L’union à Boaz dans le mariage apportait le “repos” à Ruth. Selon la loiDeutéronome 23. 4, Ruth n’aurait jamais dû entrer dans la congrégation de l’Éternel, faire partie du peuple d’Israël. Dieu, dans sa providence, a permis que Ruth rencontre Boaz en glanant dans son champ. La grâce a surabondéRomains 5. 20. D’une circonstance malheureuse (1. 4), Dieu a fait tourner tout à sa gloire. Il est remarquable de constater que les anciens et le peuple se placent au-dessus des règles de la loi en vigueur. Joyeusement, ils invoquent la bénédiction de Dieu sur ce couple et demandent que Ruth soit comme Rachel et Léa, les deux femmes de Jacob, qui, par leurs enfants, ont bâti la maison d’Israël. Ils souhaitent que Boaz devienne puissant dans Ephrata, qu’il se fasse un nom. A ces vœux, Dieu répondra entièrement. Ruth donnera un enfant à Boaz qui deviendra ainsi l’ancêtre lointain du Messie qui rebâtira la maison d’Israël.
Les anciens et le peuple forment encore un autre vœu. Leur désir est que la famille de Boaz devienne aussi influente que la maison de leur ancêtre Pérets, le fils de Tamar. S’ils invoquent l’exemple de Tamar, ce n’est pas pour rappeler sa triste histoire après la mort de deux maris successifsGenèse 38. Au contraire, c’est pour souligner qu’en prenant entre ses propres mains la loi du rachat, Tamar voulait s’assurer à tout prix une descendance dans la famille de Juda, le fils de Jacob auquel Dieu avait laissé des promesses.
En Moab, l’union de Makhlon avec Ruth ne pouvait être que stérile. Elle conduisit à la mort du mariDeutéronome 23. 4. En Juda, à Bethléem, un enfant va naître de l’union de Boaz avec Ruth car ce mariage est approuvé de Dieu.
Remarquons que le livre de Ruth résout la contradiction apparente entre l’interdiction de faire entrer un ou une Moabite dans le peuple de Dieu et l’obligation de susciter une postérité à un mari mort sans enfantDeutéronome 25. 5, 6. La réponse se trouve dans la grâce déployée par Boaz.
Les femmes de Bethléem bénissent l’Éternel à la vue de l’enfant de Boaz et de Ruth et l’appellent Obed. Le nom d’un enfant était soigneusement choisi car il était censé représenter son caractère. Il avait souvent un rapport avec les circonstances de la naissance, un événement national ou la réponse des parents à la bonté de Dieu.
Obed signifie serviteur (sous-entendu, de l’Éternel), sans doute dans le sens propre et dans le sens de rendre culte. Ce sont les deux choses auxquelles un homme est tenu envers DieuDeutéronome 6. 13 ; Matthieu 4. 10. Ce nom d’Obed est bien en accord avec le caractère de tout le livre de Ruth. Comme le rachat (la rédemption), la foi est liée au serviceÉphésiens 2. 8-10 ; Tite 2. 11-14 ; 1 Pierre 2. 9, 10. A son tour, le service est lié à la louangePsaume 116. 16-19. Et la valeur du service lui-même, symbolisé par Obed, va bien au-delà de ce que nous pouvons apprécier sur le moment, car Obed est l’ancêtre non seulement du roi David mais de Jésus Christ. Glorieuse descendanceMatthieu 1. 1-17 ; Luc 3. 23-38 !
Les vœux prononcés par les femmes au sujet d’Obed ont trouvé leur réalisation dans le vrai serviteur, Jésus, le Fils de l’homme, qui est venu pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieursMarc 10. 45. En son petit-fils, Naomi ne manque plus dans sa famille de quelqu’un qui ait le droit de rachat. Seul Christ a ce droit sur nos âmesActes 4. 12. Les vœux des femmes étaient qu’Obed soit pour Naomi un « restaurateur » de l’âme et un soutien de sa vieillesse (verset 15). Jésus est à la fois ce Berger qui restaure en toute circonstancePsaume 23. 3 (il nourrit et relève), et le Fils de Dieu qui soutient toutes choses par la parole de sa puissancePsaume 55. 22 ; Ésaïe 41. 10 ; Hébreux 1. 3.
Naomi tient lieu de nourrice pour Obed. Un fils est comme né à Naomi. L’Éternel, dans sa grâce, réalise ce que Naomi (Mara) jugeait impossible sur le chemin du retour à Bethléem (1. 11, 12). Des siècles plus tard, Ésaïe, anticipant la venue de Celui qui s’assiérait sur le trône de David, peut s’exclamer : “Un enfant nous est né, un fils nous a été donné…” Ésaïe 9. 5.
Comme couronnement de la foi de Ruth, cette étrangère introduite par la grâce dans les bénédictions du peuple de Dieu, son livre se termine par un court tableau généalogique ; donné sans commentaire, il constitue une remarquable conclusion à l’histoire si touchante de Ruth.
La liste contient dix générations qui se divisent naturellement en deux groupes de cinq générations chacun. En ajoutant Juda, père de Pérets et Salomon, fils de David, la généalogie de Christ s’établit ainsi :
Juda (et Tamar), Pérets, Hetsron, Ram, Amminadab et Nakhshon.
Salmon (et Rahab), Boaz (et Ruth), Obed, Isaï, David (et Bath Shéba) et Salomon.
Or, “notre Seigneur a surgi de Juda” Hébreux 7. 14, lui, le vrai germe de vie, pour être “le lion qui est de la tribu de Juda, la racine de David” Apocalypse 5. 5. Christ est aussi “la racine et la postérité de David” Apocalypse 22. 16, comme le divin Salomon, au sujet duquel il a été dit : “Béni soit l’Éternel, Dieu, le Dieu d’Israël, qui seul fait des choses merveilleuses” Psaume 72. 18.
Ruth, la Moabite, rachetée par Boaz, et unie à lui, occupe ainsi par pure grâce une place dans cette glorieuse lignée des ascendants selon la chair de Jésus Christ, fils de Dieu.
Au terme de la lecture du livre de Ruth, examinons sous le regard du Seigneur si nous avons fait tout le parcours spirituel de cette femme remarquable.