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Esther
Sondez les Écritures - 4e année

Esther 1

Danger de mort

Carte de l’empire Perse au 5ème siècle av. J. C.
L’empire perse au 5ème siècle av. J. C.

1. A la cour du roi de Perse

Les festins : versets 1-8

Selon l’expression fréquente dans les livres historiques : “Et aux jours de…” le lecteur est immédiatement introduit dans la cour des souverains païens de l’époque (verset 1). Le roi appelé Assuérus1 domine un vaste empire qui s’étend du Pakistan à la Nubie2 sur trois continents (l’Asie, l’Afrique et l’Europe par les Dardanelles). Avec tant de peuples différents, sans compter les intrigues entre Mèdes et Perses, il n’est pas facile pour le roi de maintenir l’unité d’un tel empire.

En place depuis trois ans, il veut affermir son autorité sur le pays. Alors iI organise à Suse, la capitale, un premier festin pour montrer aux grands ses richesses et les impressionner avant une expédition militaire contre les Grecs (versets 2-4). Un second festin rassemble le peuple (versets 5-8). Il s’agit de gagner ceux qui se trouvaient dans la ville fortifiée3. La scène se déroule vraisemblablement dans le palais d’été (verset 6). Chacun est invité à boire sans contrainte ni retenue (verset 8).

Cette atmosphère de festivités, où le vin est proposé à volonté, est mentionnée dix-neuf fois dans ce livre ! Mais l’homme n’est pas toujours capable d’user sagement de la liberté qui lui est offerte : Vasthi est victime de l’inconduite du roi, son époux (verset 10) Proverbes 31. 4, 5. Quel contraste avec l’invitation de David à Mephibosheth pour manger le pain à la table du roi2 Samuel 9. 10 ! Dans un cas, le roi cherche à étourdir ses sujets ; dans l’autre, il veut fortifier l’un d’eux par une nourriture saine.

Une reine indépendante répudiée : versets 9-22

Vasthi, la reine en titre, doit s’exposer à la vue du roi soumis à la boisson (verset 10). Elle refuse de paraître parée du diadème royal, le septième jour4, malgré l’ordre d’Assuérus (versets 11, 12). Il y a chez elle à la fois de l’insoumission et de la dignité Elle refuse de se laisser dégrader par un buveur. Le maître de l’immense empire, humilié publiquement, perd contenance (verset 12).

Les sages5 consultés persuadent le roi que le refus de la reine porte atteinte à l’organisation de l’État. Memucan pose, à partir de ce cas particulier, une question d’ordre général : “Qui exerce l’autorité dans le palais et indirectement dans le royaume ?” Par le fait de l’exemple, dit-il, la désobéissance de Vasthi introduit une brèche dans les rapports sociaux à travers tout l’empire (verset 17).

Le jugement arrêté doit être inscrit dans la loi des Mèdes et des Perses pour lui donner toute sa force, et pour que le roi lui-même ne puisse faire volte-face (verset 19) Daniel 6. 9, 13. Les mesures proposées par Memucan sont adoptées et rendues publiques (verset 20). Le roi répudie Vasthi – elle n’est plus nommée reine depuis le verset 19 – et il donne des ordres pour que l’autorité du mari soit renforcée dans la famille. Désormais, la langue utilisée doit être celle du mari et non de l’épouse (verset 22 b).

Intérêt de ce chapitre aujourd’hui

Ce chapitre sert d’introduction à tout le livre. La description, sans complaisance ni parti pris, des mœurs païennes à la cour d’Assuérus nous aide à comprendre la situation très difficile dans laquelle allaient se trouver Esther et Mardochée.

Une fois encore, la Parole est un miroir qui renvoie notre image d’homme pécheur à travers les traits d’un Assuérus. Notons sa ressemblance avec Nebucadnetsar, Hérode ou même Pilate. Désireux de flatter leurs sujets pour mieux les dominer, enclins à faire des demandes imprudentesMarc 6. 21-26, ces souverains avilissent leur entourage, puis s’inquiètent du désordre social qu’ils ont indirectement contribué à créer (verset 17) ! Cet étalage de richesses cache une grande pauvreté intérieure. La soi-disant liberté n’est qu’un leurre (verset 7).

N’est-ce pas ce qui a cours de nos jours, aussi bien dans le monde politique que dans celui du spectacle ou de la musique ?

Enfin, ce chapitre pose la question essentielle de l’autorité. L’autorité vient de Dieu qui la délègue à des êtres humains dans différents domaines. Ainsi, la soumission à l’autorité humaine est la reconnaissance de l’autorité divine supérieure. Derrière le prince, le chef d’État, le mari, le père, la mère, l’employeur, le maître qui exercent l’autorité, chaque “subordonné”, selon son statut, peut discerner le Seigneur.

Mais ce chapitre montre clairement que cette autorité déléguée peut être utilisée de façon égoïste, sans rechercher le bien de ceux auxquels elle s’adresse, et être dévoyée en tyrannie. En cela, elle n’a plus rien à voir avec l’enseignement biblique. Toutefois, on ne peut braver une autorité défaillante, sauf si elle contredit la volonté divineActes 4. 19 ; 5. 29.

Portée prophétique

Certains ont établi un parallèle entre Vasthi et la chrétienté responsable. Comme Vasthi, la chrétienté, qui a failli à sa mission, devient rapidement la femme JésabelApocalypse 2. 20. Elle a voulu jouir égoïstement des richesses accumulées sans chercher à honorer son époux. Comme Vasthi, l’Église avait été revêtue d’une grande beauté morale en témoignage à la gloire de son Seigneur. Mais elle a, dans son ensemble, perdu cette dignité. Alors, Dieu la met de côté pour renouer des relations avec l’épouse juive (ici Esther) et son peuple terrestre (verset 20), et montrer qu’il gouverne sa propre maison (verset 22) Romains 11. 16-32.

Notes

1Assuérus est un titre qui signifie : “roi des rois”. Il s’agit ici, probablement, d’un fils de Darius appelé par les Grecs Xerxès 1er, qui régna de 486 à 465 avant Jésus Christ.
2

Le mot hébreu qui est traduit par “Inde” désigne le territoire baigné par l’Indus (Pakistan) plutôt que l’Inde actuelle. Quant au mot “Éthiopie” ou “Cush” en hébreu, il désigne non l’Éthiopie d’aujourd’hui, mais le nord du Soudan appelé Nubie. L’histoire profane nous apprend que les soldats nubiens combattaient dans les armées de Xerxès 1er. Les 10 000 “Immortels” trouvés à Persépolis rappellent la puissance militaire évoquée par le mot les “puissants” (1. 3).

La Nubie est un pays riche (Ésaïe 18. 1 ; 45. 14 ; Sophonie 3. 10), ses soldats valeureux (Jérémie 46. 9 ; Ésaïe 30. 4, 5). Associés à Gog avec la Perse (Ésaïe 38. 5 ; Daniel 11. 43), les Nubiens se tourneront vers Dieu lors du règne millénaire (Psaume 68. 32).

3Ancienne capitale des Élamites, Suse, détruite par Assourbanipal, est reconstruite par Darius qui en fait la capitale principale de l’empire perse. On comprend l’importance qu’elle joue dans la période de la captivité (Daniel 8. 2 ; Néhémie 1. 1). L’expression “tout le peuple qui se trouvait à Suse” semble indiquer l’ensemble de ceux qui habitent la ville haute fortifiée, près du palais.
4Le chiffre sept joue un rôle important dans la civilisation perse. Il consacre une période, valorise un jour, authentifie les décisions d’un groupe (versets 5, 10, 14).
5Dans l’Antiquité, les sages étaient une véritable institution qui faisait contrepoids à l’autorité royale (Genèse 41. 8 ; Daniel 2. 12). Il s’agissait le plus souvent de spécialistes de l’occultisme : “devins, magiciens” (Daniel 2. 2). L’expression “les temps” (verset 13) signifie l’occasion favorable, selon les indications astrologiques, pour réaliser un projet.

Esther 1

1Et aux jours d’Assuérus (cet Assuérus régnait depuis l’Inde jusqu’à l’Éthiopie sur 127 provinces), 2en ces jours-là, il arriva que le roi Assuérus, étant assis sur le trône de son royaume, à Suse, la capitalea, 3la troisième année de son règne, fit un festinb à tous ses princes et ses serviteurs, les puissantsc de la Perse et de la Médie, les nobles et les chefs des provinces étant devant lui, 4– montrant les richesses glorieuses de son royaume et le faste magnifique de sa grandeur pendant nombre de jours, pendant 180 jours.

5Et quand ces jours furent accomplis, le roi fit à tout le peuple qui se trouvait à Suse, la capitale, depuis le grand jusqu’au petit, un festin de sept jours, dans la cour du jardin du palais du roi : 6 [des draperies] blanches, vertes, et bleues, étaient attachées par des cordons de byssus et de pourpre à des anneaux d’argent et à des colonnes de marbre blanc ; les lits étaient d’or et d’argent, [placés] sur un pavement de marbre rouge et blanc, d’albâtre, et de marbre noir. 7Et on donna à boire dans des vases d’or, les vases différant les uns des autres, et il y avait du vin royal en abondance, selon la puissance du roi. 8Et on buvait, selon l’édit : on ne forçait personne ; car c’est ainsi que le roi avait ordonné à tous les grands de sa maison, de faire selon le gré de chacun.

9La reine Vasthi aussi fit un festin pour les femmes de la maison royale du roi Assuérus.

10Au septième jour, comme le cœur du roi était gai par le vin, il dit à Mehuman, à Biztha, à Harbona, à Bigtha, et à Abagtha, à Zéthar, et à Carcas, les sept eunuques qui servaient devant le roi Assuérus, 11d’amener la reine Vasthi devant le roi, avec la couronne du royaume, pour montrer sa beauté aux peuples et aux princes, car elle était belle de figure. 12Mais la reine Vasthi refusa de venir à la parole du roi transmise par les eunuques. Et le roi se mit fort en colère, et sa fureur s’embrasa en lui.

13Et le roi dit aux sages qui connaissaient les temps (car les affaires du roi [se traitaient] ainsi devant tous ceux qui connaissaient la loi et le droit : 14et les plus rapprochés de lui étaient Carshena, Shéthar, Admatha, Tarsis, Mérès, Marsena, Memucan, les sept princes de la Perse et de la Médie qui voyaient la face du roi, qui siégeaient au premier rang dans le royaume) : 15Que faut-il faire à la reine Vasthi, selon la loi, pour n’avoir pas fait ce que le roi Assuérus a commandé par l’intermédiaire des eunuques ? 16Et Memucan dit devant le roi et les princes : Ce n’est pas contre le roi seulement que la reine Vasthi a mal agi, mais contre tous les princes et contre tous les peuples qui sont dans toutes les provinces du roi Assuérus ; 17car cette affaire de la reine se répandrad parmi toutes les femmes, de manière à rendre leurs maris méprisables à leurs yeux, en ce qu’elles diront que le roi Assuérus a commandé d’amener la reine Vasthi devant lui, et qu’elle n’est pas venue. 18Et aujourd’hui les princesses de la Perse et de la Médie qui auront appris l’affaire de la reine parleront [de même] à tous les princes du roi ; et il y aura assez de mépris et de colère. 19Si le roi le trouve bon, qu’un ordre royal émane de lui et soit inscrit dans les lois de la Perse et de la Médie, et ne passe pas, que Vasthi n’entrera plus devant le roi Assuérus ; et que le roi donne la dignité royale de Vasthie à une autre qui sera meilleure qu’elle ; 20et l’édit du roi, qu’il aura fait, sera connuf dans tout son royaume, car il est grand, et toutes les femmes rendront honneur à leurs maris, depuis le grand jusqu’au petit. 21Et cette parole fut bonne aux yeux du roi et des princes. Et le roi fit selon la parole de Memucan, 22et il envoya des lettres à toutes les provinces du roi, à chaque province selon son écriture, et à chaque peuple selon sa langue, [portant] que tout homme serait maître dans sa maison, et parlerait selon la langue de son peuple.

Notes

aou : forteresse, château fort.
bspécialement pour boire, comme ailleurs.
cou : l’armée, c.-à-d. probablement les chefs d’armée.
dlitt. : sortira.
elitt. : sa dignité royale.
flitt. : entendu.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)