Pour décrire l’état moral du peuple d’Israël, le prophète avait employé jusqu’ici plusieurs symboles : une femme adultère – un homme ivre – une génisse rétive – une troupe de voleurs, de brigands et d’assassins – une pâte levée – un gâteau non retourné – une colombe niaise – un arc trompeur.
Deux autres images y sont maintenant ajoutées : un vase auquel on ne prend pas plaisir (8. 8), et un âne sauvage (8. 9). Tous ces symboles servent à décrire les divers aspects du péché du peuple, qui avait oublié Dieu pour rechercher l’appui du monde, et s’était enfoncé dans l’idolâtrie, en vivant pour lui-même. Le tableau figurant à la page 284 regroupe ces symboles, en soulignant leur signification morale pour nous. Laissons-nous sonder par la force de ces expressions, et demandons à Dieu de nous garder de ces divers dangers ou de nous en délivrer si nous nous sommes laissés entraîner par l’un ou l’autre d’entre eux.
Tout au long de son livre, Osée s’est élevé par tous les moyens (supplications, avertissements) contre le péché d’Israël. Il cherche à empêcher le peuple de tomber dans la fosse de destruction. Le prophète emploie ici (8. 1) les mêmes termes que le Seigneur pour annoncer les jugements à la consommation du siècle : le son de la trompette, et l’aigle qui fond sur sa proie avec rapiditéMatthieu 24. 28, 31. Le jugement est appelé sur la “maison de l’Éternel” qui désigne les dix tribus, c’est-à-dire Éphraïm. Le peuple est donc vu ici sous son caractère de maison de Dieu sur la terre, au moins extérieurement. Aujourd’hui, la chrétienté est cette grande maison, par laquelle Dieu commencera son jugement1 Pierre 4. 17.
Si Israël avait été fidèle, Dieu aurait été son seul roi. Au lieu de cela, le peuple s’était “fait des rois… et des princes”, mais non selon l’Éternel, en se cachant même de lui (8. 4). Ce rejet de l’autorité de Dieu était une infidélité particulièrement grave : au temps d’Osée, les rois d’Israël n’étaient plus de descendance royale, et n’étaient pas établis par ordre divin. De plus, Israël avait ajouté l’abandon de Dieu en établissant un culte païen. Jéroboam I avait placé un veau d’or à Béthel et un autre à Dan, pour sceller dans l’idolâtrie l’unité politique du royaume des dix tribus1 Rois 12. 28, 29.
Sous ce double point de vue (politique et religieux) le peuple avait donc “semé le vent” (8. 7). En juste rétribution, il devait donc “moissonner le tourbillon” (ou récolter la tempête) et Dieu déclare : “Ma colère s’est enflammée contre eux”.
L’Assyrien allait fondre comme l’aigle sur Israël, et ses idoles seraient détruites, en particulier les veaux de Samarie. La moisson en Israël serait donc un jugement de destruction, plutôt qu’une récolte, et aucun fruit ne serait produit pour Dieu. La tige de blé serait stérile ; et si même de la farine avait été produite, la nourriture aurait été dévorée par les étrangers. Israël lui-même était dévoré ; il était devenu un vase vide qui n’apporte aucune joie à celui qui le possède (8. 7, 8). Quelle différence avec le Fils de Dieu, en qui le Père trouvait tout son plaisir, car il faisait toujours les choses qui lui plaisaientMatthieu 3. 17 ; 17. 5 ; Jean 8. 29 ! Toutefois, dans sa grâce, Dieu n’en restera pas là envers son peuple, et opérera pour lui faire porter du fruit (14. 9).
Éphraïm avait abandonné Dieu pour chercher du secours auprès des nations, notamment l’Assyrie. Menahem avait signé un pacte avec Pul, roi d’Assyrie2 Rois 15. 19. Israël est comparé à un âne sauvage, farouchement épris de liberté, et que personne ne peut dompter. Si le chrétien, dans sa vie pratique, n’accepte pas le joug aisé de son Sauveur, et recherche l’appui du monde, il perd sa liberté chrétienne et se place sous l’esclavage des hommes, loin de toute bénédiction divine.
Israël avait “rejeté les eaux de Siloé, qui vont doucement”. Dieu lui enverrait donc “les eaux du fleuve, fortes et grosses, le roi d’Assyrie, et toute sa gloire” Ésaïe 8. 5, 7. Dieu allait se servir des nations mêmes avec lesquelles Israël avait fait alliance, pour châtier son peuple. Ainsi, Shalmanéser, roi d’Assyrie, a opprimé Israël sous le règne d’Osée, et l’a finalement déporté dans son pays2 Rois 17. 3, 6. Au-delà des Assyriens, le “roi des princes” désigne peut-être aussi Nebucadnetsar, qui devait jouer un rôle si important dans les relations de Dieu avec Juda.
Le grand péché d’Éphraïm demeurait l’idolâtrie. Il avait multiplié les autels et offrait dessus des sacrifices aux faux dieux, c’est-à-dire aux démons, en rejetant le vrai Dieu. La controverse entre l’Éternel et son peuple au sujet des idoles culmine dans cette déclaration divine : “J’ai écrit pour lui les grandes choses de ma loi ; elles sont estimées comme une chose étrange (ou étrangère)” (8. 12). La soumission de cœur à la parole de Dieu est la condition pour toute bénédiction et le préalable à tout service.
Pourtant, Éphraïm idolâtre prétendait continuer le service divin (8. 13). Or, “le sacrifice des méchants est en abomination à l’Éternel” Proverbes 15. 8. Aussi Dieu ferait-il retourner Israël “en Égypte” (8. 13 ; 9. 3, 6). Pourtant, le prophète annonce le fait historique qu’Israël serait déporté en Assyrie, et non pas en Égypte (11. 5). Cette captivité en Égypte est donc une image. Israël avait recherché l’appui des nations (y compris l’Égypte) ; il devrait donc à nouveau connaître la servitude dont Dieu l’avait autrefois délivré. Mais ce jugement moral serait matérialisé par le joug de l’Assyrie.
Juda, quant à lui, était extérieurement plus fidèle qu’Israël, mais son cœur s’était aussi éloigné de Dieu (6. 11 ; 8. 14 ; 12. 1). Déjà au temps du réveil d’Ézéchias et de l’attaque de Sankhérib, Juda ne regardait plus vers Dieu qui permettait l’épreuveÉsaïe 22. 11. Puis, au temps de Josias, Dieu sondait l’état de “Juda la perfide” par comparaison avec “Israël l’infidèle” Jérémie 3. 6, 11. Le jugement divin devrait atteindre l’un et l’autre, mais à des moments différents.