À présent, l’apôtre Paul dirige l’attention de Timothée vers l’avenir. Le temps de la grâce touche bientôt à sa fin, c’est là une pensée sérieuse. Ne vivons-nous pas des temps fâcheux qui portent le caractère des “derniers jours” ? En comparant l’énumération des péchés des païens en Romains 1. 29-31, avec ceux d’hommes ayant une apparence de piété, cités ici au nombre de dix-huit, nous constatons une effrayante similitude. Mais tandis que l’épître aux Romains nous décrit l’état de ceux qui ne connaissent pas Dieu, nous voyons ici le commencement de l’apostasie de ceux qui professent le christianisme.
Les quatre premiers caractères énumérés ont en commun de donner la place centrale au “moi”. L’égoïsme, l’amour de l’argent, la présomption et l’orgueil ne sont-ils pas considérés de nos jours, dans nos pays jadis christianisés, comme “acceptables” ? Imposer ses opinions personnelles, ambitionner la prospérité à tout prix, avoir un comportement prétentieux n’est pas considéré comme un péché, mais bien souvent comme un objectif digne d’efforts. Mais la parole de Dieu en juge tout autrement ! Ce qui se manifeste ici ouvertement et librement, a autrefois trouvé sa fin sous le jugement de Dieu à la croix. C’est pour de telles choses que le Fils de Dieu a dû mourir.
Suivent sept caractères qui manifestent une attitude très négative à l’égard de nos semblables. Les outrageux, ceux qui désobéissent à leurs parents et les ingrats ne reconnaissent ni l’autorité ni le bien dans le prochain. Celui qui ne possède pas d’affection naturelle, qui est implacable et calomniateur, détruit par son comportement toute vie commune prospère dans la société humaine. Le mot grec rendu par “calomniateur” est « diabolos », un mot habituellement traduit par “diable”.
Le terme “sans piété” révèle le vrai caractère de ces personnes. C’est le mépris de la grâce de Dieu.
Viennent maintenant sept autres caractères, qui nous montrent le cœur naturel de l’homme dans sa malignité : “Incontinents (ou sans retenue), cruels, n’aimant pas le bien, traîtres, téméraires, enflés d’orgueil, amis des voluptés plutôt qu’amis de Dieu”. Voilà le cœur de l’homme. Mais ce qui est choquant, c’est qu’il s’agit d’hommes qui se disent chrétiens, comme le fait ressortir le dernier chaînon de cette énumération. Ils connaissent le nom de Dieu par leurs parents ou par un environnement chrétien, mais ils ne l’aiment pas, et préfèrent les divertissements du monde à la foi en Dieu.
Le verset 5 résume alors les versets précédents : “Ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance”. Seul celui qui est né de nouveau par la foi en l’œuvre rédemptrice de Christ peut connaître la vraie piété. Il a reçu le Saint Esprit qui lui donne le désir et la force pour servir Dieu. L’Esprit de Dieu est obligé de dire des hommes des derniers jours, que tout en possédant une forme extérieure de piété, il leur manque la force spirituelle intérieure. Les pratiques extérieures comme l’appartenance à une église, le baptême, la cène du Seigneur, la prédication de la parole de Dieu existent encore, mais peuvent n’être que des formes quand la foi manque, condition préalable à une vraie piété. Là où l’attitude de ceux qui portent le nom de chrétiens suppose la vie divine, n’apparaît qu’une forme dépourvue de vie. Là où l’Esprit de Dieu devrait agir, se manifeste l’homme naturel. Pour celui qui veut suivre fidèlement le Seigneur et le servir, qui désire être un vase utile et à la gloire du maître, il n’existe qu’une seule voie, c’est de se détourner de telles personnes. Cela ne signifie pas seulement que l’on condamne intérieurement les péchés énumérés, ou que l’on adresse de sérieuses remontrances à ceux qui les commettent. Se détourner signifie qu’on n’a pas de relations avec ces personnes. Les épîtres à Timothée ont un cachet personnel et ne sont pas adressées directement à l’assemblée. Dans toute l’Écriture nous trouvons ce principe : les associations visibles avec le mal – même si on les condamne intérieurement – rendent un homme coresponsable devant Dieu. Seule la séparation manifeste d’avec un péché connu constitue une vraie sanctification1 Timothée 5. 22 ; Apocalypse 18. 4.