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Le Cantique des cantiques
Sondez les Écritures - 5e année

Cantique des cantiques 1. 5-17

Découverte et joie de l’amour

3. Gardienne et bergère : versets 5-8

  • versets 5, 6 : La jeune fille reste marquée par son passé : humiliée par ses proches, soumise à un service ingrat dans les vignes d’autrui, elle n’a pas su préserver son propre bien. Ces rudes expériences laissent des traces visibles : “Je suis noire… comme les tentes de Kédar” Psaume 120. 5, fils d’IsmaëlGenèse 25. 13. Sans doute a-t-elle le teint hâlé par le soleil, mais, plus profondément, ce sont les brûlures morales de l’épreuve qui sont évoquées : pas de père, pas de liberté, un bien propre mal géré. Israël non plus n’a pas su garder son territoire ; il a dû connaître la déportation et l’esclavage ; à son tour, le résidu futur sera persécuté par ses frères, les Juifs apostats ; il vivra douloureusement cette épreuve jusqu’à l’arrivée de son Messie.
  • versets 7, 8 : Dans les versets 2 à 4, la bien-aimée était occupée de son bien-aimé et se sentait très proche de lui. Elle s’est, ensuite, occupée d’elle-même (versets 5, 6). C’est pourquoi, ici, la distance s’est creusée1.

Responsable d’un petit troupeau de chevreaux, la jeune bergère est en quête de lieux d’abondance et de sécurité, ou d’ombrage à l’heure de la chaleur accablante. Elle n’est qu’une inconnue (voilée), peut-être même suspecteGenèse 38. 15 pour les autres bergers (les compagnons). Alors elle ouvre son cœur au vrai berger. Celui-ci en est touché et lui répond en substance : « Aurais-tu oublié, bergère, les traces laissées dans le chemin par le troupeau de vrais bergers et les lieux de pâturage près de leur habitation ? »

L’instruction morale est claire :

  • La trace du troupeau reste marquée ; elle conduit à celui qui a ouvert le chemin, le vrai berger. Il faut suivre ce chemin déjà frayéJérémie 6. 16 ; Philippiens 3. 17 ; 1 Pierre 2. 21 ;.
  • Le lieu de nourriture abondante et de sécurité est près de l’habitation des bergers. C’est le seul endroit où les chevreaux, jeunes et fragiles, trouveront herbe tendre et protection.

Jésus éclaire la portée de cette scène pastoraleJean 10 :

  • les brebis connaissent la voix du berger, tout autre que celle des faux bergers,
  • elles écoutent sa voix, par obéissance,
  • elles suivent le berger, par fidélité.

Tout à la fin de l’évangile selon Jean le Seigneur, parlant à Pierre, soulignera la responsabilité de ceux à qui le troupeau de Dieu est plus particulièrement confié : “Pais mes agneaux… sois berger de mes brebis… pais mes brebis… suis-moi” Jean 21. 15-22. Demeurer près de Jésus est le seul lieu de sécurité pour les bergers et les brebis.

4. L’intimité avec le roi (1) : versets 9-17

Ce premier poème se poursuit sous forme d’un dialogue entre le roi et sa bien-aimée. Leur amour réciproque s’exprime dans une succession d’images symboliques. Ainsi :

Parée de joyaux : versets 9-11

Dans le port altier de la jeune fille, dont la parure de bijoux rehausse la beauté, le roi voit la fierté et l’ardeur du coursier royal. Mais, pour sa propre gloire, il lui promet encore des chaînes d’or et d’argent2. On est frappé par l’analogie d’expression du prophète décrivant la gloire de Jérusalem au temps de Salomon : “Je mis des bracelets à tes mains et un collier à ton cou… tu fus parée d’or et d’argent” Ézéchiel 16. 11, 13. Dieu lui-même avait honoré son peuple élu comme une épouse bien-aimée. Hélas, Israël s’était montré infidèle, mais, en un jour futur, un résidu humilié reviendra au Dieu de ses pères qui le recevra à nouveau.

Aujourd’hui, les bien-aimés du Seigneur reconnaissent que leur seul titre de gloire est d’avoir été rachetés “non par des choses corruptibles, de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ” 1 Pierre 1. 18, 19.

La table du roi : versets 12-14

Les biens de la table de Salomon étaient d’une exceptionnelle richesse1 Rois 5. 2, 3, 27. La bien-aimée ne s’y arrête pas ; seule la personne du roi remplit ses pensées. Elle profite de ce moment privilégié pour exprimer son amour avec une grande sensibilité. Pour elle, il se dégage de son bien-aimé comme un ensemble de parfums délicats :

Le nard est tiré de la racine d’une valériane ; la myrrhe, une résine aromatique, tombe en larmes d’un arbrisseau dont on a griffé l’écorce ; le henné est un petit arbuste dont le sommet est couronné de grappes de fleurs blanches très odorantes3. Le N.T. nous fait mieux entrer dans le sens spirituel de cette scène : le nard est un parfum lié à l’adoration. Marie le répand sur les pieds d’un Christ rejeté et qui va mourir. La myrrhe parle de souffrances ; elle entre, avec l’aloès, dans la mixtion qu’apporte Nicodème au tombeau de Jésus, traduisant dans ce geste les affections cachées de son cœur. La fleur de henné suggère le renouveau, la résurrection de Christ, et, plus tard, d’Israël ; la joie l’accompagne : “dans les vignes d’En-Guédi”.

Ces expressions de la bien-aimée donnent à penser à ce que sera l’intensité des sentiments du résidu d’Israël quand son Messie reviendra, glorieux, pour régner sur la terre des pères, après avoir tant souffert à sa première venue.

La maison du roi : versets 15-17

Le bien-aimé s’arrête ici à ce qui le frappe le plus. Il trouve dans le regard de celle qu’il aime la pureté, la simplicité et la fidélité de la colombe ; tranquille quand elle a rejoint son colombier, elle devient agitée et plaintive dans un lieu qu’elle ne connaît pas. Telle sera plus loin l’expérience de la jeune fille. Elle partage maintenant le repos de son bien-aimé ; les expressions sont devenues brèves pour ne pas rompre le charme de ce moment ; le “mon” fait place au “notre”, “nos” ; c’est notre lit, probablement celui où l’on s’accoude pour le repas dans la détente, nos maisons aux solives de cèdre, nos lambris de cyprès. Tout s’harmonise dans ce cadre richement décoré pour favoriser une atmosphère d’intimité et de paix.

Notes

1Il pourrait s’agir aussi du rappel d’une première rencontre avec le roi berger, précédant les événements des premiers versets.
2Dans l’Écriture l’or parle de sainteté et de justice divine, l’argent de rédemption.
3On dit que les femmes d’orient faisaient de petits bouquets de fleurs de henné et des sachets de myrrhe, qu’elles cachaient dans leur corsage pour embaumer autour d’elles.

Cantique des cantiques 1

5Je suis noire, mais je suis agréable, filles de Jérusalem ! comme les tentes de Kédar, comme les tentures de Salomon. 6Ne me regardez pas, parce que je suis noire, parce que le soleil m’a regardéea : les fils de ma mère se sont irrités contre moi, ils m’ont mise à garder les vignes ; ma vigne qui est à moi, je ne l’ai point gardée.

7Dis-moi, toi qu’aime mon âme, où tu pais [ton troupeau], où tu le fais reposer à midi ; car pourquoi serais-je comme une femme voilée auprès des troupeaux de tes compagnons ?

8Si tu ne le sais pas, ô la plus belle parmi les femmes ! sors sur les traces du troupeau, et pais tes chevreaux près des habitations des bergers.

9Je te compare, mon amie, à une jument aux chars du Pharaon. 10Tes joues sont agréables avec des rangées de joyaux ; ton cou, avec des colliers. 11Nous te ferons des chaînes d’or avec des paillettes d’argent.

12Pendant que le roi est à table, mon nard exhale son odeur. 13Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe ; il passera la nuit entre mes seins. 14Mon bien-aimé est pour moi une grappe de henné dans les vignes d’En-Guédi.

15Voici, tu es belle, mon amie ; voici, tu es belle ! Tes yeux sont des colombes.

16Voici, tu es beau, mon bien-aimé ; oui, tu es agréable ! oui, notre lit est verdoyant. 17Les solives de nos maisons sont des cèdres ; nos lambris des cyprès.

Notes

aou : brûlée.

(La Bible - Traduction J.N. Darby)