Une scène publique inaugure ce troisième cantique : le cortège royal monte du désert et arrive à Jérusalem. La gloire de Salomon est rehaussée par la garde des hommes forts, la splendeur du trône royal et l’éclat de la couronne du souverain. Le palanquin, porté par les serviteurs, est environné d’un nuage de parfums variés. La présence de la bien-aimée aux côtés du roi n’est que suggérée au verset 6.
Au chapitre 4, sans transition, la scène publique fait place à des épisodes beaucoup plus personnels entre le roi et celle qui va être son épouse ; il lui déclare ce qui l’attire dans les traits délicats de sa personne (versets 1-5) ; puis il l’invite à le suivre vers des sommets aussi majestueux que secrets (versets 6-8) où il exprime ses sentiments en des termes pleins de chaleur (versets 9-15). La réponse de la bien-aimée est brève (verset 16) mais elle traduit bien l’écho d’un cœur profondément touché par l’intensité du moment. Et le poème s’achève par l’invitation que le bien-aimé adresse à tous ses amis de venir prendre part à sa joie (5. 1).
Ce texte a manifestement une portée prophétique qui nous conduit à en faire une seconde lecture :
Déjà, dans le passé, un cortège royal était arrivé en vue du pays promis, après la traversée, semée d’épreuves, d’un grand désert. Dieu était alors le roi de ce peuple qu’il s’était fiancéJérémie 2. 2. Il pouvait être dit : “Dieu… aura-t-il dit, et ne fera-t-il pas ? … L’Éternel, son Dieu, est avec lui, et un chant de triomphe royal est au milieu de lui” Nombres 23. 19, 21.
Hélas, quelques générations suffiront pour qu’Israël, infidèle, soit chassé de la terre de Canaan. Tout sera-t-il à jamais perdu ? Non. Sous l’allégorie de ce cantique perce le relèvement futur. Les scènes de ce retour font la richesse de bien des Psaumes (84, 122, etc.) et des prophètes. Citons seulement quelques expressions très évocatrices : “Je l’attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au cœur… je te fiancerai à moi pour toujours” Osée 2. 16-21.
Arrêtons-nous maintenant à quelques expressions qui demandent une explication.
La figure du berger fait place à celle du roi. Salomon arrive à Jérusalem dans un magnifique apparat.
Moralement, l’épreuve du désert a été formatrice pour la bien-aimée : des qualités nouvelles se dégagent de sa personne, comme des
Les mains habiles des filles de Jérusalem ont brodé avec amour la décoration intérieure du siège royal, digne de son hôte et de ses invités. Par la pensée, nous nous transportons vers quelques scènes intimes de l’évangile selon Luc : d’humbles bergers arrivant à la crèche de Bethléem (la première demeure sur la terre du “Sauveur” annoncé par les anges) et rendant hommage au petit enfant ; le vieillard Siméon, tenant l’enfant Jésus dans ses bras et faisant solennellement, dans le temple, sa déclaration prophétique : “Celui-ci est mis pour la chute et le relèvement de plusieurs en Israël” Luc 2. 34. Il faudra attendre longtemps ce “relèvement” ; il y aura bien un jour l’entrée à Jérusalem du roi, monté sur un ânon et acclamé par la fouleLuc 19. 29-38, mais ce ne sera qu’un épisode éphémère dans la vie d’un Christ déjà rejeté.
Les filles de Sion (la cité de David), fidèles entre les fidèles, sortent pour contempler l’arrivée glorieuse du roi et partager sa joie.
Cette scène nous fait entrevoir le retour d’un peuple confus d’avoir osé, un jour, blesser et déshonorer la tête de son roi par une couronne d’épines. Il l’accueillera enfin dignement et se réjouira de voir que “sur lui fleurira sa couronne” Psaume 132. 18 pendant tout le règne millénaire. Quel émerveillement sera, pour le peuple terrestre, le moment où il découvrira, aux côtés de son Messie, une compagnie d’élus qui, pendant la période du rejet d’Israël, aura été donnée à Christ comme épouse céleste par Dieu son Père2 Thessaloniciens 1. 10 !