Au verset 17, Paul tire la conséquence logique qui découle de l’attitude de Pierre. S’il avait eu raison de refuser de manger avec les croyants des nations à Antioche, alors les croyants juifs qui mangeaient avec eux, et Paul lui-même péchaient en le faisant. Et si le fait d’être justifiés en Christ sans la loi conduit à pécher, alors Christ est un ministre du péché ! Mais l’apôtre rejette vite loin de lui un tel blasphème, une telle falsification de la vérité.
Le verset 18 explique en quoi cette pensée est fausse : si je reconstruis quelque chose que j’avais auparavant détruit, je condamne le fait de l’avoir détruit. Paul ne parle pas de lui personnellement : tout Juif qui, comme Pierre, s’est confié en Christ pour être sauvé a mis de côté la loi ; elle est comme renversée. S’il se met à l’ériger à nouveau comme règle de vie, il renie le fondement de sa conversion et de sa libération.
A partir du verset 19, l’apôtre clarifie la véritable relation du croyant face à la loi. Tant que quelqu’un se soumet à la loi, il s’expose à la condamnation à mort, car personne n’a jamais pu lui obéir en tout point. En fait, c’est le péché qui produit la mort par le moyen de la loiRomains 7. 11, 13. C’est ce que Paul appelle ici être mort par la loi. Mais cette mort a atteint Christ, mon substitut sur la croix, de sorte que je suis maintenant aussi mort à la loi, c’est-à-dire que la loi n’a plus aucun droit sur moi, puisque celui auquel elle s’adressait, l’homme naturel (le vieil homme) a été crucifié avec ChristRomains 6. 6. Cette pensée, exprimée ici de manière très condensée, est traitée plus en détail dans l’épître aux Romains, en particulier dans les chapitres 6. 5-11 et 7. 1-13. De plus, tout comme le Seigneur ressuscité vit maintenant pour Dieu, celui qui est mort à la loi vit également pour DieuRomains 6. 10, 11. La vraie vie pour Dieu débute d’abord par la foi en la mort et la résurrection du Seigneur Jésus, qui a vaincu la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile2 Timothée 1. 10.
Au verset 20 Paul revient sur la manière dont il est mort à la loi, mais il en parle au présent : je suis crucifié avec Christ. Il s’agit pour le croyant de réaliser, et de se rappeler constamment1 que Christ a été crucifié à sa place à Golgotha, non seulement pour porter à sa place la condamnation que méritaient ses péchés, mais aussi pour que le vieil homme soit mis à mort. Ainsi, le croyant est pleinement identifié à Christ, dans sa vie comme dans sa mort : “je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi”. Comme chacun pouvait le constater, Paul était bien vivant lorsqu’il expliquait cela, cependant ce n’était plus l’ancien Saul de Tarse. Par la foi, il avait été identifié à Christ dans sa mort et sa résurrection. Il formait dès lors un homme nouveau, vivifié par Jésus Christ pour une nouvelle vie. Cette vie, c’est Christ lui-mêmeColossiens 3. 4. D’autres écrits du N.T. (par exemple l’évangile de Jean, les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens) exposent de manière plus détaillée ces merveilleuses vérités du salut, résumées ici par la simple phrase : “Christ vit en moi”.
Sur la terre, le chrétien est constamment pris dans le conflit entre l’ancien et le nouveau moi2, entre la chair et l’Esprit. Mais doit-il pour autant chercher à combattre l’ancienne nature, comme le font beaucoup d’enfants de Dieu, qui n’en éprouvent ensuite que déception sur déception ? Non, car elle a été crucifiée, elle est morte et nous l’avons “dépouillée” Romains 6. 6 ; Éphésiens 4. 22 ; Colossiens 3. 9. Le chrétien sait qu’il est crucifié avec Christ, il peut se tenir (ou se considérer) comme mort, face au péché et à la loi, mais comme vivant en Christ, car Christ vit en lui ! Cette expérience personnelle est à mettre en pratique jour après jour. La vérité est pour tout chrétien, sans exception. Mais en pratique, seul celui qui se remet de nouveau à Dieu chaque jour, par la foi, est en mesure de vivre cela. Ce qui fait la force du croyant, ce dont il a constamment besoin, et qui est toujours à sa disposition, ce n’est pas la loi (ou un mode de vie légaliste), mais la foi au Fils de Dieu !
Ce nom de “Fils” souligne la relation d’amour et d’unité qui existe entre le Père et le Fils, dans leur divinité éternelle, et ne doit pas laisser penser que l’un dépend de l’autre, que ce soit dans le temps ou en ce qui concerne leur rang. Parce qu’il était le Fils éternel, il a pu, en tant qu’homme sur la terre, révéler le Père, car lui, le Fils, était le seul à le connaître comme Père depuis toujoursJean 1. 18 ; 14. 9. Mais il était aussi homme, né d’une femme, le Fils de DieuPsaume 2. 7 ; Luc 1. 35. Quand nous prenons conscience de ce caractère spécifique, de cette supériorité du Fils de Dieu, alors nous réalisons un peu plus la puissance, la grandeur de la grâce et de l’amour de celui qui s’est livré pour nous. Mais c’est d’abord une expérience personnelle. Seul celui qui peut dire : “Christ m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi” peut s’exclamer ensuite avec l’apôtre que Christ est celui qui “nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous” Éphésiens 5. 2, 25.
En contraste avec cette vie de foi, le fait de revenir à la loi pour la marche revient à annuler la grâce. Sans s’en rendre compte, c’est ce que Pierre avait fait par sa conduite à Antioche. A première vue, son attitude n’avait subi qu’une modification minime, insignifiante. Néanmoins Paul met ici le doigt sur la signification profonde d’un tel acte, tant pour Pierre ou les Galates que pour nous-mêmes : si nous retournons à la loi, alors Christ est mort pour rien (verset 21).
Trois aspects différents sont attribués ici au mot “je” :