En dépit de sa brièveté, cette troisième lettre de l’apôtre Jean, comme les deux premières, est d’une grande importance pour nous. Elle montre comment la vérité divine doit nous diriger dans toutes les circonstances de la vie courante.
Le destinataire est un croyant nommé Gaïus, auquel l’apôtre Jean se présente de nouveau comme un ancien (2 Jean 1) (et non un vieillard) et qu’il assure de son amour dans la vérité (verset 1). Son souhait concerne à la fois la santé physique et la santé spirituelle de Gaïus. L’apôtre ne limite donc pas ses souhaits au plan spirituel, mais descend avec beaucoup de grâce au niveau des circonstances de la vie quotidienne du croyant. Paul agit de même lorsqu’il s’intéresse à la nourriture de son enfant Timothée1 Timothée 5. 23.
Quant à nous, ne sommes-nous pas souvent enclins à prendre soin de notre corps plus que de notre âme et ainsi à inverser l’ordre des priorités ? L’apôtre Paul définit la même priorité : il déclare à Timothée que l’exercice physique est utile à peu de chose, mais que la piété est utile à toutes choses1 Timothée 4. 8. Plus encore, si l’homme extérieur dépérit, l’homme intérieur peut être renouvelé2 Corinthiens 4. 16.
Dès le début de sa troisième lettre, et comme dans la seconde épître, Jean reprend le sujet si important de la vérité, mentionnée de nouveau six fois.
Gaïus croissait dans la grâce et dans la vérité. Il ne se contentait pas d’étudier et d’enseigner la vérité, mais il y marchait, de sorte que tout son comportement était un témoignage à la vérité, comme à l’amour (verset 6). Une vérité n’est connue que si elle est vivante dans notre vie quotidienne ; autrement, elle est morte.
L’apôtre s’en trouvait “très-fort réjoui” (verset 3). Dans la deuxième épître, il avait déjà dit être “fort réjoui” par la marche des enfants de la dame élue (2 Jean 4). Mais Jean va maintenant encore plus loin : il déclare que la marche dans la vérité de ses enfants (dans la foi) constitue la plus grande de ses joies (verset 4). Quel touchant appel pour nous à imiter de semblables exemples, pour la joie de ceux qui paissent le troupeau de Dieu1 Pierre 5. 2, et surtout pour celle de Christ lui-même !
Le psalmiste autrefois plaçait Jérusalem au-dessus de la première de ses joies, lors même que le peuple de Dieu était captif à BabylonePsaume 137. 6. En marchant dans la vérité au milieu d’un monde de mensonge, nous pourrons, dans notre faible mesure, remplir la mission de l’assemblée, qui est la colonne et le soutien de la vérité1 Timothée 3. 15, et ainsi réjouir le cœur de Christ, le chef de l’assemblée.
L’expression “rendre témoignage à ta vérité” (verset 3) signifie que l’apôtre rend témoignage que Gaïus est fidèle à la vérité. La marche de Gaïus était tellement conforme à la vérité que celle-ci devenait sienne : il se l’appropriait par sa conduite fidèle. Christ est la vérité, en plénitudeJean 14. 6. Il déclarait la vérité sur toutes choses, et la vérité est en luiÉphésiens 4. 21. En manifestant la vérité dans sa vie pratique, Gaïus marchait donc sur les traces de Christ. Déjà présentée dans la première épître, en rapport avec l’amour, comme une preuve de la vie divine (1 Jean 2. 6), cette identité de marche entre Christ et les siens, est ici associée à la vérité, c’est-à-dire à la lumière. Ceci nous met en relation avec la nature même de Dieu, qui est amour (1 Jean 4. 9, 15) et lumière (1 Jean 1. 5). La pleine révélation de cette nature divine est dans l’homme Christ Jésus qui nous a apporté la grâce et la véritéJean 1. 17.
Pour le croyant, il n’est pas possible de manifester l’amour de Dieu en dehors d’une vie de lumière et de vérité. Les relations naturelles doivent s’effacer devant les relations fraternelles entretenues dans l’amour, la vérité et la foi. La marche dans la vérité est inséparable de la dépendance, de l’humilité et de la confession de nos fautes. C’est seulement ainsi que nous pouvons aimer nos frères selon Dieu1 Jean 5. 2, 3.
En marchant dans la vérité et dans l’amour, Gaïus avait aidé les serviteurs du Seigneur, et avait ainsi pris part à l’évangilePhilippiens 1. 5 et coopéré avec la vérité (verset 8).
Gaïus recevait dans sa maison ceux qui étaient “sortis pour le nom” (verset 7), c’est-à-dire pour le nom du Seigneur. Son service d’hospitalité s’accomplissait non seulement envers des frères d’origine juive (qui lui étaient connus) mais aussi envers des serviteurs venant des nations (des “étrangers”, qu’il ne connaissait pas). Gaïus était fidèle en agissant ainsi. Ce n’est pas la nationalité, la race ou l’origine d’un frère qui le recommande, mais le Seigneur seul2 Corinthiens 10. 18. La pierre de touche pour reconnaître les vrais serviteurs du Seigneur est leur marche dans la vérité. Dès lors, nous devons les recevoir (verset 8), comme si nous recevions Christ lui-même, qui a dit à ses disciples : “Celui qui vous reçoit, me reçoit” Matthieu 10. 40.
Il ne s’agit pas d’une simple suggestion de la part de l’apôtre, mais d’un ordre, donné aussi impérativement que celui de ne pas saluer les séducteurs (2 Jean 10). Le contraste et la similitude entre ces deux injonctions sont remarquables. Dans les deux cas, la vérité est en jeu. Avec la même énergie, nous devons donc, d’un côté, recevoir les serviteurs fidèles, et de l’autre, rejeter les serviteurs infidèles, les apostats et les séducteurs. Recevoir les premiers implique de leur “faire la conduite d’une manière digne de Dieu” (verset 6). En agissant ainsi, nous montrerons une marche chrétienne à la gloire de Dieu.
On notera la délicatesse des serviteurs du Seigneur, désirant “ne rien recevoir de ceux des nations” (verset 7) pour maintenir “l’évangile exempt de frais” 1 Corinthiens 9. 18. De toute manière “il est plus heureux de donner que de recevoir”, selon la parole même du Seigneur JésusActes 20. 35.