Dans les trois premiers chapitres le message du prophète a été illustré par sa triste expérience du mariage. Viennent alors les textes prophétiques proprement dits.
L’état moral et religieux d’Éphraïm (les dix tribus) révélé ici par le prophète montre que sa situation était sans espoir. Dieu jugerait l’infidélité de son peuple, et irait jusqu’à endurcir son cœurÉsaïe 6. 9, 10. Toutefois, un faible espoir subsistait encore pour Juda, s’il ne suivait pas les traces d’Israël.
Comme dans un procès, nous sommes invités à prêter attention au réquisitoire par l’appel : “Écoutez la parole de l’Éternel”, qui introduit la liste longue et accablante des chefs d’accusation contre Israël infidèle.
En s’éloignant de l’Éternel, le peuple avait perdu la vérité, la bonté et la connaissance de Dieu. Les conséquences de cet abandon étaient la corruption (mensonge et adultère) et la violence (meurtre, vol et effusion du sang). C’est un tableau d’une étonnante actualité du monde où nous vivons.
L’histoire des descendants de Jéhu au milieu d’Israël confirme les déclarations du prophète ; la plupart ont péri de mort violente. Toute la création animale (bêtes des champs, oiseaux des cieux et poissons de la mer) participait même aux conséquences des péchés d’Israël (verset 3). Nous constatons de nos jours la même servitude de la création aux conséquences du péché de l’hommeRomains 8. 22.
Le sort de la nation est arrêté par Dieu. Il est trop tard pour réprimander le peuple ou entrer en discussion avec lui (verset 4). En refusant le service de la sacrificature, Israël se privait ainsi de tout secours divin. Auparavant, le résidu fidèle devait encore plaider contre sa mère, symbole d’Israël (4. 2). Maintenant, celle-ci allait être détruite (verset 5) : ainsi, le résidu serait épargné, mais la nation profane serait jugée.
Par la voix vibrante du prophète, l’Éternel parle encore de “Mon peuple” (versets 6, 12), avant de lui appliquer la sentence de “Lo-Ammi” (pas mon peuple). Avec douleur, Dieu constate son éloignement.
Le peuple avait perdu la vraie connaissance, celle de Dieu. C’est le résultat de l’absence de crainte de l’ÉternelProverbes 1. 7. En tirant son peuple hors d’Égypte, et en lui faisant le don de la loi, Dieu s’était choisi pour lui “un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte” Exode 19. 6. Mais Israël avait abandonné l’alliance de la loi, et la sacrificature royale lui était désormais ôtée. “Tu as oublié la loi de ton Dieu, et moi j’oublierai tes fils” (verset 6). Quelle parole solennelle ! Chaque génération conserve sa propre responsabilité devant Dieu ; mais n’oublions jamais les conséquences de notre conduite sur ceux qui nous suivent et qui sont témoins de l’exemple que nous leur laissons.
Le prophète s’adresse alors particulièrement aux sacrificateurs, au milieu de la nation sacerdotale, mise de côté dans son ensemble (verset 9). C’était comme un proverbe en Israël : “Comme le peuple, ainsi sera le sacrificateur”. La responsabilité des sacrificateurs était plus grande, car ils représentaient la nation devant Dieu. Associés aux péchés du peuple et à son aveuglement, ils réduisaient leur service religieux à des avantages matériels. En effet, les offrandes pour le péché apportées par le peuple étaient une source de gain pour les sacrificateurs. C’était déjà le péché des fils d’Éli, au moment de la ruine de la sacrificature, avant même l’instauration de la royauté1 Samuel 2. 12-17. Comment Dieu pourrait-il supporter un tel affront à sa gloire ?
Dieu rétribuerait leur égarement, mis en évidence par cette déclaration : “La fornication, et le vin et le moût, ôtent le sens” (verset 11). Un exemple de l’effet des boissons fortes est donné par la conduite des deux fils d’Aaron, Nadab et AbihuLévitique 10. 1, 8-111. La portée spirituelle de cette déclaration est très importante pour nous. Si notre amour pour Christ s’éteint, nous rechercherons inévitablement ce qui nourrit et excite la chair (la fornication, le vin et le moût). Alors, nous perdrons notre discernement moral et spirituel ; nous ne pourrons plus juger sainement des choses. Que de fois ne succombons-nous pas à un tel danger !
L’abandon du vrai Dieu avait conduit Israël aux pratiques superstitieuses les plus insensées (versets 12, 13). Les hommes, les premiers responsables, étaient tombés dans le mal, et Dieu les livrerait aux penchants obstinés de leur mauvais cœur (verset 14). Le même principe se retrouve dans les voies de Dieu envers les nations corrompues, qui sont livrées à l’impureté, à leurs passions, et même à un esprit réprouvéRomains 1. 24, 26, 28. Par leur triste exemple, “ils” (les hommes) avaient entraîné au mal les femmes parmi le peuple (leurs filles et leurs belles-filles), qui pouvaient valablement faire remarquer : “Si nous avons brûlé de l’encens à la reine des cieux… est-ce sans nos maris ?” Jérémie 44. 19. Aussi Dieu ne punirait pas ces femmes, malgré leur péché.
Dieu engage alors Juda à ne pas suivre le funeste exemple d’Éphraïm : “Que Juda ne se rende pas coupable” (verset 15). Osée avait certainement été témoin du réveil moral de Juda sous la conduite du roi pieux Ézéchias.
Juda est expressément exhorté à ne pas participer aux festivités idolâtres de Guilgal et de Beth Aven, sanctuaires bien connus des dix tribus. Alors que ces lieux avaient perdu leur caractère d’origine, le peuple se réclamait encore de la présence de Dieu au milieu de lui, en disant : “L’Éternel est vivant !”
De même, Béthel (la maison de Dieu), où Dieu était apparu à Jacob pour lui faire des promessesGenèse 28. 13-15, avait perdu son caractère, au point que le prophète, ironiquement, lui substitue par trois fois le nom de Beth-Aven, c’est-à-dire maison de vanité ou d’iniquité (verset 15 ; 5. 8 ; 10. 5).
Dans un temps où l’infidélité générale prévaut, les fidèles sont invités à s’abstenir de ce qui déshonore Dieu : ils doivent se retirer de l’iniquité, se purifier des vases à déshonneur et fuir les convoitises2 Timothée 2. 19-22.
Tout en adressant à Juda son vibrant appel à lui être fidèle, Dieu déclare dès maintenant le jugement d’Éphraïm (les dix tribus) ; il s’agit d’un endurcissement gouvernemental : “Éphraïm s’est attaché2 aux idoles : laisse-le faire” (verset 17). Les ailes du vent (verset 19) symbolisent le jugement divin sur le terrible état moral du peuple et de ses chefs.
Un autre exemple d’endurcissement est celui du Pharaon, repris par l’apôtre Paul pour illustrer le principe de la justice divineRomains 9. 17, 18. Les plaies envoyées par Dieu sur l’Égypte avaient d’abord conduit le Pharaon à endurcir son cœurExode 8. 32 ; 9. 7. Mais, lorsque tout espoir de repentance est perdu, Dieu endurcit alors le cœur du Pharaon et le frappe de son juste jugementExode 9. 12 ; 10. 20.
Si nous persistons à négliger les appels de Dieu et la voix de notre conscience dans notre vie personnelle ou collective, Dieu peut nous abandonner à nos propres voies, au moins pour un temps. Quel terrible état ! Que le Seigneur nous conserve un cœur sensible à ses avertissements, de sorte qu’un tel jugement nous soit épargné !