Christ est le grand thème de toute l’Écriture. Le Saint Esprit se plaît à y mettre partout en évidence les divers aspects de ses gloires. Ici, dans le Cantique des cantiques, son but essentiel est de présenter l’amour de Christ pour les siens.
Pour parler de cet amour, l’Esprit de Dieu se sert des relations nuptiales. Il nous révèle l’amour d’un époux glorieux pour une épouse de la plus humble origine, et les expériences variées par lesquelles elle passe pour mieux jouir de son amour.
L’époux est un roi, le grand Salomon ; l’épouse, une bergère appelée la Sulamithe. Le Cantique est essentiellement composé de dialogues entre l’époux et l’épouse. D’autres personnes sont mentionnées, comme par exemple les filles de Jérusalem, qui prennent parfois la parole. Il est aussi question des gardes qui font la ronde par la ville, de ceux qui sont sur la muraille, et de la « petite sœur ». Mais ces étrangers ne participent guère aux entretiens.
Ces dialogues nous révèlent à la fois l’amour infini, immuable de l’époux pour l’épouse, et les progrès de celui de l’épouse pour l’époux. Nous apprenons comment elle est progressivement établie dans une relation d’intimité avec l’époux, élevée de sa condition misérable jusqu’à partager le trône du roi, son glorieux époux.
Personne ne met en doute que cet époux soit une figure de Christ. Mais certains ont peut-être plus de difficulté à identifier l’épouse. Tout permet de penser qu’elle est le type d’Israël, le peuple terrestre de Dieu ; ou plus exactement, de ce résidu juif pieux qui, dans un temps encore à venir, représentera Israël. Les expériences de l’épouse évoquent celles que connaîtra ce résidu avant d’être finalement établi dans une relation bénie avec son Messie.
Cette image de l’époux et de l’épouse, souvent employée par les prophètes, fait ressortir l’intimité de la relation. Ésaïe peut dire : « De la joie que le fiancé a de sa fiancée, ton Dieu se réjouira de toi » (Ésaïe 62. 5). Le Seigneur, parlant par la bouche d’Osée, et ayant en vue la restauration future d’Israël, déclare de la façon la plus touchante : « Je l’attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au cœur ». Puis, après avoir réveillé ses affections, il peut lui dire : « Je te fiancerai à moi pour toujours ; et je te fiancerai à moi en justice, et en jugement, et en bonté, et en miséricorde ; et je te fiancerai à moi en vérité ; et tu connaîtras l’Éternel » (Osée 2. 14, 19, 20). Dans le Cantique des cantiques, nous assistons à toutes les expériences du désert, dont le Seigneur se sert pour parler au cœur de son peuple.
Les prophètes ont essentiellement en vue l’exercice de conscience qui conduira le résidu juif pieux à se repentir d’avoir rejeté et crucifié son Messie. Par contre, il est réservé au seul Cantique des cantiques d’entrer en détail dans les exercices de cœur des fidèles, à l’éveil de leurs affections, quand ils comprendront l’étendue de l’amour de Christ, amour qu’ils ont autrefois méprisé.
Accepter une telle interprétation suppose une certaine connaissance de l’histoire future d’Israël, à travers les prophéties de l’Ancien et du Nouveau Testament. Elles annoncent le retour des Juifs dans leur pays. Ils y rentreront dans l’incrédulité, avec l’espoir d’échapper ainsi aux persécutions et de trouver du repos. En réalité ils traverseront un temps d’affliction sans exemple dans l’histoire de l’humanité.
Serrés de près à l’extérieur par les puissances venues du Nord, ils seront opprimés à l’intérieur par la Bête (Apocalypse 13. 4). Ayant rejeté Christ, ils accepteront le pouvoir de l’Antichrist. Celui-ci « n’aura point égard au Dieu de ses pères… et il honorera un dieu que n’ont pas connu ses pères » (Daniel 11. 37-38). Avec l’abomination de la désolation placée dans le lieu saint, les Juifs tomberont dans l’idolâtrie la plus grossière ; leur dernière condition sera pire que la première !
Mais au sein de la nation apostate, apparaîtra un résidu dans le cœur duquel l’Esprit de Dieu travaillera. Ce résidu sera haï de toutes les nations, car il confessera le nom de Christ. Beaucoup seront mis à mort, d’autres scandalisés du fait des persécutions et l’amour de plusieurs sera refroidi. Mais Dieu interviendra et abrégera en leur faveur les jours de la grande tribulation (Romains 9. 28).
Ce résidu nous est présenté sous les traits de l’épouse, dans le Cantique des cantiques.
Mais si telle est l’interprétation prophétique de ce livre, bien des applications morales peuvent en être faites à l’Église, l’épouse céleste, ou même au croyant en particulier. N’y retrouve-t-on pas des principes d’après lesquels Dieu agit à l’égard de tout son peuple ? « Christ aime son Assemblée, il aime aussi son peuple terrestre, il aime l’âme qu’il attire à lui, de sorte que nous avons ici une application personnelle qui nous est très précieuse » (J. N. Darby). C’est cette application au croyant que nous aurons essentiellement en vue dans les pages qui suivent.
Le Cantique peut se diviser en six strophes et leur sujet se résumer comme suit :
La figure de l’époux et de l’épouse illustre les douces affections que Christ fait naître dans le cœur des siens. Il n’est rien de plus important que d’avoir nos affections attirées par lui. Nous sommes souvent humiliés du peu d’amour qui se manifeste parmi les enfants de Dieu, mais ce n’est, hélas, que la conséquence d’un manque d’amour pour le Seigneur lui-même. Et ce peu d’amour pour lui vient de notre faible appréciation de son amour à lui pour nous.
Ce qui donne au Cantique des cantiques toute sa valeur, c’est qu’il éveille notre amour en nous aidant à mesurer l’étendue de l’amour de Christ.
L’Écriture contient beaucoup d’autres chants. Les uns célèbrent la création ou parlent de victoire, les autres expriment la louange ou l’adoration. Mais le thème de ce cantique, c’est l’amour de Christ pour les siens. C’est pourquoi il est appelé le Cantique des cantiques.