Dieu reprend la parole pour interpeller à nouveau les deux nations d’Éphraïm et de Juda, avant d’étendre son appel à tous les hommes (6. 5-7).
“Que te ferai-je, Éphraïm ? Que te ferai-je, Juda ?” Par cette question pleine d’amour, l’Éternel veut toucher le cœur et la conscience de son peuple tout entier ; il leur demande de porter eux-mêmes le jugement sur leur infidélité. Dieu avait déjà tant fait pour eux afin de les attirer à lui. Mais leur piété (l’expression des relations de l’âme avec Dieu) n’avait duré qu’aux premiers moments de leur existence comme nation ; “de bonne heure”, elle avait disparu, comme la rosée qui s’évapore au soleil. Aimons-nous la présence du Seigneur Jésus ? Cultivons-nous la relation de notre âme avec Dieu ?
Pourtant, “se levant de bonne heure”, Dieu leur avait envoyé ses serviteurs les prophètes, pour les avertir et maintenir les relations du peuple avec lui2 Chroniques 36. 15, 16. C’était en vain, et le peuple avait rejeté et mis à mort les messagers de l’ÉternelMatthieu 23. 34, 35. Aussi, par un juste retour des choses, les prophètes eux-mêmes et la parole de l’Éternel qu’ils annonçaient, seraient les instruments d’un jugement mérité.
Un jour, la grâce sortira comme l’aube du jour (6. 3). Mais, auparavant, le jugement divin doit sortir comme la lumière (6. 5), avant que le soleil de justice n’apporte la guérison dans ses ailesMalachie 3. 20.
Dieu aime la bonté (6. 6) ; il se plaît à faire grâce. Le Seigneur rappelle deux fois cette déclaration du prophèteMatthieu 9. 13 ; 12. 7. Dans les deux cas, c’est pour montrer que Dieu ne peut agréer dans l’homme que les fruits d’un bon état intérieur, et non les actes extérieurs prescrits par une religion. Le Seigneur montre aussi qu’il ne peut être satisfait que par les effets de sa propre grâce.
Les holocaustes et sacrifices offerts par l’homme ne peuvent remplacer la “connaissance de Dieu”. L’Éternel prend plaisir à la piété du cœur et à l’obéissance plutôt qu’aux formes extérieures1 Samuel 15. 22. Dieu s’est fait connaître par Christ seul, le Saint de Dieu1, qui est venu sur la terre, s’est offert en sacrifice et a répondu ainsi à la sainteté et à l’amour divinsPsaume 40. 7, 8 ; Hébreux 10. 5-7.
Devant la révélation de la grâce de Dieu, qu’avait fait Israël et même, tout homme sur la terre ? Ils ont transgressé l’alliance, comme Adam2. Dans le jardin d’Éden, Adam avait violé l’alliance avec Dieu, par laquelle il pouvait goûter les bénédictions divines dans l’innocence. En prêtant l’oreille à la voix de Satan, il avait agi perfidement (avec traîtrise) à l’égard de Dieu. Israël avait fait de même en rapport avec l’alliance de la loi en Sinaï. L’apôtre Paul étend cette constatation de la double rupture des alliances (alliance des œuvres en Éden par Adam et alliance de la loi en Sinaï par Israël) à la situation de tous les hommes, car tous ont péché. Il montre alors le changement introduit par la venue de Christ, qui devient chef d’une nouvelle raceRomains 5. 14.
L’angoisse du prophète se mêle à son indignation en face de l’iniquité d’Éphraïm, qui méprisait Dieu.
Galaad (probablement Ramoth de Galaad) et
C’est alors que jaillit l’espérance. Dieu moissonnerait un résidu pour lui en Juda, en rétablissant ses captifs pour la bénédiction4. Ce n’est pas ici l’annonce du jugement séparatif exécuté à la consommation du siècleMatthieu 13. 39 ; Apocalypse 14. 16, mais la confirmation d’une promesse déjà faite par MoïseDeutéronome 30. 3. L’amour de Dieu sera vainqueur ; Dieu aime la bonté (6. 6) !
Comme un flot tumultueux, les images de la méchanceté d’Éphraïm passent devant les yeux d’Osée. Le juge se tient déjà devant la porteJacques 5. 9. Le désir de Dieu de guérir son peuple n’a rencontré qu’endurcissement et duplicité de sa part. Ses péchés l’ont comme entouré d’une ceinture.
Israël encourage même le roi et les princes dans leur iniquité, et tous ensemble, ils commettent adultère (moralement et spirituellement, en poursuivant l’idolâtrie). Il est terrifiant de constater la ruse des chefs pour accomplir le mal, et tromper le peuple. Le gâteau levé (image de la corruption morale ou des fausses doctrines) doit être cuit à point, sans surchauffe, dans le four de leur cœur, pour gorger le peuple de cette nourriture empoisonnée. Pendant la nuit, le boulanger (image de la conscience) dort. Le parallèle avec l’activité inlassable et subtile des faux docteurs dans la chrétienté est saisissant !
La corruption religieuse entraîne alors la corruption morale (l’ardeur du vin en 7. 5). Perdant tout sens moral, les rois d’Israël contemporains d’Osée sont tombés dans la violence. Le péché du peuple est retombé sur eux, les plus responsables. Les chefs, les juges et le peuple se sont alors entre-détruits. Cette sombre période est relatée dans le livre des Rois2 Rois 15. 10, 14, 25, 30.
Le prophète poursuit la comparaison entre Éphraïm et le gâteau levé. Israël aurait dû être un gâteau sans levain, saint, consacré à l’ÉternelJérémie 2. 3. Au contraire, mêlé aux nations idolâtres (l’Égypte et l’Assyrie), il est devenu un gâteau levé, surchauffé dans le four de leurs cœurs, et qui n’a pas été retourné ; il n’est plus bon à rien. Cette situation d’Israël est à rapprocher de celle de Moab, comparé à du vin mêlé à sa lieJérémie 48. 11. Rappelons-nous que si l’Église du Seigneur se mêle au monde et à son système, elle perd son caractère de sanctification et son parfum pour son Sauveur !
Éphraïm n’avait pas conscience de son état ; il avait perdu sa force au contact des nations, et la grâce de sa jeunesse : “et il ne le sait pas”. Le parallèle avec Samson est solennel, et devrait parler au cœur de chacun ! La conscience du déclin de la chrétienté devrait nous garder de tout orgueil spirituel ; celui-ci va de pair avec la perte du discernement du bien et du mal. Colombe niaise, Éphraïm volait çà et là pour chercher du secours auprès des nations. Dieu étendrait son filet pour la reprendre et la châtier en lui ôtant sa liberté. Effectivement, Israël a bien été déporté en Assyrie, en perdant son identité nationale2 Rois 17. 6.
Le désir de Dieu était de racheter son peuple. Mais, en réponse à tant de compassions divines, qu’a fait Israël ?
Sensible à sa propre misère, le peuple hurlait bien de douleur, mais sans crier à Dieu, et sans reconnaître son péché pour implorer le pardonPsaume 32. 5. Plutôt que de se tourner vers Dieu, il est allé chercher du secours en Égypte, et elle s’est moquée de lui (verset 16).
Ne cherchons donc pas de secours dans le monde, mais prions le Seigneur (7. 7) ; tournons-nous vers lui pour le rechercher (7. 10). Il est fidèle et veut nous guérir (7. 1).