Écrites à la fin du premier siècle, les trois épîtres de Jean constatent déjà la ruine publique de l’Église sur la terre, et la présence de séducteurs et d’antichrists. La stabilité et la sécurité des croyants demeurent en Christ, le Fils de Dieu.
En s’appuyant sur les grands faits du christianisme (la venue de Christ sur la terre, sa mort, son sang versé et l’envoi du Saint Esprit) la première lettre développe la doctrine touchant la personne du Fils éternel du Père, et la vie éternelle en lui. Les deuxième et troisième lettres montrent la conduite pratique à tenir à l’égard des séducteurs, d’un côté, et des fidèles serviteurs du Seigneur, de l’autre.
La vie éternelle, Christ lui-même, a été manifestée en Jésus, homme sur la terre. Les apôtres en ont été les témoins oculaires et auriculaires. Elle est maintenant communiquée au croyant par la foi en Christ et en son œuvre : Ce qui est vrai en lui, Christ, devient vrai en nous, les croyants (2. 8). Notre communion est avec le Père et le Fils, afin que notre joie soit accomplie.
“Dieu est lumière” (1. 5). À cette déclaration absolue, qui exprime la nature même de Dieu – amour et lumière – fait suite l’énoncé de sept conséquences directes introduites par l’expression : “si nous disons”, véritables tests pour notre marche chrétienne dans la lumière de Dieu :
La vie éternelle, c’est de connaître le Père et le FilsJean 17. 3.
La première preuve de cette vie est l’obéissance aux commandements du Seigneur, en gardant sa Parole.
La seconde preuve, qui découle de la première, est l’amour pour les frères ; les aimer comme Jésus nous aimeJean 13. 34 ; 15. 12.
L’harmonie dans la famille chrétienne, où chacun croît dans la connaissance de Christ – celui qui est dès le commencement – est une autre preuve de la vie éternelle. Tous sont les enfants du Père (verset 12), et sont invités à demeurer en Christ (verset 28).
Selon leur maturité spirituelle, ils constituent trois groupes dans la famille du Père :
Mais tous ont en partage d’être les objets de l’amour du Père envers ceux qu’il appelle ses enfants, et qui possèdent sa vie et sa natureJean 1. 12, 13. Lorsque Christ sera manifesté en gloire, ce que sont réellement les chrétiens en Christ sera pleinement révélé ; précieuse espérance propre à nous garder du mal.
Pratiquer le péché, sans loi morale, est l’opposé du fruit de la vie éternelle. Christ, sans péché, est venu dans le monde pour ôter nos péchés et établir une ligne de partage infranchissable entre le péché et la justice, entre les œuvres du diable et les œuvres de Dieu. La vie éternelle dans le croyant porte des fruits, la justice pratique et l’amour. Par opposition, l’incrédule ne peut accomplir que les œuvres du diable.
Le monde ne contient que deux groupes d’hommes : les enfants de Dieu (les croyants) et les enfants du diable (les incrédules) ; et tout homme vit selon la nature qu’il possède, dont il manifeste les fruits par des actes.
Là encore, l’opposition est établie entre la haine de Caïn envers Abel et l’amour chrétien, qui conduit jusqu’à donner sa vie pour les frères. Christ n’en est-il pas l’exemple par excellence ?
L’apôtre s’interrompt pour parler des expériences personnelles du chrétien. Notre cœur1 peut nous condamner ou au contraire, nous donner de l’assurance. Gardés de scrupules excessifs, mais dans le jugement de soi-même et dans la recherche d’une bonne conscience, notre cœur est alors affermi par la grâceHébreux 13. 9. Le Saint Esprit que Dieu nous a donné atteste que nous demeurons en Dieu et que Dieu demeure en nous. Après avoir énuméré les preuves de la vie éternelle, l’apôtre présente maintenant ses privilèges pour le croyant.
En opposition au Saint Esprit de Dieu qui est l’Esprit de vérité, beaucoup d’esprits agissent dans le monde par le moyen de faux-prophètes et propagent l’esprit d’erreur. Deux critères permettent de distinguer avec certitude entre les deux et de rejeter les esprits qui ne sont pas de Dieu :
Comme la lumière, l’amour est la nature essentielle de Dieu (versets 9, 16). Il se déploie de trois manières en notre faveur :
Il règle tout notre passé. Nous étions morts et Dieu nous a donné la vie. Nous étions coupables et souillés et Dieu a envoyé son Fils pour être la propitiation pour nos péchés.
Il dirige notre vie présente.
Nous avons toute assurance pour le jour du jugement.
La source de l’amour est en Dieu, qui nous a aimés le premier ; il nous rend capable de l’aimer en retour, et de nous aimer les uns les autres.
La vie éternelle est enfin présentée en rapport avec le témoignage de Dieu et la certitude de la foi, tous deux fondés sur l’Écriture.
L’épreuve de notre amour pour les frères, c’est aimer Dieu et garder ses commandements. La ressource est la foi, une confiance inébranlable en Dieu, qui nous assure la victoire sur le monde. Nous prenons courage en contemplant Christ, qui a vaincu le mondeJean 16. 33.
Le témoignage de Dieu au sujet de son Fils et de la vie éternelle est rendu par trois témoins (un témoignage complet) : L’Esprit, l’eau et le sang. L’eau et le sang ont coulé du côté percé de Jésus après sa mortJean 19. 34. La purification par l’eau et l’expiation par le sang sont ainsi opérées par la mort sanglante du Fils de Dieu. Descendu d’un Christ ressuscité et glorifié, le Saint Esprit dans le croyant lui révèle la valeur de l’eau et du sang. Le témoignage que nous avons au-dedans de nous-mêmes par la foi au Fils de Dieu est celui-ci : “Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils : Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie” (versets 11, 12).
La première assurance fondée sur ce témoignage est la certitude de posséder la vie de Dieu (verset 13) Jean 20. 31. La seconde conséquence est la confiance pratique en Dieu, exprimée par la prière qui présente à Dieu des besoins selon sa volonté (versets 14, 15). Nous devons aussi user de la prière en charité envers les autres en rapport avec leurs manquements (versets 16, 17).
Cette première épître se termine sur trois certitudes de la foi :
L’apôtre Jean, fidèle berger des brebis du Seigneur, conclut par une solennelle mise en garde contre le danger subtil des idoles : tout ce qui dans nos cœurs est autre que Christ.
Elle est adressée à une sœur en Christ et à ses enfants, pour les exhorter à maintenir la vérité (nommée six fois dans cette courte lettre), notamment en face des séducteurs, qui s’attaquaient à la personne de Christ – le Fils du Père – à sa divinité et à sa parfaite humanité. Pour autant, le commandement de l’amour conserve toute sa valeur. L’obéissance au Seigneur en est la preuve, et la condition de l’amour les uns pour les autres. Dans les derniers jours de la chrétienté, que nous vivons maintenant, la pierre de touche de l’amour selon Dieu est de tenir ferme la vérité. Nous pourrons ainsi déceler ceux qui ne demeurent pas dans “la doctrine du Christ” (verset 9), pour ne pas les recevoir. Il faut tenir ferme contre les fausses doctrines qui se propagent dans la chrétienté.
Son destinataire est un frère, Gaïus, dont la conduite est citée en exemple. Comme lui, nous sommes invités à exercer le service de l’hospitalité envers les frères fidèles et les recevoir dignement (par opposition aux faux docteurs à qui nous devons fermer la porte) ; nous coopérons ainsi avec la vérité (mentionnée à nouveau six fois dans cette lettre).
Diotrèphe, contrairement à Gaïus, était un contre-exemple à éviter. Usurpant l’autorité du Seigneur, il s’élevait à la première place, exerçant une pression ecclésiastique sur l’assemblée, et chassant même les frères fidèles : Voilà le danger du cléricalisme, souvent répété depuis dans les assemblées.
Au contraire, Démétrius avait un bon témoignage de tous, et de la vérité elle-même. Imitons donc le bien, et soyons gardés du mal.
Comme l’apôtre de l’amour nous y exhorte, encourageons-nous à aimer la vérité, à aimer nos frères en vérité, et à marcher dans la vérité avec le Dieu véritable !