Dans le N.T., l’Asie désigne presque toujours la province que les Romains avaient fondée en l’an 133 av. J. C. à l’ouest de l’Asie Mineure, c’est-à-dire la Turquie actuelle. Paul avait visité ce territoire lors de ses deuxième et troisième voyages missionnaires et avait travaillé durant trois ans à Éphèse, la capitaleActes 16 ; 18-20. Selon Actes 19. 10, tous ceux qui habitaient en Asie, avaient eu l’occasion d’entendre la Parole du Seigneur, tant Juifs que Grecs. Paul connaissait bien ces contrées, et était intimement lié aux chrétiens qui y habitaient. Quelle douleur pour l’apôtre, prisonnier à Rome, de constater que des croyants qui, il y a encore fort peu de temps, se trouvaient dans un état si bon qu’il pouvait leur communiquer les pensées de Dieu relatives à la vérité bénie de l’unité du corps de Christ, se détournaient à présent de lui ! Timothée connaissait cette affligeante évolution, car il se trouvait encore à Éphèse lorsque Paul lui écrivait la première épître1 Timothée 1. 3.
En se détournant de l’apôtre Paul, ces personnes n’abandonnaient pas pour autant leur foi chrétienne. Elles s’étaient détournées de lui, considérant probablement sa détermination à suivre le Seigneur et sa séparation d’avec le monde comme du fanatisme ou de l’étroitesse, pour s’engager dans un chemin plus agréable pour la chair et qui n’exigeait pas autant de renoncements. Paul prisonnier, homme gênant pour les autorités romaines et dont plusieurs croyants avaient honte, voilà ce qui ne devait pas être étranger à cet abandon. Mais la cause profonde était que son service et sa doctrine n’étaient plus reçus. La personne du Seigneur Jésus n’était plus aussi vivante pour eux, et ne les amenait pas à être remplis d’amour pour lui et à vouloir vivre uniquement à sa gloire.
Parmi ceux qui s’étaient détournés de l’apôtre, il se trouvait deux hommes connus de Timothée : Phygelle et Hermogène. La mention de leurs noms montre qu’ils n’étaient pas des inconnus et qu’ils avaient peut-être joué un rôle essentiel dans cette affligeante évolution. Même s’ils jouissaient d’une bonne réputation et peut-être d’une grande confiance parmi les croyants d’Asie, Paul doit constater avec tristesse qu’ils se trouvaient sur un chemin d’éloignement.
La troisième personne mentionnée est en revanche une exception notable au sein d’une décadence générale. Onésiphore avait souvent consolé l’apôtre, ce qui est un beau trait de caractère d’un vrai serviteur de Christ1 Corinthiens 16. 18 ; Philémon 7. Mais Paul se réjouissait surtout de ce qu’il n’avait pas eu honte de lui dans sa captivité (verset 16). Onésiphore l’avait cherché, et trouvé dans la lointaine ville de Rome ! Combien facilement il aurait pu s’excuser, en déclarant qu’il était presque impossible de retrouver dans cette grande ville de Rome un prisonnier étranger. Pourtant, Onésiphore avait cherché Paul jusqu’à ce qu’il l’eût trouvé. Voilà le véritable amour fraternel.
Alors Paul désire et demande une double bénédiction pour Onésiphore et sa maison. Il souhaite, pour lui et sa famille (4. 9), la miséricorde du Seigneur pour le présent, ainsi qu’il l’avait souhaité à Timothée lui-même au début de l’épître (verset 2), associée à la grâce et à la paix, de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus Christ. Pour Onésiphore personnellement, Paul demande plus précisément que “le Seigneur lui fasse trouver miséricorde de la part du Seigneur dans ce jour-là” (verset 18). Au jour de notre manifestation devant le tribunal de Christ et de notre apparition avec lui, tout sera mis en lumière. Nous sommes peut-être étonnés que la miséricorde soit mentionnée sous ce rapport, cependant nous voyons ici qu’elle n’est pas seulement accordée au pécheurÉphésiens 2. 4 ; 1 Timothée 1. 16 et au croyant sur la terreHébreux 4. 16, mais qu’elle s’étend jusqu’au tribunal de Christ. Elle ne trouve pas là sa place en rapport avec le salut éternel d’Onésiphore, mais avec l’appréciation de sa marche et de son service. Nous aussi, nous reconnaîtrons alors que tout est miséricorde de la part de notre Seigneur.