Avant tout, recueillons-nous devant ce que la Parole nous dit du prix que l’Église a pour Christ, du prix qu’elle a pour Dieu.
Christ l’appelle mon Assemblée (Matthieu 16. 18), et cela seul montre la prétention des hommes lorsqu’ils veulent bâtir leur église à eux. Elle est l’Église de Christ. Il la bâtit. Il a des droits sur elle, elle est à lui. Le verset 25 d’Éphésiens 5 nous définit ces droits, qui sont ceux de l’amour ; il nous dit à quel prix Christ l’a acquise : “Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle”. Le marchand de la parabole a vendu tout ce qu’il avait pour acheter la perle de très grand prix (Matthieu 13. 46), mais Christ a payé bien davantage : il a donné sa vie pour l’Assemblée.
La Bible emploie cependant moins l’appellation d’Assemblée de Christ que celle d’Assemblée de Dieu, et cela rehausserait encore, s’il était possible, la place que lui assignent les pensées et les affections divines, car “le chef du Christ, c’est Dieu” (1 Corinthiens 11. 3). Paul recommandait aux anciens d’Éphèse de “paître l’assemblée de Dieu”, et il ajoute aussitôt : “qu’il a acquise par le sang de son propre Fils” (Actes 20. 28).
Que chacun de nous pèse de telles expressions. Le sujet de l’Église n’est pas laissé à notre propre appréciation, ce n’est pas un sujet de controverses sans portée. Voilà à quelle valeur l’Église est estimée par Christ, par Dieu. Et nous ne mettrions pas tous nos soins à nous enquérir de ce qu’elle est, de la façon dont nous avons à nous conduire à son égard, du rôle et de la place que la Parole de Dieu lui assigne sur la terre, de son espérance, de son avenir ? Des hommes la façonneraient-ils à leur gré ?
Il est grave de “mépriser l’assemblée de Dieu” (1 Corinthiens 11. 22). Toute légèreté, toute indifférence là-dessus prouverait que nous ne sommes pas intéressés à ce que Dieu aime, à ce que Christ aime (Apocalypse 3. 9). Le sang du Fils de Dieu, le sacrifice de Christ, l’amour de Christ ne nous toucheraient-ils pas ? Ou nous contenterions-nous égoïstement de nous savoir sauvés, sans que ce qui est cher au cœur de notre Sauveur ait de valeur pour nous ?
Ne craignons pas d’élargir un tel sujet. On ne peut avoir une vue juste de tout ce qui se rapporte à l’Église si l’on ne prête pas attention à ce que l’Écriture révèle du dessein de Dieu envers elle, pour sa gloire à lui.
L’Église est, de toute éternité, destinée à partager la gloire de Christ, cet homme qu’est devenu le Fils de Dieu afin de mourir pour nous et qui, ressuscité d’entre les morts, est maintenant assis à la droite de Dieu dans le ciel. Bientôt, selon “le mystère de sa volonté”, Dieu réunira “tout… en un dans le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre, en lui.” (Éphésiens 1. 9, 10). L’Église sera associée à ce dominateur. Christ est donné à l’Église “pour être chef sur toutes choses”, et pour qu’elle lui soit unie comme son corps même, “la plénitude de celui qui remplit tout en tous” (Éphésiens 1. 22, 23). Adam n’était pas complet sans Ève. Le glorieux Ressuscité ne le serait pas sans l’Église. C’est pour cet avenir qu’elle est formée.
De là vient la place distincte qui est donnée sur la terre à l’Église. Le croyant n’est pas du monde parce que Christ n’est pas du monde (Jean 17. 14) ; par conséquent l’Église non plus n’en fait pas partie.
Cette mise à part est clairement réalisée dans les Actes aux chapitres 2. 47 et 5. 14, vis-à-vis de Jérusalem ; puis, aux chapitres 18. 7 et 19. 9, à l’égard des Juifs en général ; quant à la séparation d’avec les païens, elle allait d’elle-même (Galates 1. 4 ; 1 Corinthiens 12. 2 ; etc.). On trouve en 1 Corinthiens 10. 32 la distinction aussi nette que possible : “Ne devenez une cause d’achoppement ni pour les Juifs, ni pour les Grecs, ni pour l’assemblée de Dieu”. Les Juifs étaient le peuple terrestre de Dieu, sur le point de ne plus être reconnu comme tel pour un temps ; les Grecs représentaient le reste des hommes ; “l’assemblée de Dieu” comprend, elle, des personnes qui ne sont plus ni Juifs, ni Grecs, mais “un dans le Christ Jésus” (Galates 3. 28).
L’Église est formée en effet de ceux qui possèdent la vie nouvelle en Christ, la vie de Dieu, et de ceux-là seuls. “Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres ; et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit” (1 Corinthiens 12. 13). Ces “nous” sont l’auteur et les destinataires de l’épître : les “sanctifiés dans le Christ Jésus, saints par appel” (1 Corinthiens 1. 2). Ils appartiennent à Christ, qui est “leur Seigneur et le nôtre”. Il les a acquis pour Dieu par son sang, et son Esprit habite en eux. Ils sont “de Christ” (Galates 3. 29). Ils sont tous acceptés de Dieu au même titre, comme des enfants. Leur position devant Dieu est celle même de Christ ; mais comment Dieu accepterait-il quelqu’un en dehors de Christ ?
Tous les croyants sans exception font pour toujours partie de l’Église. Leur position à cet égard est aussi ferme que leur salut. Mais quand des non-croyants se réclament de l’Église chrétienne, ou qu’une “église” s’appelant chrétienne accepte comme membres et associe à sa vie des inconvertis notoires, c’est là assurément une responsabilité très grave. Or ce ne sont pas des rites ou des formes extérieures, comme le baptême, qui sauvent, mais la foi personnelle en Jésus Christ (Romains 10. 9). Le Saint Esprit met son sceau sur cette foi et la rend visible (Éphésiens 1. 14).
L’Église est donc formée de tous les croyants. Aussi pouvons-nous l’envisager dans sa plénitude, comprenant l’ensemble de tous les croyants depuis l’envoi du Saint Esprit lors de la Pentecôte jusqu’à la venue du Seigneur ; c’est cet ensemble complet que Christ se présentera à lui-même comme l’Assemblée glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable (Éphésiens 5. 27). Mais jusqu’à ce moment-là les enseignements que donne le Nouveau Testament concernent l’Église sur la terre, formée de chrétiens qui vivent leur existence d’ici-bas, mais dont Christ s’occupe (Éphésiens 5. 26) : l’Église ainsi considérée est l’ensemble des croyants existant sur la terre au même moment. Ils ne sauraient tous se connaître, mais Dieu, lui, connaît tous ses enfants, ils sont tous au même degré parties constituantes de son Assemblée. L’unité de celle-ci vient de ce qu’ils ont tous la même vie, celle d’un Christ ressuscité, et qu’ils sont tous scellés par le seul et même Esprit.
Le Nouveau Testament emploie différentes figures pour nous présenter l’Assemblée. Elles traduisent toutes l’unité de tous les “nés de nouveau” (Jean 3. 7), “nés de Dieu” (Jean 1. 13), mais en se plaçant à des points de vue différents.
Une avec Christ, l’époux dont elle procède comme Ève d’Adam, “os de ses os et chair de sa chair”, elle est l’objet de sa tendre affection. Nulle relation n’est plus intime ni plus douce. Le couple terrestre n’en offre qu’une pâle image ; on est mari et femme sur la terre seulement (Voir Matthieu 22. 30), mais l’Église sera l’épouse éternelle de Christ dans le monde nouveau, comme le montrent avec tant de relief les derniers chapitres de l’Apocalypse1. Les soins actuels de Christ pour l’Assemblée sont ceux de l’époux qui attend le moment de venir chercher son épouse, avec une sainte affection à laquelle il veut qu’elle réponde (Éphésiens 5. 25-30). “Que celui qui entend dise : Viens” (Apocalypse 22. 17).
Mais les maris sont exhortés à aimer leur femme parce qu’elle est “leur propre corps”, comme l’Église est le corps de Christ. Cette expression, employée de façon si saisissante au chapitre 1 de l’épître aux Éphésiens v. 23, puis au chapitre 4 v. 12, et au chapitre 5, l’est aussi au chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens v. 12 et v. 27 et, quoique moins significativement, au chapitre 12 de l’épître aux Romains v. 5. Ce terme est particulier à l’enseignement de Paul ; cet apôtre avait été spécialement choisi pour mettre en lumière ce point, tant il est important. Rien, en effet, n’est comparable à la force d’un tel mot : le corps de Christ. Il y a là plus qu’une relation, si étroite soit-elle, mais bien une unité vitale, assurée par un même Esprit qui lie tête et corps. “Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés pour une seule espérance de votre appel” (Éphésiens 4. 4). Cela suppose la vie : ceux qui font partie du corps ont la vie de Dieu, la vie de Jésus dans les siens, et ils ont pour espérance le moment où ce qui est encore mortel en eux sera “absorbé par la vie” (2 Corinthiens 5. 4). Déjà lorsque Christ glorifié “saisit” Paul, il met cette unité en évidence : “Je suis Jésus que tu persécutes” en persécutant les miens. “Vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier” (1 Corinthiens 12. 27). Il n’est pas parlé de membres de l’Assemblée, encore moins de membres d’une assemblée particulière, mais des membres du corps de Christ. “Ce mystère est grand…”
Le même Esprit qui assure et entretient l’unité vitale de Christ glorifié et de son corps encore sur la terre, en chacun de ses membres comme dans l’ensemble, habite effectivement sur la terre. Chaque croyant est “le temple du Saint Esprit”, qui est en lui et qu’il a de Dieu (1 Corinthiens 6. 19). Et l’Église entière est “le temple de Dieu” (1 Corinthiens 3. 16). Elle est “une habitation de Dieu par l’Esprit” (Éphésiens 2. 22). Elle est “la maison de Dieu” (1 Timothée 3. 15). Bâtie sur un fondement solide, le roc de la personne glorieuse reconnue par Pierre comme le Christ, le Fils du Dieu vivant, et bâtie par lui-même, elle est formée de pierres vivantes, à commencer par Pierre, mais avec lui tous les croyants (1 Pierre 2. 5). Pas plus lorsqu’il est question de la maison de Dieu que lorsqu’il est question du corps de Christ, la réalité de la vie divine chez ceux qui font partie de l’Assemblée de Dieu ne peut être mise en doute ni oubliée.
L’édifice parle de quelque chose de stable, et la solidité de l’Église est telle que “les portes de l’hadès” – la plus forte puissance ici-bas, celle de la mort – “ne prévaudront pas contre elle” (Matthieu 16. 18). Christ bâtit : rien n’est à craindre.
Mais c’est la maison de Dieu, le temple saint dans le Seigneur. Tout doit donc y répondre au caractère divin ; le nom de Dieu y est connu, honoré, loué, et Dieu veille à ce que la façon de vivre de ceux qui sont là soit en rapport avec la sainteté de ce nom. C’est le lieu du service divin, du saint sacerdoce.
Épouse, corps, maison, l’Église est tout cela dès l’instant qu’elle existe. Mais, de même que le chrétien pris individuellement est dès ici-bas tout à la fois “accompli en Christ”, donc propre pour la gloire, et formé progressivement au cours de sa vie en vue de sa manifestation au jour de Christ, de même l’Église, ensemble des croyants, est déjà vue en Christ dans sa perfection, et en même temps formée peu à peu, par tout le travail de l’Esprit Saint durant le temps de la grâce, en vue du ciel. Ainsi Christ purifie l’Assemblée par le lavage d’eau par la Parole. Le corps de Christ se développe, par les grâces spirituelles qui viennent de Christ la tête (ou le chef) et, “bien ajusté et lié ensemble par toute jointure qui le soutient”, ce corps produit, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure, sa “croissance… pour être lui-même édifié en amour” (Éphésiens 4. 15-16). Et enfin “l’édifice, bien ajusté ensemble, grandit pour être un temple saint dans le Seigneur” (Éphésiens 2. 21). L’achèvement sera vu dans le ciel, mais il est là comme en puissance. Un bon ouvrier voit déjà dans sa pensée son travail tel qu’il demeurera, et voit en même temps tout ce qui sera nécessaire pour l’amener à ce terme.
Quand l’Église prendra effectivement place dans les lieux célestes avec Christ, chacun de ceux qui la composent aura revêtu un corps semblable à Christ. L’Église apparaîtra alors comme son épouse unie à lui, comme son corps, plénitude de celui qui remplit tout en tous (Éphésiens 1. 23). Et l’édifice, l’habitation de Dieu par l’Esprit, deviendra la “cité sainte”, la nouvelle Jérusalem, à laquelle s’attache ce titre de “l’épouse, la femme de l’Agneau”. Ainsi seront manifestées ses perfections éternelles, fruit du travail et de l’amour de Christ, aux yeux de la terre pendant le règne de mille ans, puis aux yeux des nouveaux cieux et de la nouvelle terre (Apocalypse 21. 2-6, 9-27).
En attendant, au milieu du monde actuel, qui a rejeté et rejette Christ, elle ne peut être qu’une étrangère. La nouvelle création à laquelle elle appartient est une anomalie dans l’ancienne. L’Église n’est pas, contrairement à ce que certains semblent estimer, une partie – la plus noble, pensent-ils – de ce monde ; elle en a été tirée, et elle se trouve normalement opposée à lui par son caractère céleste, comme Christ quand il était sur la terre.
Elle n’est pas, en définitive, l’église des hommes, elle est l’Assemblée de Dieu.
Nous sommes amenés à nous demander pourquoi l’Église est ainsi laissée sur la terre, et quelles fonctions elle est appelée à y exercer.
On pourrait dire d’un mot que l’Assemblée est placée dans le monde pour glorifier Dieu en glorifiant Christ. Telle est la vocation individuelle du chrétien, temple du Saint Esprit, telle est celle de l’Église, habitation de Dieu par l’Esprit. Elle est là “afin que la sagesse si variée de Dieu soit… donnée à connaître aux pouvoirs et aux autorités qui sont dans les lieux célestes, par le moyen de l’assemblée” (Éphésiens 3. 10). Elle anticipe l’éternité. “Or, à celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous, à lui gloire dans l’assemblée dans le christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles ! Amen” (Éphésiens 3. 20-21).
Les missions de l’Assemblée en vue de répondre à ce grand objectif sont multiples.
D’abord, manifester son unité avec Christ, unité divine sans équivalent dans les choses humaines. L’existence même de l’Église doit ainsi montrer la grâce et la puissance de Dieu.
Le Seigneur Jésus avait en vue un tel témoignage lorsque, dans sa prière de Jean 17, il demandait “que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ; afin qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que toi tu m’as envoyé” (verset 21). Telle est la haute efficacité que le Seigneur attachait à la manifestation par les siens de cette unité de la famille du Père : le monde croirait. Quand le Seigneur la manifestera lui-même en gloire, le monde la connaîtra, elle sera rendue évidente (verset 23) même pour les ennemis ; mais en attendant qu’il nous rende “parfaitement accomplis dans l’unité”, il nous met au milieu du monde pour que celui-ci voie la vie nouvelle dans sa preuve la plus évidente, c’est-à-dire l’unité de la famille de Dieu, qu’il en recherche la source, et qu’il croie. Il n’y a pas de plus puissante évangélisation.
Mais ce n’est pas seulement l’unité de la famille qui est appelée à paraître, mais bien l’unité du corps ; elle se montre quand les croyants gardent “l’unité de l’Esprit par le lien de la paix” (Éphésiens 4. 3). Tel est le rôle qu’ils ont tous à tenir, parce que tous ont été appelés du même appel, font partie du même corps, sont animés du même Esprit.
Ce témoignage rendu dans l’amour (Éphésiens 4. 2) ne peut l’être aussi que dans la séparation du mal. Cette sainteté pratique est requise de tout ce qui porte le nom de Dieu : “Soyez saints, car moi je suis saint” (1 Pierre 1. 16). Elle est figurée, à propos de l’Assemblée, par la pâte sans levain de 1 Corinthiens 5. 7.
Témoin de la puissance de la grâce de Dieu pour unir dans la sainteté, l’Assemblée est sur la terre le dépositaire de la vérité : “l’Assemblée du Dieu vivant est la colonne et le soutien de la vérité” (1 Timothée 3. 15). Elle est établie telle. Elle n’est pas la source de la vérité, la vérité ne procède pas de l’Église : la Parole de Dieu est la vérité, Jésus est la vérité, le Saint Esprit est la vérité (Jean 17. 17 ; 14. 6 ; 1 Jean 5. 6) ; mais non l’Assemblée. Elle a reçu la vérité ; il lui appartient de la rendre publique et de la maintenir intacte. Dieu habite dans l’Assemblée qui est sa maison, mais la vérité doit être vue en elle, portée par elle comme par une colonne. C’est à l’Assemblée de veiller à ce que la vérité ne soit pas affaiblie, ni altérée, ni oubliée.
La maison de Dieu est une maison de prières. Ainsi en était-il pour le peuple terrestre, ainsi pour l’Assemblée de Dieu. Matthieu 18. 19-20 l’établit, en donnant aux deux ou trois assemblés au nom de Jésus l’assurance d’être exaucés parce que lui-même est là au milieu d’eux.
L’Assemblée, saint sacerdoce, a le service de la louange (1 Pierre 2. 5). Elle adore son Seigneur comme il convient à l’épouse du Roi de gloire (Psaume 45. 12), mais lui-même, ressuscité, chante au milieu d’elle les louanges du Père (Hébreux 2. 12). Par lui elle loue Dieu le Père. Elle rend culte. “À lui gloire dans l’assemblée dans le Christ Jésus” (Éphésiens 3. 21). Les relations individuelles de l’âme avec Dieu pour le célébrer et lui rendre grâces, si précieuses soient-elles, s’effacent, en s’y fondant, devant ce service collectif sans prix.
Au centre de ce culte se place le souvenir de la mort du Seigneur. C’est dans l’Assemblée qu’est dressée la table du Seigneur, où elle célèbre la cène(1 Corinthiens 10. 16-21 ; 11. 20-34). En prenant ce repas, l’Église parle de l’œuvre de Christ, en proclame la valeur pour sauver et pour rassembler. Elle le fait dans le souvenir du Seigneur donnant sa vie, souvenir rendu visible dans un mémorial ordonné par lui-même. “Faites ceci en mémoire de moi…” Voilà encore un témoignage : la mort du Seigneur est annoncée.
Tournée vers le passé pour commémorer le sacrifice unique, elle se tourne vers l’avenir pour attendre le Seigneur. À elle il appartient de dire avec amour : “Viens, Seigneur Jésus”, par l’Esprit qui est au milieu d’elle et avec elle (Apocalypse 22. 20).
Voilà quelques-unes des précieuses fonctions pour lesquelles l’Assemblée se trouve sur la terre. Il y en a d’autres sans doute. Il faudrait parler de tout ce que les âmes peuvent y trouver d’encouragement et de réconfort, dans une communion fraternelle qui a sa source dans l’amour du Seigneur pour les siens. Elle est le refuge de tous ceux qui, lassés de ce monde, viennent chercher la paix auprès du Sauveur. Elle reconnaît, approuve, soutient les ouvriers que le Seigneur envoie. Toutes les épîtres de Paul nous montrent à quel point ce puissant serviteur de Dieu, qui ne dépendait de personne, comptait sur le soutien spirituel de l’Assemblée en tous lieux, et combien il était reconnaissant pour les soins matériels dont on l’entourait. Avec quels accents il se réjouit de la part que les Philippiens prenaient à l’Évangile, ou reconnaît comment la conduite des Thessaloniciens renforçait en tous lieux sa propre prédication !
Mais quand nous parlons de fonctions de l’Église, et de devoirs qui en découlent, c’est privilèges qu’il faudrait dire. Les croyants de l’Ancien Testament ne les connaissaient pas, parce qu’il fallait pour que ce trésor s’ouvre que Christ ait été glorifié après être mort et ressuscité. Ils n’avaient en partage ni le seul corps ni le seul Esprit ni la seule espérance de l’appel. Maintenant, “béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ” (Éphésiens 1. 3).
L’Église est établie afin que, jouissant de ces bénédictions célestes, elle en apporte sur la terre le rayonnement et le parfum, dans un témoignage collectif qui honore son chef connu et aimé, auteur du salut et seul centre de rassemblement de tous.
Pour exercer réellement ces prérogatives et rendre ce témoignage, l’Église sur la terre est pourvue de toutes ressources, comme le croyant n’est pas laissé à lui-même, par la grâce de Dieu.
C’est toute “la grâce variée de Dieu” (Voir 1 Pierre 4. 10). Reconnaître effectivement l’autorité du Seigneur, laisser agir librement le Saint Esprit, dont la mission est de glorifier Jésus exalté (Jean 16. 14), obéir à la Parole de Dieu, voilà qui devait suffire en tout temps.
Christ glorifié “donne” par grâce tout ce qui est nécessaire, tous les ministères voulus pour ajouter des personnes à l’Assemblée et pour la nourrir (Éphésiens 4. 7-16) ; l’Esprit distribue avec sagesse la diversité des services (1 Corinthiens 12). Il en aura été ainsi pendant toute l’histoire de l’Église. Christ montrera – et ce sera tout à sa gloire – combien il aura été fidèle en s’occupant de celle qu’il a aimée.
En face de l’action divine se développent, hélas, toutes les offensives de Satan et du monde pour disperser, détruire et corrompre. C’est pour le chrétien une lutte constante. L’Assemblée dispose, pour se préserver, d’une arme particulière : une autorité est placée en elle, du fait de la présence du Seigneur au milieu d’elle.
C’est ce que nous trouvons dès Matthieu 18. 17-20, en vue d’assurer l’ordre et la paix parmi des frères et sœurs – les enfants de Dieu. La présence du Seigneur au milieu des siens est affirmée là en rapport avec la prière des deux ou trois, mais cette prière elle-même est en rapport avec le pouvoir de “lier et délier” en matière de relations fraternelles. Le but est évidemment que “des frères habitent unis ensemble”, ce qui est “bon et agréable” (Psaume 133. 1), une source de bénédiction et un témoignage rendu à l’unité de la famille de Dieu.
Le pouvoir conféré à l’Assemblée est présenté de façon plus ample et plus solennelle en 1 Corinthiens 5. Il s’agit d’ôter le vieux levain, le levain du péché, pour être une nouvelle pâte. Autrement dit l’Assemblée, tenue de se purifier du mal, doit exercer une discipline allant jusqu’à l’exclusion du “méchant”. Mais comme en Matthieu 18 l’autorité mise dans l’Assemblée se lie de la façon la plus exclusive à la présence du Seigneur, et à la puissance de son nom (1 Corinthiens 5. 4). Elle est exercée de la part du Seigneur, au nom du Seigneur, non pas à la manière d’un tribunal humain, mais en vue du bien de tous et particulièrement de celui qui a péché (2 Corinthiens 2. 5-9).
La grandeur de ces privilèges, la réalité de ces ressources, dépassant ce que les témoins de l’Ancien Testament possédaient, font peser sur l’Église une responsabilité plus grande qu’aucune autre.
Elle n’a pas pu répondre à ce qui lui était demandé. Elle n’a pas su employer ces ressources. Elle a prouvé une fois de plus que l’homme n’est pas capable de garder intact ce que Dieu lui confie. Le dépôt (2 Timothée 1. 14) que l’Église avait en mains était plus précieux qu’aucun autre, et elle l’a laissé glisser à terre. Il s’agissait du nom de Christ glorifié. Et sans doute il en a été ainsi pour qu’à la fin toute gloire soit rendue à Dieu qui, malgré notre infidélité, accomplira ses desseins par Christ : c’est en lui seul que Dieu aura trouvé son “bon plaisir dans les hommes” (Luc 2. 14). Mais tant que l’histoire de l’Église sur la terre n’est pas terminée, quiconque a les vrais intérêts de Christ à cœur doit rechercher où est, pour lui, le chemin de la fidélité.