Dans les chapitres précédents, Jérémie a contemplé la désolation de Juda et Jérusalem sous le châtiment de l’Éternel, puis, du fond de sa détresse, il s’est tourné résolument vers lui. Maintenant, il considère l’état de la ville et du peuple ravagés, en contraste avec la splendeur d’autrefois, que la bénédiction divine leur avait donné est évoquée par l’or aux versets 1 et 21.
Le temple, construit de pierres de prix, entièrement recouvert d’or, était le siège de la gloire de Dieu en Israël. Plus rien de tout cela, sinon des pierres foulées aux pieds dans les rues ! Les habitants de Jérusalem, la ville du grand roi, sont estimés pour rien. Ceux à qui rien ne manquait laissent périr leurs petits enfants.
Les nazaréens eux-mêmes, qui étaient mis à part pour l’Éternel, n’ont pas échappé à la famine. Une famine telle que tout sentiment naturel a disparu : des femmes se sont avilies jusqu’à manger leurs propres enfants.
La description de ces maux rappelle point par point les malédictions que l’Éternel avait annoncées à son peuple s’il n’écoutait pas sa parole et servait d’autres dieuxDeutéronome 28. 45, 51, 57 ; 29. 24 ; 32. 22, 24. Les rois de la terre, qui avaient conscience de la protection dont l’Éternel entourait Jérusalem, ont été stupéfaits qu’elle ait été livrée à l’ennemi. Même celui-ci a dû reconnaître que c’était l’Éternel qui avait décrété celaJérémie 40. 2, 3.
Les prophètes et les sacrificateurs avaient été donnés à Israël comme un lien direct entre l’Éternel et son peuple, mais ce sont eux qui sont les plus coupables : ils ont versé le sang des justes.
La ruine est complète, apparemment irrémédiable : “nos jours sont accomplis ; notre fin est venue !” Le roi de Juda, l’oint de l’Éternel, a été pris et les réchappés sont laissés sans protection, désemparés. La constatation de cette fin ouvre cependant la porte à l’espérance, justement parce que l’Éternel a accompli ce qu’il avait dit. Et il a aussi annoncé à maintes reprises qu’après avoir fait venir tous ces châtiments sur son peuple, il rétablira ses captifs et fera tomber son jugement sur les ennemis d’IsraëlDeutéronome 30. 1-7 ; Ésaïe 66. 13, 14.
L’un d’entre eux, Édom, particulièrement coupable, est interpellé ici, au moment où il se réjouit de la désolation de JérusalemAbdias 12. Sa joie sera de courte durée et son jugement définitif ne tardera pas, car le châtiment de l’iniquité de Jérusalem a été épuisé.
Ainsi réconforté par la perspective de la fin du châtiment, le prophète s’associe avec les réchappés pour appeler l’Éternel à se souvenir de leur détresse. Il s’adresse à lui dans une dernière complainte qui récapitule en détail toutes leurs misères, conséquences directes des péchés de leurs pères (verset 7) et de leurs propres péchés (verset 16). L’assujettissement à des étrangers est particulièrement ressenti. Mais n’ont-ils pas eux-mêmes cherché auprès des étrangers un secours trompeur ? Le mépris qui pèse ainsi sur eux n’atteint-il pas le nom de l’Éternel puisque la montagne de Sion est désolée et foulée aux pieds ?
Pour quel motif pourraient-ils encore implorer la délivrance de l’Éternel ? Ils ne peuvent plus s’appeler son peuple ; à cause de leurs péchés, ils ont perdu tout droit à son intervention. Mais l’Éternel, lui, demeure le même. Il a son trône dans les cieuxPsaume 11. 4, mais il a aussi fait des promesses à David : “J’édifierai ton trône de génération en génération”. Même si ce trône a dû être renversé, il sera rétabli, à cause de la fidélité de l’Éternel à lui-mêmePsaume 89. 5, 45, 49.
Tout repose sur Dieu, qui seul peut incliner les cœurs à revenir vers lui. La prière qui s’élève de la poussière s’exprime ainsi : “Fais-nous revenir à toi, ô Éternel ! et nous reviendrons”. Et les dernières questions expriment la droiture et la confiance d’un cœur qui s’abandonne à la sainte volonté de Dieu, comme David sous la discipline : “S’il dit ainsi : Je ne prends point de plaisir en toi ; – me voici, qu’il fasse ce qui sera bon à ses yeux” 2 Samuel 15. 26. Celui qui a appris à connaître les compassions de Dieu (3. 22-24) 2 Samuel 24. 14 peut s’attendre à lui en paix, entièrement.
N’avons-nous pas, chrétiens, à connaître la discipline de Dieu, notre Père, individuellement et ensemble ? Le travail de cœur et de conscience décrit dans ce livre, la confession des fautes et le sentiment profond que Dieu est juste dans sa discipline, sont profondément instructifs. Cela nous assure de ses compassions, même si nous avons cédé au découragement. Si nous sommes profondément convaincus d’avoir failli, revenons à lui de tout notre cœur. Soyons assurés que Lui demeure le même et que nous pouvons compter sur sa grâce avec une entière confiance.