Dans un rassemblement local (que la lettre de Jean ne précise pas) 1, un homme, Diotrèphe, causait beaucoup de trouble. Si Gaïus et Démétrius marchaient dans la vérité, au contraire, Diotrèphe, entraîné par son orgueil, ne faisait que du mal. Tout son comportement était celui de la chair, qui cherche toujours à se mettre en avant. Déjà au temps de l’apôtre Jean, le déclin se manifestait donc au sein du témoignage du Seigneur sur la terre. Les fausses doctrines (deuxième épître) et l’esprit de domination du cléricalisme (troisième épître) sont particulièrement nommés comme les dangers les plus graves.
Diotrèphe s’était élevé à la première place dans l’assemblée locale et prétendait la conserver. Ainsi, il s’opposait aux frères engagés au service du Seigneur et s’en prenait même à ceux qui les recevaient, allant jusqu’à chasser ces derniers de l’assemblée. Triste tableau, bien trop souvent répété depuis dans l’Église ! Il est important de garder la vérité, et d’y marcher (2 Jean 4) ; mais l’esprit d’humilité pour le faire ne l’est pas moins, comme le montre le contre-exemple de Diotrèphe.
En fait, Diotrèphe usurpait la place du Seigneur, qui seul est digne d’occuper la première placeColossiens 1. 18, à la fois dans le cœur de ses rachetés et dans l’assemblée. Diotrèphe cherchait à “dominer sur des héritages”, en oubliant que le troupeau ne lui appartenait pas : il est celui du souverain Pasteur1 Pierre 5. 3, 4. Le motif profond de sa conduite était l’orgueil.
Le Seigneur avait souvent mis en garde les disciples contre le danger de l’orgueil et de la soif du pouvoir, les racines du cléricalisme. Lui, Seigneur de gloire, Maître de tout et sur toutes choses, était débonnaire et humble de cœurMatthieu 11. 29. Esclave volontaire, il n’était pas venu pour être servi, mais pour servirMatthieu 20. 28 ; Marc 10. 45. Au cours du dernier souper, face à ses disciples qui se disputaient la première place, Jésus leur avait rappelé une dernière fois qu’il était au milieu d’eux comme celui qui sertLuc 22. 25, 27.
Ainsi, rappelons-nous que l’œuvre est toujours celle du Seigneur. Et s’il désire employer les croyants pour son service, c’est une miséricorde qui leur est faite1 Timothée 1. 12, bien propre à les maintenir dans l’humilité et le jugement de soi. Un frère, si doué soit-il, n’a pas d’autorité par lui-même. Christ est le Seigneur de chaque croyant et le Chef (la Tête) du corps, de l’assemblée.
Diotrèphe rejetait aussi l’apôtre qui risquait de lui porter ombrage dans la position de domination qu’il s’était attribuée. En outre, il se laissait aller à la médisance et à la méchanceté vis-à-vis de Jean. Que fait l’apôtre ? À l’image de son maître, il ne se venge pas lui-mêmeRomains 12. 19 ; 1 Pierre 2. 23, sans pour autant rester indifférent à une situation qui déshonorait le Seigneur. Jean ne s’adresse pas à Diotrèphe directement : il avait écrit à l’assemblée à laquelle Diotrèphe se rattachait, et il en informait Gaïus, croyant fidèle ayant une responsabilité particulière.
Lorsque Jean reviendrait au milieu de cette assemblée, il manifesterait son autorité apostolique pour rétablir l’ordre. En attendant, il se garde d’intervenir directement dans la vie du rassemblement local. En effet, le Seigneur délègue son autorité aux deux ou trois réunis comme corps en assembléeMatthieu 18. 18, et non pas à un croyant individuellement, fût-il apôtre. Le cas de Diotrèphe est à rapprocher de celui du méchant à Corinthe. Comme l’apôtre Jean, et en dépit de son autorité apostolique, qui lui permettait même de livrer quelqu’un à Satan, l’apôtre Paul ne s’était pas substitué à l’assemblée de Corinthe pour agir à l’égard du méchant.
Tout croyant est invité à ne pas imiter le mal, mais à imiter le bien. Comme souvent, l’apôtre remonte ici à la source même des actes. Faire le bien, c’est manifester que l’on est de Dieu, car tout bien est un fruit de la vie divine dans le croyant. Au contraire, celui qui fait le mal prouve qu’il n’a pas vu Dieu.
La conduite de Démétrius était connue de tous. En propageant la vérité, il avait contribué à son affermissement en ceux qui avaient bénéficié de son service. En conséquence, la vérité elle-même rendait témoignage à Démétrius. L’apôtre était heureux de le confirmer par son propre témoignage, qui était vrai.
Ce triple témoignage de la vérité, donné par des croyants, par la vérité elle-même et par l’apôtre, sur un serviteur du Seigneur est remarquable, au temps du déclin de l’Assemblée sur la terre, lorsque si souvent “la vérité a trébuché sur la place publique” Ésaïe 59. 14, 15.
Cette troisième lettre se termine d’une manière semblable à la deuxième. Comme avec la dame élue et ses enfants, l’apôtre souhaitait voir Gaïus face à face pour s’entretenir avec lui d’une manière plus libre que par écrit. Nous sommes néanmoins reconnaissants que l’Esprit de Dieu ait consigné dans le canon des Écritures inspirées ces courts messages de l’apôtre, si utiles à la fin de la marche de l’Assemblée sur la terre.
L’apôtre termine sa salutation de paix en mentionnant les croyants comme des “amis”, qu’il désire saluer “chacun par son nom”, dans une affection précise et véritable. Cette appellation “d’amis” ne se trouve qu’ici dans les épîtres du N.T. Mais elle a été sur les lèvres de notre bien-aimé Sauveur, pour parler à ses chers disciples, et à ceux qui viendraient à croire en lui par la parole des apôtres :
Ainsi, les “amis” du Seigneur :
Que la méditation attentive de ces trois épîtres, écrites par l’apôtre de l’amour, nous fasse croître dans la réalisation pratique de la position privilégiée d’amis du Seigneur de gloire, celui qui n’a pas honte de nous appeler ses frères !
“Il est tel ami plus attaché qu’un frère” Proverbes 18. 24.