Dans le chapitre précédent, le prophète s’était adressé au peuple dans son ensemble, les “fils d’Israël” (4. 1). Maintenant, son message concerne plutôt les conducteurs, à la fois en Israël et en Juda. Exhorté à ne pas imiter les infidélités d’Israël (4. 15), Juda n’avait pas écouté ; il était donc passible du jugement (chapitre 5). Toutefois, l’espérance d’un relèvement futur subsiste.
Osée interpelle les sacrificateurs, le peuple et la cour royale de Juda. Le jugement fondra sur eux tous, car le virus de l’idolâtrie avait infecté toutes les couches de la société.
Comme Guilgal et Béthel, la ville de Mitspa en BenjaminJosué 18. 26 avait joué un rôle important à l’époque de Samuel, prophète, sacrificateur, intercesseur et juge1 Samuel 7. 5-17. Autrefois lieu de rassemblement pour l’humiliation devant Dieu, Mitspa était maintenant devenue un piège pour le peuple, à cause de l’idolâtrie des sacrificateurs. Il en était de même du Thabor, montagne centrale du territoire d’Israël, créée à l’origine avec l’Hermon pour célébrer la gloire de DieuPsaume 89. 13. Les chefs religieux, les plus coupables, seraient donc châtiés par Dieu (5. 2).
Mais l’état général d’Éphraïm et d’Israël n’était pas meilleur. Dieu connaissait parfaitement Éphraïm (5. 3) Hébreux 4. 13 ; par contre, le peuple, lui, avait perdu toute connaissance de l’Éternel (5. 4). La dégradation morale et l’orgueil d’Éphraïm empêchaient son retour vers Dieu. Un même jugement atteindrait donc Éphraïm et Juda. Il serait alors trop tard pour chercher Dieu par le moyen de sacrifices (5. 6). En fait, l’Éternel s’était retiré d’eux ! Terrible état, qui rappelle celui de Samson ; il ne savait pas que l’Éternel s’était retiré de luiJuges 16. 20. La similitude sera plus claire encore dans la suite de la prophétie (7. 9).
Israël avant sa déportation en Assyrie est l’image de la chrétienté professante1 avant son jugement. Les formes religieuses peuvent subsister, sans que Dieu soit au milieu de son peuple !
Le jugement tomberait promptement sur eux, en “un mois”. Peut-être, Osée prédit-il ici la rapidité des jugements qui devaient atteindre Sédécias, le dernier roi de Juda2 Rois 25. 3-7.
Comme un cri d’alarme, le cor et la trompette sonnent avec éclat pour annoncer le jugement d’Éphraïm et de Juda. Guibha et Rama, deux villes de Benjamin, rappellent le triste état du peuple au temps des JugesJuges 19. 13. C’est là qu’est maintenant décrété le jugement certain du peuple qui refuse de se repentir.
Conscients de l’imminence du danger, Éphraïm et Juda, plutôt que de retourner vers leur Dieu, se tournent vers les nations pour chercher du secours (5. 13). C’est ce qui a eu lieu lorsque Menahem, roi d’Israël, s’est tourné vers Pul, roi d’Assyrie2 Rois 15. 19, et lorsqu’Achaz, roi de Juda, s’est adressé à Tiglath-Piléser, également roi d’Assyrie2 Rois 16. 7. Ce recours aux nations, loin d’apporter de l’aide, n’était qu’une étape vers le jugement divin. En effet, Dieu réveillait l’esprit des rois d’Assyrie contre son peuple, en châtiment1 Chroniques 5. 26. L’état du peuple de Dieu était déjà assez triste par lui-même, sans qu’il soit nécessaire d’y impliquer les nations ennemies.
Quel contre-témoignage ne présentons-nous pas devant ce monde, quand nous lui donnons le spectacle de nos conflits intérieurs et de nos infidélités envers Dieu !
En conclusion, l’Éternel se tournait contre son peuple pour le déchirer, c’est-à-dire le châtier. L’image du lion (5. 14 ; 13. 7) pour désigner Dieu dans l’exercice de son jugement est frappant, car ailleurs, le lion, qui ne se détourne devant personne, symbolise la puissance de SatanPsaume 22. 14, 22 ; 1 Pierre 5. 8.
N’est-il point de parole d’espoir pour le peuple coupable et accablé ? Point de remède à la blessure faite par la main de l’Éternel ?
L’Éternel, qui avait parlé lui-même pour annoncer le jugement (5. 14), déclare maintenant qu’il resterait caché dans sa demeure, jusqu’à ce que son peuple reconnaisse sa culpabilité et revienne vers Lui (5. 15). La détresse conduira le peuple sur le chemin de la repentance. Il ne s’approchera plus avec de vains sacrifices (5. 6), mais avec un cœur contritMichée 6. 6-8.
“Ils me chercheront dès le matin” (5. 15). Après la longue nuit de l’épreuve, se lèvera un matin sans nuage pour un peuple repentant2 Samuel 23. 3. Ce travail de la grâce dans le cœur du résidu sera produit par le Saint Esprit, en vertu de la mort de Christ, celui qu’ils avaient percéZacharie 12. 10-14.
Cette promesse de Dieu inspire au prophète son émouvant plaidoyer pour encourager le peuple à revenir dès maintenant avec lui à l’Éternel (6. 1-3). La ressource de la foi est toujours de se tourner vers Celui qui nous châtie pour notre bien, afin qu’il nous guérisse : “Car c’est lui qui fait la plaie et qui la bande ; il frappe, et ses mains guérissent” Job 5. 18.
Le troisième jour est d’abord une allusion mystérieuse à la résurrection de Christ “ressuscité le troisième jour, selon les Écritures” 1 Corinthiens 15. 4. C’est le signe de Jonas : le Fils de l’homme a été trois jours et trois nuits dans le sein de la terreMatthieu 12. 39, 40. Mais Jonas est aussi le symbole du résidu juif jeté par-dessus bord, alors que le vaisseau des nations continue son chemin sur la mer, symbole de l’agitation des peuples. Au troisième jour, sortant des eaux de l’épreuve et de la mort, il est rejeté, vivant, sur la terre. Le prophète annonce ainsi la résurrection nationale d’Israël, comme rendue possible à cause de la résurrection de Christ. La vision des os secs transformés en une immense armée d’êtres vivants qui se tiennent sur leurs pieds confirme cette promesseÉzéchiel 37. 1-10.
La prophétie d’Osée va plus loin et anticipe la résurrection spirituelle du peuple, par l’effusion du Saint Esprit (symbolisée par la pluie) ; ce sont les privilèges de la nouvelle alliance, goûtés par le peuple dès l’aube du jour millénaire. La Parole nous parle des pluies de la première et de la dernière saisonJacques 5. 7.
Mais tout est pour la joie du divin Semeur qui revient en portant ses gerbes dans son seinPsaume 126. 5, 6 ; 129. 7 !