Dans leur ignorance et leur superstition, les nations pouvaient s’étourdir dans les joies factices du monde. Il ne pouvait pas en être de même d’Israël qui avait abandonné son Dieu : sa joie lui était ôtée (9. 1). Aujourd’hui encore, un chrétien mondain qui ne goûte pas la communion avec Dieu ne peut être heureux. Ni le souvenir des bénédictions passées, ni les citernes crevassées du monde ne rafraîchissent le cœur ; en fait, toute joie est perdue.
Israël cultivait pour lui-même le froment (fruit de l’aire) et le vin ou le moût (fruit de la cuve). Ses aliments lui seraient ôtés pour être remplacés par la nourriture impure de l’Assyrie, pays de leur captivité. En prétendant servir Dieu, Israël se servait lui-même. Il offrait des sacrifices à l’Éternel dans le but de les manger : “leur pain est pour eux-mêmes” (9. 4). De telles offrandes n’avaient pas d’accès “dans la maison de l’Éternel”. Les œuvres religieuses des hommes, accomplies pour la satisfaction de la chairColossiens 2. 23, ne peuvent jamais plaire à Dieu. Vivons-nous pour nous-mêmes ou pour Christ ?
Le prophète revient sans transition à Juda : Quel souvenir garderait-il des bénédictions perdues lorsqu’il serait en captivité en Égypte ? Malgré l’avertissement de Dieu, un reste de Juda y descendra en effet1, pour échapper à la déportation en ChaldéeJérémie 42. 19 ; 43. 7. Alors que ses biens les plus précieux seraient la proie de ses ennemis, Juda allait rencontrer la mort et la malédiction (figurées par les ronces et les épines).
Ce serait le jour de la visitation et de la sanction, le jour du jugement. On est loin de la visitation en grâce du peuple par l’Éternel, comme au temps de RuthRuth 1. 6. Plus tard, ni le peuple de Dieu, ni la ville de Jérusalem ne connaîtront la visitation de l’Orient d’en hautLuc 1. 78 ; 7. 16 ; 19. 44 pour la bénédiction, et le jugement fondra sur la nation qui a rejeté son Messie.
Devant la grandeur de l’iniquité du peuple, le prophète est comme saisi de folie. Le mal était comparable au crime de Guibha, au temps des Juges, dont le résultat avait été la disparition presque complète de la tribu de BenjaminJuges 21. 3.
Dieu rappelle ce qu’Israël avait été pour lui dans le désert au commencement, en utilisant l’image habituelle de la vigne et du figuier ; Israël était comme des raisins dans le désert, qui donnent de la joie à celui qui les trouve, et comme les premières figues de la récolte, dont la douceur était proverbiale. Le peuple était alors les prémices des fruits pour DieuJérémie 2. 2 ; et Balaam avait été contraint de dire de lui : “Que tes tentes sont belles, ô Jacob, et tes demeures, ô Israël” Nombres 24. 5. Hélas, la grave faute de Baal-Péor avait immédiatement suivi. Israël avait alors succombé à l’idolâtrie et à la fornication, entraîné par la perfidie du méchant prophèteNombres 25. 1, 2 ; Apocalypse 2. 14.
Éphraïm (son nom signifie double fertilité) était autrefois semblable à une ville prospère (Tyr) plantée dans une campagne fertile (9. 13). Il allait devenir comme une femme stérile, privée de son identité, de sa gloire, et de toute descendance. Si les chrétiens oublient leur vocation céleste, ils perdront leur dignité morale devant le monde.
Le prophète est contraint à en appeler au jugement divin (9. 14), qui confirme qu’Israël serait frappé de stérilité. À Guilgal le peuple avait été libéré de l’opprobre de l’Égypte, pour être sanctifié pour Dieu. Maintenant, au mépris de la sainteté de Dieu, Israël étalait là toute sa méchanceté, sans honte, ni retenue. Dieu ne pouvait supporter un tel affront, et les chasserait de sa maison. Il doit retenir ses affections, au moins pour un temps, jusqu’à ce qu’il puisse les aimer “librement” (15. 4).
Un double jugement est ajouté :