La prise de l’arche était un jugement de Dieu sur le peuple aussi bien que sur la sacrificature (plus directement en vue ici) Psaume 78. 56-64. Dieu jugeait son peuple en permettant un tel châtimentGalates 6. 7. Mais tout en parlant à son peuple, Dieu parle aux nations : les Philistins subiront un jugement sur leur dieu (versets 1-5), sur leur personne (versets 6-12) et sur leurs biens (6. 5).
L’arche est menée triomphalement comme un trophée à Asdod, dans la maison de Dagon, dieu national des Philistins1. Pensaient-ils honorer l’arche en la plaçant à côté de cette statue ? Dans leur idolâtrie, les nations sont toujours disposées à adopter de nouveaux dieux. Les deux chérubins pouvaient peut-être à leurs yeux symboliser deux divinités (ils avaient déjà parlé “des” dieux d’Israël : 4. 8). Mais le seul vrai Dieu va revendiquer sa gloireÉsaïe 48. 11.
Le triomphe des Philistins va se changer en défaite, et leur orgueil en honte. L’arche captive devient conquérantePsaume 78. 65, 66. Devant les Philistins stupéfaits, Dagon est renversé une première fois devant l’arche, puis il est mutilé la seconde fois ; sa tête (l’intelligence) et ses mains (la puissance) sont coupées. Les Philistins, sans voir le ridicule de la situation, instituent, avec vénération et superstition, l’interdiction de marcher sur le seuil de la maison de leur idole.
De nos jours aussi, que de faux dieux sont ainsi honorés ! Or, derrière les idoles, se cachent les démons1 Corinthiens 10. 19-21. Dagon n’était qu’une statue ; l’arche, au contraire, un symbole représentant Dieu. Ils appartiennent l’une et l’autre au monde visible, mais sont en relation avec le monde invisible qui n’est pas moins réel. Cependant, l’humiliation de Dagon devant l’arche annonce la victoire de celui qui, à la croix, écrasera la tête du serpentGenèse 3. 15 ; Marc 3. 27 ; Colossiens 2. 15 ; Hébreux 2. 14.
Après Dagon, leur faux dieu, les Philistins eux-mêmes sont frappés par Dieu2. La main de Dieu s’appesantit de plus en plus : peur, angoisse, douleur, plaies honteuses, consternation mortelle (verset 11) et mort. Le pays lui-même est ravagé (6. 5). Tous sont atteints, car devant Dieu tous sont égaux (verset 9 ; 6. 4) Apocalypse 20. 12.
L’arche est déplacée dans le vain espoir que le mal ne suivra pas. Ainsi, l’homme réagit en cherchant à se soustraire aux conséquences du mal sans le juger. On cherche d’abord à soigner son corps et à éviter les difficultés matérielles avant de se soucier de guérir son âme d’un mal incurable, le péché.
Devant l’épreuve qui les atteint, les Philistins sont obligés de reconnaître le doigt de Dieu (5. 7, 11 ; 6. 3), et de lui donner gloire (6. 5) Exode 9. 27 ; Daniel 2. 47 ; 3. 28 ; 4. 37 ; Philippiens 2. 10, 11. Les devins et les sacrificateurs (le pouvoir religieux) et les anciens (le pouvoir civil) sont d’accord pour renvoyer l’arche en Israël. De même, au lieu de se laisser pénétrer par la lumière divine, les hommes, se sentant jugés, sont effrayés et refusent le moyen du salut (symbolisé ici par l’arche dont le propitiatoire était aspergé de sang) Marc 5. 17 ; Luc 23. 31 ; 19. 14 ; Actes 4. 26.
Mais de quelle manière faut-il renvoyer l’arche qui les terrorise depuis sept mois ? Pour apaiser ce Dieu si terrible, les Philistins décident d’offrir, selon la coutume païenne de l’époque, une image du mal subi. Ils ignorent totalement ce qui convient à Dieu. Les souris, même en or1 Pierre 1. 18, sont pour lui des animaux impursLévitique 11. 29 ; Ésaïe 66. 17.
Le monde n’a pas changé : il cherche à apaiser Dieu par un présent (par l’argent en particulier), par des œuvres de valeur ou par un formalisme de contraintes. Ce faisant, il laisse de côté le seul moyen donné par Dieu pour être sauvé. Seul le sang de l’Agneau peut satisfaire la justice de Dieu.
De même, transporter l’arche sur un chariot, même neuf, n’était pas le moyen choisi par Dieu. Mais il tient compte de l’ignorance des Philistins, alors que, pour le même acte, son peuple Israël sera châtié2 Samuel 6. 1-11. Le chariot neuf et les vaches qui n’avaient pas porté le joug semblent exprimer un certain respect craintif de Dieu.
L’épreuve proposée par les devins démontre avec éclat la grandeur de Dieu : l’instinct maternel cède devant le Créateur de cet instinct et les vaches vont droit au but, à Beth-Shémesh3. Quel spectacle pour les princes des Philistins qui, sept mois plus tôt, se croyaient vainqueurs en se saisissant de l’arche ! Les voilà maintenant contraints de la suivre, dans une position humiliante pour eux, celle de serviteurs. Et Dieu, dans sa miséricorde et sa majesté, retourne à son peuple, car son propos est toujours d’être au milieu des siens.
Le retour de l’arche est une source de joieLuc 2. 20 ; Jean 20. 20. Le nom de Beth-Shémesh, “la ville du soleil”, prend un sens particulier en ce jour où revient l’arche, figure de la lumière de Dieu au milieu de son peuple. Le peuple montre sa reconnaissance par un sacrifice, certes imparfait (il aurait fallu sacrifier un mâle au lieu de deux vaches laitières), mais que Dieu agréeJuges 6. 19 ; 2 Chroniques 30. 18-20. La présence de Dieu au milieu des siens ne peut être basée que sur le sacrifice de Christ. Par ailleurs, si notre louange (représentée par le sacrifice) est parfois bien imparfaite, Dieu dans sa grâce l’accepte si notre cœur est droit.
Après avoir été témoins du retour miraculeux de l’arche, les princes des Philistins sont les spectateurs de l’offrande des Beth-Shémites. Insensibles dans leur conscience et dans leur cœur, ils s’en retournent à leurs idoles. Ils sont l’image du triste état actuel du monde, étranger à la grâce et à la gloire de Dieu.
La joie et la bénédiction de la présence de Dieu peuvent être brusquement gâchées. Les Beth-Shémites font preuve de curiosité, de témérité et de mépris de la majesté de l’Éternel en cherchant à regarder dans l’arche. Pour cela, ils ont dû enlever son couvercle, le propitiatoire. Dès lors, il ne restait dans l’arche que les deux tables de la loi que Moïse y avaient placées en Horeb1 Rois 8. 9. Or la loi condamne et produit la mort2 Corinthiens 3. 6, 9 ; aussi soixante-dix Beth-Shémites sont frappés.
Ne cherchons pas à scruter avec un esprit profane la personne de Christ, vrai Dieu et vrai homme. “Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père” Matthieu 11. 27. La liberté que nous avons de nous approcher du Seigneur n’enlève rien à la sainteté de sa présence ; devant lui, tout notre être se prosterne dans une profonde vénération.
Au lieu de mener deuil sur leur péché, les Beth-Shémites se lamentent uniquement sur ses conséquences, comme c’est souvent le cas (5. 12) Genèse 4. 13 ; 2 Samuel 6. 9. La crainte doit accompagner le sentiment de la grâce mais non le remplacerPsaume 130. 4. Une vraie humiliation aurait incité les Beth-Shémites à conserver l’arche chez eux. Au contraire, ils tombent d’une témérité coupable à une timidité excessive, et n’osent même plus porter l’arche eux-mêmes (verset 21).
La crainte des Beth-Shémites fait penser à ceux qui craignent une relation personnelle de communion avec Dieu. N’y a-t-il pas un heureux chemin qui évite la légèreté et l’indignité et en même temps la lâcheté et la fuite des responsabilités ? Appliquons-nous à garder l’équilibre, que seul le Seigneur a parfaitement réalisé !
L’arche ira à Kiriath-Jéarim, un lieu de repos plus propice pour elle que Silo, encore sous le souvenir récent de l’inconduite des fils d’Éli. A part une simple allusion (14. 18), il ne sera plus question d’elle pendant environ soixante-dix ans. Les hommes de Kiriath-Jéarim ne pouvaient ignorer ce qui s’était passé à Beth-Shémesh. Cependant ils acceptent l’offre, estimant peut-être que la présence de Dieu parmi eux serait une source de bénédiction. Les noms des hommes qui hébergent l’arche sont mentionnés4 (7. 1), car Dieu apprécie tout service pour lui.