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Esther
Sondez les Écritures - 4e année

Esther 3

Danger de mort

3. L’oppresseur des Juifs

Haman promu : versets 1-6

“Après ces choses” (verset 1) désigne le temps qui s’écoule entre la septième et la douzième année, du couronnement d’Esther à la promotion de Haman (verset 7).

Ce nouveau personnage occupe une position clé dans les chapitres 3 à 5. Probablement descendant d’Agag, roi des Amalékites, sa famille, établie depuis longtemps dans cette région, avait pris des noms persans comme celui d’Hammedatha. Son ancêtre était donc Amalek, un descendant d’Ésaü, lequel devint le peuple d’ÉdomGenèse 36. 12, 16.

Le roi accorde à Haman le statut de « premier ministre » (verset 1 b). Les serviteurs de la cour royale sont invités à se prosterner devant Haman (verset 2). Mardochée, lointain descendant de Saül, qui avait malencontreusement épargné Agag1 Samuel 15. 9, 32, ne pouvait ignorer qu’il devait y avoir “la guerre contre Amalek de génération en génération” et qu’Amalek était sous le jugement de DieuExode 17. 16 ; Deutéronome 25. 19. Il refuse donc d’obéir au commandement royal, non par insubordination ou volonté de rébellion, mais par humble obéissance à un ordre supérieur : “Tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu et tu le serviras lui seul” Deutéronome 6. 3 ; Matthieu 4. 10. En effet, il ne s’agit pas d’une révérence civile bien naturelle que Mardochée n’aurait pas refusée. Non, le texte précise bien “se prosternait” (verset 2 b). Il est donc question d’une véritable adoration de celui qui représente le « roi dieu »Daniel 3. 11, 14.

Inévitablement, l’attitude de Mardochée soulève des questions malveillantes et même des réactions anti-juives, fréquentes à cette époque dans la diaspora (versets 3, 4) Daniel 3. 8 ; 6. 5. Face à cette détermination, Haman, pris au piège de son orgueil, se met en colèreProverbes 21. 24. Le châtiment de Mardochée ne saurait à lui seul compenser l’offense faite à un personnage aussi important que lui, alors sa fureur cruelle le conduit à projeter de faire disparaître le peuple juif en PerseProverbes 27. 4 ; Psaume 83. 4.

Ce chapitre introduit un nouvel épisode de la lutte implacable entre Jacob et Ésaü, qui se poursuit à travers leurs descendants : d’un côté, des Juifs exilés ; de l’autre, Haman représentant un vieil ennemi qui a toujours menacé le peuple de Dieu dans son existence même. Le fait qu’un descendant d’Amalek s’en prenne de façon aussi déterminée aux Juifs affaiblis en dit long sur la volonté meurtrière de Haman.

La machination de Haman : versets 7-15

Avant de rencontrer Assuérus, Haman veut s’assurer que les puissances occultes dont il est le serviteur sont favorables. Le sort est donc jeté pour choisir dans l’année, un jour, puis un mois (verset 7). La date de la destruction des Juifs est ainsi fixée au treizième jour du douzième mois, le mois d’Adar, soit onze mois plus tard environ (verset 13 b). L’homme méchant, volontiers superstitieux, a proposé, mais Dieu a disposéProverbes 16. 33. Ce délai avant l’exécution de la menace paraît bien long à Haman qui, par crainte d’une volte-face du roi, veut le contraindre à prendre une mesure définitive. Pour cela, il avance deux arguments en sa présence :

  • La spécificité de ce peuple, qu’il se garde bien de nommer, nuit à la cohésion du royaume. C’était en fait reconnaître indirectement le lien de ce peuple avec DieuNombres 23. 9b ; d’ailleurs, aujourd’hui encore, le monde est obligé de reconnaître la singularité d’un vrai chrétien.

C’était aussi accuser faussement les Juifs de manquer de loyalisme vis-à-vis de la monarchie perse.

  • Les faire disparaître de l’empire ne se solderait pas par une perte de revenus pour le roi. Haman s’engage à mettre, en contrepartie, à la disposition du trésor royal, une somme considérable (verset 9).

Le roi se laisse convaincre et confie à Haman le pouvoir exécutif (la bague qui permet de sceller les décrets) (versets 10, 12). La voie pour la destruction totale des Juifs paraît ouverte : la déclaration royale est publiée dans tout l’empire (verset 13). Mais, si faible que soit ce peuple, il n’est pas abandonné, d’autant plus que les menaces qui pèsent sur lui viennent de sa fidélité à la parole de Dieu. Il reste le “peuple de Mardochée” (verset 6), celui dont le salut dépend de la fermeté de son chef face à la puissance satanique représentée par Haman.

Cette alliance, scellée dans l’ivresse entre deux grands, insensibles aux souffrances morales des Juifs, provoque la consternation dans la ville de Suse, où le décret est connu immédiatement (verset 15), ce qui prouve indirectement le bon témoignage qu’avaient les Juifs dans la capitale.

Sens prophétique

Cet épisode historique dans la Perse antique est une description prophétique de ce qui attend les Juifs fidèles pendant la grande tribulation, après l’enlèvement des croyants. L’Antichrist – représenté ici par Haman – sera animé d’une véritable fureur d’origine sataniqueApocalypse 12. 7-9. Il usera de l’autorité du pouvoir impérial romain pour faire triompher un culte idolâtre à Jérusalem et tenter d’exterminer les Juifs pieuxDaniel 7.

Tout comme Mardochée refusait de se courber devant Haman, ceux qui refuseront la marque de la Bête (le chef de l’empire romain), paieront le plus souvent de leur vie leur fidélitéApocalypse 13. 11-16. Ces trois années et demie paraîtront bien longues, mais la venue du Seigneur Jésus mettra un terme à leur détresse et les chants de délivrance célébreront celui qui les a sauvés.

Esther 3

1Après ces choses, le roi Assuérus agrandit Haman, fils d’Hammedatha, l’Agaguitea, et l’éleva, et plaça son siège au-dessus de tous les princes qui étaient avec lui ; 2et tous les serviteurs du roi qui étaient à la porte du roi se courbaient et se prosternaient devant Haman : car le roi l’avait ainsi commandé à son égard. Mais Mardochée ne se courbait pas et ne se prosternait pas. 3Alors les serviteurs du roi qui étaient à la porte du roi dirent à Mardochée : Pourquoi transgresses-tu le commandement du roi ? 4Et il arriva que, comme ils lui parlaient jour après jour et qu’il ne les écoutait pas, ils informèrent Haman, pour voir si les affaires de Mardochée se maintiendraient ; car il leur avait déclaré qu’il était Juif. 5Et Haman vit que Mardochée ne se courbait pas et ne se prosternait pas devant lui ; et Haman fut rempli de fureur. 6Mais cela aurait été une chose méprisable à ses yeux que de mettre la main sur Mardochée seul, car on lui avait appris [quel était] le peuple de Mardochée, et Haman chercha à détruire tous les Juifs qui étaient dans tout le royaume d’Assuérus, le peuple de Mardochée.

7Au premier mois, qui est le mois de Nisan, la douzième année du roi Assuérus, on jeta le purb, c’est-à-dire le sort, devant Haman, pour chaque jour et pour chaque moisc jusqu’au douzième [mois], qui est le mois d’Adar. 8Et Haman dit au roi Assuérus : Il y a un peuple dispersé et répandu parmi les peuples, dans toutes les provinces de ton royaume, et leurs lois sont différentes [de celles] de tous les peuples ; ils ne pratiquent pas les lois du roi, et il ne convient pas au roi de les laisser faire. 9Si le roi le trouve bon, qu’on écrive [l’ordre] de les détruire, et je pèserai 10 000 talents d’argent entre les mains de ceux qui font les affaires, pour qu’on les porte dans le trésor du roi. 10Et le roi ôta son anneau de sa main et le donna à Haman, fils d’Hammedatha, l’Agaguite, l’adversaired des Juifs. 11Et le roi dit à Haman : L’argent t’est donné, et le peuple, pour en faire ce qui sera bon à tes yeux. 12Et les scribes du roi furent appelés, le premier mois, le treizième jour du mois, et suivant tout ce qu’Haman commanda, on écrivit aux satrapes du roi et aux gouverneurs qui étaient [préposés] sur chaque province, et aux chefs de chaque peuple, à chaque province selon son écriture et à chaque peuple selon sa langue ; ce fut au nom du roi Assuérus qu’on écrivit, et on scella avec l’anneau du roi. 13Et les lettres furent envoyées par des courriers dans toutes les provinces du roi, pour détruire, tuer et faire périr tous les Juifs, depuis le jeune garçon jusqu’au vieillard, les enfants et les femmes, et pour que leurs biens soient mis au pillage, en un même jour, le treizième [jour] du douzième mois, qui est le mois d’Adar. 14Pour que l’édit soit rendu [public] dans chaque province, une copie de l’écrit fut portée à la connaissance de tous les peuples, afin qu’ils soient prêts pour ce jour-là. 15Les courriers partirent, pressés par la parole du roi. Et l’édit fut rendu à Suse, la capitale. Et le roi et Haman étaient assis à boire ; mais la ville de Suse était dans la consternation.

Notes

aAgag, probablement le titre des rois d’Amalek ; comp. Nombres 24. 7 ; 1 Samuel 15. 8.
bmot perse, qui signifie : sort.
clitt. : de jour en jour et de mois en mois.
dplus loin : l’oppresseur.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)