“Après ces choses” (verset 1) désigne le temps qui s’écoule entre la septième et la douzième année, du couronnement d’Esther à la promotion de Haman (verset 7).
Ce nouveau personnage occupe une position clé dans les chapitres 3 à 5. Probablement descendant d’Agag, roi des Amalékites, sa famille, établie depuis longtemps dans cette région, avait pris des noms persans comme celui d’Hammedatha. Son ancêtre était donc Amalek, un descendant d’Ésaü, lequel devint le peuple d’ÉdomGenèse 36. 12, 16.
Le roi accorde à Haman le statut de « premier ministre » (verset 1 b). Les serviteurs de la cour royale sont invités à se prosterner devant Haman (verset 2). Mardochée, lointain descendant de Saül, qui avait malencontreusement épargné Agag1 Samuel 15. 9, 32, ne pouvait ignorer qu’il devait y avoir “la guerre contre Amalek de génération en génération” et qu’Amalek était sous le jugement de DieuExode 17. 16 ; Deutéronome 25. 19. Il refuse donc d’obéir au commandement royal, non par insubordination ou volonté de rébellion, mais par humble obéissance à un ordre supérieur : “Tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu et tu le serviras lui seul” Deutéronome 6. 3 ; Matthieu 4. 10. En effet, il ne s’agit pas d’une révérence civile bien naturelle que Mardochée n’aurait pas refusée. Non, le texte précise bien “se prosternait” (verset 2 b). Il est donc question d’une véritable adoration de celui qui représente le « roi dieu »Daniel 3. 11, 14.
Inévitablement, l’attitude de Mardochée soulève des questions malveillantes et même des réactions anti-juives, fréquentes à cette époque dans la diaspora (versets 3, 4) Daniel 3. 8 ; 6. 5. Face à cette détermination, Haman, pris au piège de son orgueil, se met en colèreProverbes 21. 24. Le châtiment de Mardochée ne saurait à lui seul compenser l’offense faite à un personnage aussi important que lui, alors sa fureur cruelle le conduit à projeter de faire disparaître le peuple juif en PerseProverbes 27. 4 ; Psaume 83. 4.
Ce chapitre introduit un nouvel épisode de la lutte implacable entre Jacob et Ésaü, qui se poursuit à travers leurs descendants : d’un côté, des Juifs exilés ; de l’autre, Haman représentant un vieil ennemi qui a toujours menacé le peuple de Dieu dans son existence même. Le fait qu’un descendant d’Amalek s’en prenne de façon aussi déterminée aux Juifs affaiblis en dit long sur la volonté meurtrière de Haman.
Avant de rencontrer Assuérus, Haman veut s’assurer que les puissances occultes dont il est le serviteur sont favorables. Le sort est donc jeté pour choisir dans l’année, un jour, puis un mois (verset 7). La date de la destruction des Juifs est ainsi fixée au treizième jour du douzième mois, le mois d’Adar, soit onze mois plus tard environ (verset 13 b). L’homme méchant, volontiers superstitieux, a proposé, mais Dieu a disposéProverbes 16. 33. Ce délai avant l’exécution de la menace paraît bien long à Haman qui, par crainte d’une volte-face du roi, veut le contraindre à prendre une mesure définitive. Pour cela, il avance deux arguments en sa présence :
C’était aussi accuser faussement les Juifs de manquer de loyalisme vis-à-vis de la monarchie perse.
Le roi se laisse convaincre et confie à Haman le pouvoir exécutif (la bague qui permet de sceller les décrets) (versets 10, 12). La voie pour la destruction totale des Juifs paraît ouverte : la déclaration royale est publiée dans tout l’empire (verset 13). Mais, si faible que soit ce peuple, il n’est pas abandonné, d’autant plus que les menaces qui pèsent sur lui viennent de sa fidélité à la parole de Dieu. Il reste le “peuple de Mardochée” (verset 6), celui dont le salut dépend de la fermeté de son chef face à la puissance satanique représentée par Haman.
Cette alliance, scellée dans l’ivresse entre deux grands, insensibles aux souffrances morales des Juifs, provoque la consternation dans la ville de Suse, où le décret est connu immédiatement (verset 15), ce qui prouve indirectement le bon témoignage qu’avaient les Juifs dans la capitale.
Cet épisode historique dans la Perse antique est une description prophétique de ce qui attend les Juifs fidèles pendant la grande tribulation, après l’enlèvement des croyants. L’Antichrist – représenté ici par Haman – sera animé d’une véritable fureur d’origine sataniqueApocalypse 12. 7-9. Il usera de l’autorité du pouvoir impérial romain pour faire triompher un culte idolâtre à Jérusalem et tenter d’exterminer les Juifs pieuxDaniel 7.
Tout comme Mardochée refusait de se courber devant Haman, ceux qui refuseront la marque de la Bête (le chef de l’empire romain), paieront le plus souvent de leur vie leur fidélitéApocalypse 13. 11-16. Ces trois années et demie paraîtront bien longues, mais la venue du Seigneur Jésus mettra un terme à leur détresse et les chants de délivrance célébreront celui qui les a sauvés.