La forme de la salutation appartient au style épistolaire de l’époque qui réclamait que l’auteur mentionne son nom en premier, suivi de celui des destinataires, puis de la salutation proprement dite. Empreinte de certitudes et de modestie, la salutation est remarquable par sa densité.
En écrivant à l’assemblée des Thessaloniciens, Paul ne revendique pas son titre d’apôtre comme il le fait en général, sans doute parce qu’il était bien connu des frères, qui d’ailleurs, ne contestaient pas son autorité apostolique.
Les Thessaloniciens connaissaient aussi très bien Silvain1 (Silas) et Timothée2, aussi Paul les associe à la salutation. Compagnons de Paul dans son second voyage missionnaire, ils avaient participé activement à la formation de l’assemblée à Thessalonique. Leur énergie au service de Dieu dans cette ville avait été si grande qu’on les avait accusés de bouleverser la terre habitéeActes 17. 1-9. Quel hommage à la puissance de l’évangile ! Paul mentionne Silvain et Timothée dans la salutation, probablement pour une seconde raison : l’apôtre les avait envoyés en Macédoine. Revenus auprès de l’apôtre avec des nouvelles des assemblées, Paul les cite comme témoins, car il n’accordait que peu de crédit aux ouï-dire1 Corinthiens 1. 18. En revanche, il attachait une attention particulière à la fiabilité de ses sources d’informations1 Corinthiens 1. 11. Ce principe est général dans les Écritures : “Par la bouche de deux ou trois témoins, toute affaire sera établie” Deutéronome 19. 15 ; Matthieu 18. 16 ; 2 Corinthiens 13. 1.
La salutation s’harmonise parfaitement avec ce que nous connaissons de l’assemblée de Thessalonique, qui était issue principalement du paganisme (1. 9). La conversion avait introduit les Thessaloniciens dans de nouvelles relations, inconnues du paganisme, et même du judaïsme. Comme croyants, ils connaissaient le Père révélé par le Fils de DieuJean 1. 18 et ils reconnaissaient l’autorité de Jésus Christ comme Seigneur3. Cette conviction et cette obéissance sont essentielles, car la qualité de toute la vie d’un chrétien dépend de sa relation filiale avec Dieu le Père et de sa soumission volontaire à Christ.
Paul suit la coutume de l’époque en commençant sa lettre par une salutation, mais il lui donne un caractère chrétien distinct4. Comme dans toutes ses lettres aux assemblées, l’apôtre souhaite “grâce et paix” aux frères. Ces deux mots résument l’évangile. Ils forment un couple indissociable. L’ordre des termes est important : premièrement la grâce comme cause, puis la paix comme effet à la réception de l’évangile.
Les œuvres ne peuvent contribuer à notre salut, comme le pensent certains, car alors le sacrifice du Seigneur Jésus aurait été inutile. Grâces à Dieu, il a fait “la paix par le sang de sa croix” Colossiens 1. 20.
La reconnaissance envers Dieu fait partie de la vie chrétienne (5. 18). Elle est même indispensable à toute vie heureuse. Sauf quand il écrit aux assemblées de Galatie, Paul trouve toujours des sujets de reconnaissance envers Dieu en rédigeant ses épîtres aux assemblées. Dans sa lettre aux Thessaloniciens, à trois reprises l’apôtre donne les nombreuses raisons qui le poussent aux actions de grâces (1. 2 ; 2. 13 ; 3. 9).
En peu de temps, et au milieu d’une société entièrement païenne, Dieu avait opéré une œuvre magnifique et durable chez les Thessaloniciens. L’apôtre et ses deux compagnons éclatent en actions de grâces pour tous les croyants de l’assemblée, car l’amour, la foi et l’espérance animaient toutes leurs activités. Remarquez que Paul, Silvain et Timothée rendaient leurs actions de grâces nominatives : ils remercient Dieu pour chaque croyant, sans exception, et continuellement (verset 2). La prière gagne en puissance quand elle devient spécifique. La persévérance la rend efficace. Paul ne priait pas d’une manière sporadique, mais “nuit et jour” (3. 10).