d’un tel amour.

  • La jalousie est exclusive, égoïste ; l’amour aussi est jaloux et ne tolère pas des cœurs partagés ; Jésus dit un jour : “Celui qui aime père ou mère plus que moi, n’est pas digne de moi” Matthieu 10. 37.
  • Comme le feu, l’amour consume ce qui s’interpose entre l’être aimé et celui qui l’aime. Tel est Dieu lui-même dans son amour : “Dieu est un feu consumant, un Dieu jaloux” Deutéronome 4. 24 ; Hébreux 12. 29. Tel était Jésus ici-bas dans son amour pour Dieu son Père : “Le zèle de ta maison m’a dévoré” Psaume 69. 9 ; Jean 2. 16, 17.
  • Des eaux ne peuvent ni éteindre l’amour, ni le submerger ; elles sont entrées jusque dans l’âme du SauveurPsaume 69. 2, mais son amour n’a pas faibli.
  • L’amour ne peut pas se monnayer, il se donne librement, entièrement. “Je mets ma vie pour les brebis”, dit le bon bergerJean 10. 15.

Quelle richesse et quelle assurance pour la bien-aimée que d’être aimée ainsi !

Notes

1Nous avons une scène touchante en Osée 2. 16-25 : “Moi, je l’attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au cœur ; et de là je lui donnerai ses vignes… en ce jour-là… tu m’appelleras : Mon mari”. Il s’agit d’une visite divine analogue à celle que nous trouvons ici, mais elle concerne le résidu des dix tribus d’Israël (royaume du nord) ramené d’entre les peuples où il était dispersé depuis des siècles. L’aboutissement est son retour dans sa terre où le règne vient d’être instauré. Ce résidu n’apparaît qu’au verset 8 de ce chapitre (la petite sœur).
2Le second livre des psaumes présente les souffrances du résidu de Juda, chassé de sa patrie une première fois après la destruction de Jérusalem (an 70), une seconde fois pendant la grande tribulation, avant le règne de mille ans de son Messie (Matthieu 24. 15-31).

Cantique des cantiques 8

5Qui est celle-ci qui monte du désert, s’appuyant sur son bien-aimé ? – Je t’ai réveillée sous le pommier : là ta mère t’a enfantée dans les douleurs, là celle qui t’a enfantée a été en travail.

6Mets-moi comme un cachet sur ton cœur, comme un cachet sur ton bras ; car l’amour est fort comme la mort, la jalousie, cruelle comme le shéol ; ses ardeurs sont des ardeurs de feu, une flamme de Jaha. 7Beaucoup d’eaux ne peuvent éteindre l’amour, et des fleuves ne le submergent pas ; si un homme donnait tous les biens de sa maison pour l’amour, on l’aurait en un profond mépris.

8Nous avons une petite sœur, et elle n’a pas encore de seins. Que ferons-nous pour notre sœur, au jour où l’on parlera d’elle ? 9– Si elle est une muraille, nous bâtirons sur elle une demeureb d’argent ; et si elle est une porte, nous la fermerons avec une planche de cèdre.

10Je suis une muraille, et mes seins sont des tours ; je fus alors à ses yeux comme celle qui a trouvé la paix. 11– Salomon avait une vigne à Baal-Hamon : il remit la vigne à des gardiens ; chacun devait apporter pour son fruit 1 000 [pièces] d’argent. 12Ma vigne, qui est à moi, est devant moi. À toi, Salomon, les 1 000 [pièces] ; et 200 pour ceux qui en gardent le fruit.

13Habitante des jardins, les compagnons sont attentifs à ta voix ! Fais que je l’entende !

14Fuis, mon bien-aimé, et sois semblable à une gazelle ou au faon des biches, sur les montagnes des aromates. c

Notes

al’Éternel dans son essence, dans le sens absolu ; voir Exode 15. 2.
bou : enceinte crénelée.
cEn général, dans ce livre, les alinéas marquent la succession des interlocuteurs.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)