Le terme “serviteur” (en grec : diakonos) désigne dans les épîtres du N.T. les serviteurs de Dieu2 Corinthiens 6. 4 ; Éphésiens 6. 21 ; Colossiens 1. 7. En Philippiens 1. 1 et dans notre passage, le contexte dans lequel ce terme est employé ne laisse aucun doute quant au fait qu’il s’agissait – comme pour les surveillants – d’hommes reconnus dans les assemblées où ils se trouvaient, et qui y remplissaient des fonctions particulières. On admet généralement que cette fonction de serviteur ou de diacre correspondait au service des sept hommes mentionnés dans Actes 6. 1-6, quoique ces derniers ne soient jamais appelés serviteurs. A la différence des surveillants ou anciens les sept hommes avaient été choisis par les frères de Jérusalem ; le seul rôle des apôtres a été de prier et ensuite de leur imposer les mains. En accord avec cela, Tite avait reçu l’ordre d’établir des anciens, mais non des serviteurs, dont il ne parle du reste pas. Dans notre épître où il n’est pas question de nomination, mais des qualifications nécessaires, les deux charges sont mentionnées.
Tandis que les surveillants étaient particulièrement responsables de la prospérité spirituelle de l’assemblée locale, les serviteurs étaient compétents pour les choses extérieures, matérielles, ainsi que nous en instruit Actes 6. Étant donné qu’ils travaillaient, les uns comme les autres, dans l’assemblée de Dieu, l’auteur inspiré exige le même soin dans l’appréciation des caractères des serviteurs que de ceux des surveillants. Il est vrai que les exigences concernant les serviteurs ne sont pas aussi rigoureuses que celles requises des surveillants, mais elles s’accordaient en beaucoup de points. Nous apprenons par là que les choses qui paraissent insignifiantes doivent être traitées avec un grand sérieux dans l’assemblée de Dieu.
Comme pour le choix des surveillants, on devait agir avec prudence lors de celui des serviteurs. Pour cette raison, ils devaient être mis à l’épreuve (verset 10). Il ne s’agit probablement pas d’un examen ou d’une période d’essai, mais d’une appréciation d’une personne et de sa marche. Cela exige un certain temps. Une confiance aveugle, précipitée, était hors de place. Ailleurs, il est question de cette mise à l’épreuve d’un frère qui devait apporter avec Tite un don en argent2 Corinthiens 8. 22. Sitôt cette preuve donnée, le serviteur pouvait accomplir sa mission.
Les instructions concernant les serviteurs sont interrompues par les paroles : “De même que les femmes…” (verset 11). Bien que les qualités requises s’appliquent à toutes les sœurs, le contexte ne permet pas de penser à une exhortation générale. Selon une interprétation donnée par les Pères de l’église, et largement répandue, il s’agirait ici de servantes ou diaconesses. Pour justifier cette manière de penser, on cite Phœbé, la servante de l’assemblée à CenchréeRomains 16. 1. On ne peut cependant pas savoir en quoi consistait son service, et encore moins qu’elle exerçait une fonction. Les femmes mentionnées dans ce verset 11 ne sont pas des servantes employées par l’assemblée, mais les femmes de ceux dont il est question avant et après, à savoir les épouses des diacres. Ce qui aurait été inutile, voire déplacé chez les surveillants, avait son importance chez le serviteur : l’aide de sa femme dans son travail dans l’assemblée. Connaissant des aspects privés propres aux croyants de l’assemblée locale, il fallait qu’elles soient graves comme leurs maris, les serviteurs, qu’elles ne colportent pas ou qu’elles ne déforment pas ce qu’elles avaient entendu, qu’elles soient sobres et fidèles en toutes choses. Ces qualités correspondent en quelque sorte à celles des serviteurs. Au verset 12, l’apôtre Paul revient aux caractères des serviteurs qui, comme les surveillants, devaient être les modèles des croyants dans la pureté de leur vie conjugale, dans l’éducation de leurs enfants et dans la responsabilité au sein de leurs propres maisons. En accomplissant leurs devoirs avec dévouement, fidélité et persévérance, même s’ils paraissent insignifiants à d’autres, ils auront “bien servi”. C’est là la condition préalable qui permettra au Seigneur de leur confier davantage. Deux des sept hommes à Jérusalem constituent à cet égard de beaux exemples. Étienne est devenu le premier martyr dans l’Assemblée. Par le fait d’avoir suivi son Seigneur jusqu’à la mort, en l’imitant au point d’éprouver des sentiments analogues (comp. Actes 7. 59, 60 avec Luc 23. 34), il a atteint la proximité suprême avec son Maître, dans son service. Philippe est l’exemple de la hardiesse. Il a annoncé l’évangile aux Samaritains et à l’eunuque de CandaceActes 8. 26-40, et il est le seul homme dans le N.T. à être appelé “l’évangéliste” Actes 21. 8 ! Il est bien l’exemple d’un bon serviteur ayant acquis une grande hardiesse dans la foi qui est dans le Christ Jésus !