La vitalité d’une vigne ne se montre pas dans ses branches, mais dans le fruit qu’elle porte pour son cultivateur. Israël, transporté d’Égypte pour être “la vigne de l’Éternel des armées” Psaume 80. 9 ; Ésaïe 5. 7, avait autrefois porté du fruit pour Dieu (9. 10). Maintenant, la vigne refusait son fruit à son propriétaire, et ne vivait que pour elle-même. Bien plus, pour chaque bénédiction accordée par Dieu, le peuple rendait gloire à ses viles idoles. Aussi, Dieu abattrait leurs autels et leurs statues, et permettrait un temps d’anarchie politique, où un roi ne leur serait d’aucun secours.
Parmi les maux en Israël, figure le bavardage. Notre époque n’est-elle pas marquée par la profusion des moyens de communication et d’information ? Satan se sert de ce verbiage pour masquer l’essentiel aux hommes : la voix de Dieu par sa Parole, la Bible.
Le peuple et son roi sont accusés de traîtrise. En effet, Osée (roi d’Israël) avait conclu une alliance de soumission avec Shalmanéser, roi d’Assyrie, tout en complotant en secret avec Sô, roi d’Égypte2 Rois 17. 3, 4. De la même manière, deux cents ans plus tard, Sédécias, roi de Juda, s’engagera par serment au nom de l’Éternel devant Nebucadnetsar, pour rompre ensuite son serment en appelant l’Égypte à l’aide2 Chroniques 36. 13 ; Ézéchiel 17. 18. Quel contre-témoignage devant le monde, quand les chrétiens ne respectent pas leur parole ! Le jugement appelé sur Israël à cause de son parjure est comparé à une plante vénéneuse (un véritable poison) qui empêche la moisson.
En face du jugement, que fait Israël ? Il s’inquiète pour ses idoles et les richesses qu’elles représentent. Le prophète identifie Béthel, autrefois la maison de Dieu, qui abrite maintenant un veau d’or (déjà depuis Jéroboam I), avec Beth-Aven, une maison de vanité ou d’iniquité (4. 15 ; 5. 8 ; 10. 8). L’idolâtrie est toujours une abomination pour Dieu. Le transfert des idoles (symbole de la prospérité matérielle du peuple d’Israël) par les ennemis serait pour la honte des sacrificateurs idolâtres (les Camarim).
Dès lors, Israël et son roi sont déportés en Assyrie. Cette prophétie s’est accomplie à la lettre2 Rois 17. 4-6 ; 18. 9-12, du vivant même du prophète Osée. La terre d’Israël devient un désert ; les épines et les ronces, souvenir de la malédiction de la terre après la faute d’AdamGenèse 3. 18, couvrent désormais les autels et cachent l’idolâtrie d’Éphraïm. La honte et la peur sont la part du peuple coupable, dont l’histoire nationale est désormais close, jusqu’à son rétablissement à venir, encore futur pour nous.
Cette prophétie d’Osée annonce en outre des événements ultérieurs. Un autre jugement atteindra Juda, coupable du rejet et de la mort du Messie. Le Seigneur (le bois vert pour Dieu) annonce ainsi la condamnation du bois sec (Israël sans Dieu), en employant les paroles d’Osée (10. 8) Luc 23. 28-31. Enfin, à l’ouverture du sixième sceau de l’Apocalypse, la terreur des hommes devant la colère de l’Agneau s’exprimera par le même cri d’angoisseApocalypse 6. 15-17. Quelle fin tragique !
La triste affaire de Guibha de Benjamin n’avait jamais été complètement réglée devant Dieu et, comme un levain, avait pénétré la masse du peuple pour le corrompre. À l’époque, la tribu de Benjamin avait bien été châtiée pour sa faute par les autres tribus. Mais “les fils d’iniquité” (10. 9), les vrais coupables de la monstruosité commise, avaient échappé au jugement.
Ce jugement de Guibha présageait un jugement plus sévère encore, celui de tout Israël. Dieu se servirait alors des nations pour châtier à la fois Juda (et Benjamin) et Éphraïm (les dix tribus), “liés pour leurs deux iniquités”. Il semble que celles -ci soient :
Ce sont précisément les deux grands sujets de controverse entre Dieu et son peuple dans la prophétie d’Ésaïe. Éphraïm et Juda seraient ainsi soumis au joug des nations. Esclaves, ils travailleraient pour d’autres (10. 11), parce qu’ils avaient “labouré la méchanceté, moissonné l’iniquité, mangé le fruit du mensonge” (10. 13).
Le prophète interrompt ce triste tableau de jugement pour adresser au peuple un vibrant appel de grâce (10. 12), en poursuivant la même image des travaux dans les champs : semer en justice pour moissonner selon la piété, recommencer une nouvelle vie, en recherchant l’Éternel. Dieu ne manquerait pas de répondre ; il viendrait pour arroser par sa justice le terrain préparé, et faire descendre une pluie de bénédiction (6. 3). Ce serait l’aube du jour de la délivrance du peuple. Combien il est touchant de voir comment Dieu répond au moindre mouvement du cœur vers lui !
Toutefois, le chapitre se termine sur l’aube d’un autre jour, celui du jugement qui marquerait la fin de l’histoire d’Éphraïm (10. 13-15). “Vous avez labouré la méchanceté” : comme souvent dans la prophétie d’Osée, les images suscitent la pensée. Ce labourage peut évoquer le joug des nations placé sur le peuple comme conséquence de son iniquité. Ailleurs, le labourage parle du travail opéré dans un cœur pour le ramener à l’Éternel.
Béthel avait été le lieu où Dieu avait confirmé ses promesses à Jacob et à sa descendanceGenèse 28. 13, 19. Devenu maintenant le centre de l’apostasie, Béthel était le témoin de la méchanceté des propres descendants de Jacob (10. 15).