Pendant ce jeûne, Esther d’un côté, Mardochée et les Juifs de l’autre, ont cherché la face de Dieu. Le troisième jour, moralement préparée à sa missionMarc 9. 29, Esther décide de paraître devant le roi. Avec une grande sagesse, elle se pare de la robe que Hégaï lui avait donnée pour trouver grâce auprès du roi (2. 15) et de la couronne royale (1. 11).
Le roi siège dans la salle d’audience, le sceptre d’or à la main, symbole de l’autorité souveraine qui a le pouvoir de faire vivre – image de la grâce – ou de condamner à mort – évocation de la loi. Esther vient faire appel à toute la puissance, et à toute la miséricorde du souverain pour délivrer le peuple.
Dans la cour, la jeune reine s’avance et se présente avec déférence. Quelle intensité dramatique dans cette scène ! Assuérus va-t-il condamner la jeune captive juive revêtue de la robe d’apparat qu’il lui a fait offrir lors de son élévation ? Sans doute étonné et intrigué par cette apparition inattendue, le roi comprend qu’il se passe quelque chose qui lui échappe. Il tend aussitôt le sceptre d’or et il l’appelle “reine” pour l’inviter à s’approcher avec confiance. Face au maître de l’empire perse, la reine s’avance et touche le sceptre d’or. La grâce est accordée, avec l’offre sans condition de la moitié du royaume. Elle invite le roi à un festin. La présence de Haman à ce repas dénote le souci d’Esther d’impliquer l’auteur du projet de destruction, car il ne s’agit pas seulement d’échapper pour elle seule à cette menace, mais de sauver le peuple.
La sagesse de la foi la conduit à différer sa demande au lendemain, lors d’un nouveau banquet, car “celui qui se fie [au Seigneur] ne se hâtera pas” Ésaïe 28. 16b. Quel contraste avec l’agitation de nombreux acteurs de ce drame ! Hégaï veut présenter Esther rapidement (2. 9) ; les courriers partent dans l’empire, “pressés par la parole du roi” (3. 15 ; 8. 14) ; le roi fait “vite” chercher Haman (5. 5) et ordonne de revêtir Mardochée “à la hâte” (6. 10). Haman rentre chez lui “en hâte” (6. 12) avant d’être conduit non moins rapidement au festin (6. 14).
Depuis le chapitre 3, Haman renforce sa position politique. Il pense être devenu maintenant un ami personnel de la reine, ce qui le réjouit (verset 9). Flatté dans son orgueil, Haman trouve d’autant plus intolérable l’attitude de Mardochée qui, par son refus obstiné, lui rappelle sans bruit qu’il n’est pas le maître absolu qu’il désirerait être et que le décret est pour l’instant sans effet. La tranquille assurance de Mardochée, dont la foi est solidement ancrée en Dieu, contraste avec la difficile maîtrise de soi de Haman soumis à ses passions (verset 10).
Haman convoque ses proches pour leur annoncer sa promotion rapide. Dans son orgueil démesuré, il s’attribue tout : richesses, descendance, sans songer un seul instant que tout est un don de DieuPsaume 127. 3 et qu’il lui faudra rendre compte de l’usage qu’il en aura faitExode 9. 16. Cette volonté de s’élever évoque la scène du désert où Satan espère voir le Seigneur lui rendre hommageMatthieu 4. 9.
Quant à la faveur dont Haman jouit auprès d’Assuérus, il n’en mesure pas le danger car il est vain de se confier “dans les principaux” Psaume 146. 3. Quel contraste avec le Roi des rois qui peut dire : “Je suis débonnaire et humble de cœur” Matthieu 11. 29 et ajouter : “Garde-moi, ô Dieu car je me confie en toi” Psaume 16. 1 !
Malgré tout, l’élévation exceptionnelle1 de Haman est gâchée, d’après lui, par le peu d’attention que Mardochée lui accorde (versets 12, 13). Il lui faut donc s’attaquer à celui qui symbolise, par la résistance qu’il lui oppose, le peuple de Dieu. Le conseil de Zéresh répond à son attente : pendre Mardochée à un poteau élevé l’exposera à la vue de tous et lavera les affronts. C’est ainsi, semble-t-il, que l’on exécutait alors les condamnés politiques. Haman veut désigner “le Juif” (verset 13) à la vindicte populaire et adresser un avertissement à tous ceux qui pourraient être tentés de s’opposer à son projet de détruire le peuple juif. Mais cette pendaison ne peut être exécutée sans l’accord du roi. La rencontre prochaine avec Assuérus sera donc l’occasion favorable pour obtenir la condamnation (verset 14). Quel triomphe alors pour Haman de voir Mardochée pendu au bois !
Il en est toujours ainsi. Que de fois les témoins pour la vérité ont été supprimés ! Dans un temps futur, le monde se livrera à des réjouissances lorsque “les deux témoins” qui auront sans compromis proclamé la dignité royale et sacerdotale du Messie seront mis à mortApocalypse 11. 1-13.
Le livre d’Esther illustre de façon voilée l’enseignement biblique de la loi et de la grâce. Quel contraste entre la démarche d’Esther auprès d’Assuérus et l’approche de l’homme vers Dieu !
En Jésus Christ, Dieu nous “tend le sceptre” de la grâce. Jésus est ce médiateur. Approchons-nous avec confiance !