Quelques images simples, mais très évocatrices, vont introduire, mieux que beaucoup de paroles, ce que l’un est pour l’autre :
La fleur de “lis” allie la beauté à la simplicité. Le Seigneur dira un jour : “Considérez les lis, comment ils croissent : ils ne travaillent ni ne filent ; cependant je vous dis que même Salomon, dans toute sa gloire, n’était pas vêtu comme l’un d’eux.” Luc 12. 27.
Un croyant peut aussi connaître, aujourd’hui, l’humiliation dans les lieux bas de la terre (la vallée) ou l’oppression d’un voisinage hostile (épines), mais il sait qu’un jour sa place sera dans les “lieux très hauts” comme ces fleurs de lis gravées au sommet des deux colonnes à l’entrée du temple de Salomon1 Rois 7. 22.
Pourquoi cette figure un peu énigmatique d’un pommier entre les arbres de la forêt ? Il faut, semble-t-il, chercher la réponse un peu plus loin : “Je t’ai réveillée sous le pommier” (8. 5). On peut donc penser à une toute première rencontre où le bien-aimé aurait réveillé la conscience et les affections de la jeune fille, aurait fait brûler son cœur. Elle ne l’a pas oublié.
Ce contact initial dans la vie de la bien-aimée fait penser à ce que durent être, pour les bergers de Bethléem, le face à face avec Marie et le petit enfant couché dans la crèche, pour Siméon la découverte du salut que Dieu envoyait par l’enfant qu’il tenait dans ses bras, pour l’apôtre la route barrée par la vision céleste : “Saul, Saul… je suis Jésus que tu persécutes”.
Mais que suggère le pommier ? Les arbres de la forêt, figures de la puissance humaine, s’agitent souventÉsaïe 7. 2, ne produisent pas de fruit comestible et n’offrent qu’un abri temporaire. En contraste, le pommier donne la protection de son ombre et un fruit savoureux. Voyons là, sous le symbole, deux qualités morales du bien-aimé ; il est une protection pour sa bien-aimée, un rafraîchissement pour son cœur ; il vient ainsi suppléer aux fragiles qualités de celle qu’il aime, car les fleurs champêtres, auxquelles elle se comparait, sont bien éphémères.
Le bien-aimé enlace maintenant celle qu’il aime de son bras protecteur (sa main droite) ; il soutient sa tête avec tendresse (de sa main gauche, celle du cœur). C’est un moment chargé d’émotion.
Nous avons peut-être, un jour, connu de telles heures d’intimité avec le Seigneur, goûtant, dans la lecture de sa Parole et la méditation, sa grande proximité. Prenons le temps de cultiver de tels moments. Ils sont la richesse d’une vie chrétienne.
Maintenant que la fiancée se repose en toute confiance dans l’amour de son bien-aimé, celui-ci veille à ce que rien ne vienne la troubler2. C’est le sens de l’adjuration, adressée aux filles de Jérusalem – représentation d’un résidu fidèle – pour qu’elles préservent un moment aussi privilégié ; mais il est encore bien fragile, d’où l’allusion aux gazelles et aux biches, si facilement effarouchées. Seule la voix du bien-aimé réveillera au moment opportun la bien-aimée endormie.